L’adage boursier « sell in may and go away » semble trouver ses limites, à l’image des places financières qui accentuent leur progression depuis le début de l’année, enchaînant pour la plupart des records annuels, voire historiques. L’appétit pour le risque demeure ainsi important, avec les espoirs d’une forte reprise de l’économie mondiale, liée à l’accélération des campagnes de vaccination et aux déconfinements dans de nombreux pays.

La saison des résultats trimestriels, qui touche à sa fin, à elle aussi contribué à cette embellie des places financières, tandis que les bénéfices des sociétés ont largement dépassé les attentes les plus optimistes. A ce jour, les bénéfices des sociétés du S&P500 progressent de plus de 49.4% sur un an, selon Factset, soit plus du double des prévisions faites fin mars. 86% des sociétés ont battu le consensus et les bénéfices sont supérieurs de 22.1% aux estimations. Ce sont principalement les financières, les technologiques, les services de communication et les valeurs liées à la consommation discrétionnaire.
Les grands indices en profitent, à l’image du CAC40 qui engrange désormais 15% depuis le 1er janvier. Même constat pour les autres places européennes, le Dax performe de plus de 12%, l’Aex s’adjuge 13.3% et le SMI 4%. Wall Street n’est pas en reste, avec une performance annuelle de 12% pour le Dow Jones, 10.8% pour le S&P500 et seulement 3.3% pour le Nasdaq 100 (+47.6% en 2020).

C’est du côté de la macroéconomie pourrait s’assombrir alors que les dernières publications mettent en évidence une très nette accélération de l’inflation, notamment aux Etats-Unis, laissant penser que la Fed pourrait resserrer sa politique monétaire plus tôt que prévu. Les prix à la consommation ont augmenté de 4.2% en avril, la plus forte depuis 2008. Les prix à la production ont également bondi de 6.2% en avril. Ces facteurs s’expliquent notamment par la hausse des prix à l’énergie qui ont progressé de plus de 25% en un an mais aussi en raison de la forte hausse de la demande, liée à la réouverture des économies.

Malgré des perspectives économiques en nette amélioration, beaucoup d’entreprises ont aussi mentionné ce facteur « inflation » qui pourrait peser sur les bénéfices dans les mois à venir. La Fed et la plupart de ses membres se sont pour le moment attelés à minimiser cette hausse des prix, jugée passagère, évoquant que la Réserve Fédérale américaine n’envisage pas de remonter ses taux dans l’immédiat ou de réduire ses achats d’actifs, nécessaires à la reprise.
Les opérateurs devraient ainsi prêter une attention toute particulière à l’inflation dans les semaines à venir, ce qui pourrait de nouveau être source de volatilité pour les indices.

D’un point de vue graphique, le CAC40 suit une dynamique positive sur toutes les échelles de temps. Celui-ci revient tester une zone de résistance charnière située vers 6400/6410 points, niveau datant d’octobre 2020. La réaction de l’indice sur ces niveaux devrait être déterminante. Le débordement de ce seuil majeur libérerait un nouveau potentiel d’appréciation conséquent en direction des 6470 points puis 6570/6680 points. En cas d’échec, on pourra au contraire s’attendre à quelques prises de bénéfices avec les 6150 points comme tout premier objectif.
La dynamique haussière ne sera ainsi pas remise en cause tant que l’indice demeure au-dessus des 6150 points. Sous ce niveau, les 6000/5950 points seraient alors en ligne de mire, zone de cours qui pourrait permettre de revenir à l’achat avec un meilleur timing.