La livre turque a plongé de 14,5% à un moment de la journée, enregistrant ce qui aurait pu être sa plus forte baisse quotidienne jamais enregistrée, avant de limiter ses pertes à environ 7%, à 38,75 TRY pour 1 USD, un niveau inédit dans l'histoire. La dette turque a également subi une lourde correction : l’obligation souveraine arrivant à échéance en 2045 a perdu 1,5 centime pour reculer à 85,13 cents par dollar, marquant sa plus forte baisse journalière en plus d’un an.

Les actions des grandes entreprises turques ont chuté de plus de 5%, pour ce qui semble être la pire séance pour l'indice BIST100 depuis la fin 2023. Borsa Istanbul a d'ailleurs dû interrompre temporairement les échanges après que les amortisseurs du marché eurent été activés, lorsque l'indice s'est effondré de plus de 6% à l'ouverture. Le marché boursier turc connaît ponctuellement des phases de forte volatilité alimentées par les ingérences du pouvoir dans les affaires économiques, ce qui en fait un investissement risqué, comme nous l'expliquons dans ce tour d'horizon de la Bourse d'Istanbul.
A contre-courant...
"C’est un véritable choc pour le système. La tendance récente semblait aller vers davantage de stabilité, tant sur le plan économique que politique. Récemment encore, le chef du PKK, Abdullah Öcalan, appelait son groupe à déposer les armes – et voilà que l'on assiste à l’arrestation de figures de l’opposition. Cela va totalement à contre-courant", estime Nick Rees, responsable de la recherche macroéconomique chez Monex Europe. "La livre turque est l’une des devises émergentes les plus utilisées dans les stratégies de carry trade en ce moment. Une volatilité brutale pourrait entraîner encore plus de sorties de capitaux", indique pour sa part Timothy Graf, le responsable de la stratégie macroéconomique pour l’EMEA chez State Street.
L’instabilité politique en Turquie inquiète donc fortement les marchés, remettant en cause le fragile regain de confiance observé ces derniers mois.