ISTANBUL (Reuters) -Le maire d'Istanbul Ekrem Imamoglu, principal rival politique du président Tayyip Erdogan, a été placé dimanche en détention provisoire par un tribunal, ont annoncé les médias, une décision susceptible d'attiser la colère des Turcs qui manifestent en masse depuis quatre jours dans le pays.
Les dirigeants européens et des dizaines de milliers de Turcs, qui ont encore manifesté dans la nuit dans les grandes villes du pays, ont dénoncé les actions menées à l'encontre d'Ekrem Imamoglu, les jugeant politisées.
Selon le tribunal, le maire d'Isbanbul qui est âgé de 54 ans et au moins 20 autres personnes ont été emprisonnés dans le cadre d'une enquête pour corruption. Une décision distincte dans une enquête liée au terrorisme n'a pas encore été rendue.
Dans un communiqué, le tribunal indique que le maire d'Istanbul a été arrêté pour "avoir créé et dirigé une organisation criminelle, accepté des pots-de-vin, détourné des fonds, enregistré illégalement des données personnelles et truqué des appels d'offres publics dans le cadre d'une enquête financière".
Ekrem Imamoglu a repoussé ces accusations, qualifiées de "calomnies inimaginables".
"Je me tiens debout, je ne m'inclinerai jamais", a-t-il écrit sur X, appelant ses partisans à ne pas perdre espoir. "Nous allons arracher tous ensemble ce coup d'État, cette tache sombre sur notre démocratie."
Le gouvernement d'Ankara dément que les enquêtes soient politiquement motivées et affirme que les tribunaux sont indépendants. Il a mis en garde contre les manifestations, alors que l'interdiction de se rassembler a été prolongée samedi pour quatre jours supplémentaires.
Les membres du Parti républicain du peuple (CHP), principale opposition à l'alliance au pouvoir d'Erdogan, se préparent à désigner Ekrem Imamoglu comme leur candidat à la prochaine élection présidentielle.
Des centaines de personnes se sont rassemblées devant les bureaux de vote en signe de soutien au maire d'Istanbul après la décision du tribunal.
Aucune élection générale n'est prévue avant 2028. Mais si Erdogan, qui dirige la Turquie depuis 22 ans, doit se présenter à nouveau, le Parlement devra approuver des élections anticipées puisque le président aura atteint la limite à cette date.
Ekrem Imamoglu est en tête devant Tayyip Erdogan dans certaines enquêtes d'opinion.
(Reportage Ece Toksabay, Ezgi Erkoyun, Mert Ozkan et Mehmet Emin Caliskan ; Version française Elizabeth Pineau)