Comme évoqué le mois dernier, le thème de l’inflation n’a jamais été aussi présent dans l’esprit des investisseurs que ces dernières semaines. Le ton accommodant de la Réserve Fédérale tend peu à peu à s’estomper, avec le relèvement des prévisions de croissance et d’inflation, laissant craindre qu’un durcissement de la politique monétaire ne soit beaucoup plus proche que prévu. Après la forte poussée des places financières depuis le début de l’année, en raison de la réouverture progressive des économies et de l’amélioration sensible des perspectives, l’heure semble désormais à quelques prises de bénéfices et la volatilité pourrait peu à peu faire son retour sur les marchés, avec la période estivale.

Lors de sa dernière réunion, la Réserve Fédérale a, comme attendu, laissé ses taux et son programme d’achats d’actifs inchangés. Elle a toutefois relevé ses prévisions de croissance, tablant sur un PIB en hausse de 7% en 2021 aux Etats-Unis (contre 6.5% en mars), avec un retour au plein emploi (chômage à 3.5%) prévu en 2023. L’inflation, quant à elle, devrait atteindre 3.4% cette année (contre 2.4% en mars), avant de retomber vers 2.1% en 2022. Cette poussée inflationniste reste néanmoins qualifiée de transitoire même si un durcissement monétaire semble peu à peu se rapprocher. Les avis des membres de la Fed divergent, certains commençant à vouloir débattre d’un « tapering ». Les taux pourraient même être relevés dès 2023 (voire l’année prochaine), si l’on en croit les tenants d’une inflation plus durable.
Cette approche est en décalage avec celle de la Banque centrale européenne, qui prône elle aussi une inflation passagère. Elle reste très confiante sur les perspectives de croissance de l’économie en zone euro mais estime que le moment n’est pas encore venu de relever les taux ni de réduire le soutien monétaire, indispensable à cette période de reprise.

Dans les deux cas, il apparaît préférable de laisser filer l’inflation, afin de ne pas stopper l’expansion économique en cours et ainsi engendrer une chute des marchés financiers. Les prochaines données macroéconomiques devraient être particulièrement importantes, justifiant ou non une éventuelle inflexion dans le discours des banquiers centraux.

L’attention devrait également se porter sur la saison des résultats pour le second trimestre qui débutera mi-juillet. 86% des sociétés du S&P500 ont dévoilé des chiffres bien meilleurs que prévu au premier trimestre, avec des bénéfices qui progressent de 52% (+13% pour les ventes). Ces prochaines publications pourraient être dans cette même lignée. Il convient toutefois de rester prudent, les marchés américains se traitant sur des niveaux de valorisation élevés. 

D’un point de vue graphique, le CAC40 signe l’une des meilleures performances annuelles (+18%) parmi les grands indices européens. Cette surperformance s’explique en partie par la forte progression du Luxe, qui représente plus de 22% de l’indice, mais aussi celle des banques, de l'aéronautique et des pétrolières.
En données hebdomadaires, l’indice a rallié une cible majeure vers 6680 points, avant d’amorcer un mouvement de consolidation. La dynamique demeure néanmoins clairement haussière au-dessus des 6250 points, zone de convergence avec la moyenne mobile à 20 semaines. A plus court terme, les prises de bénéfices en cours apparaissent légitimes mais une rechute sous les 6480 points militerait néanmoins pour une poursuite des dégagements en direction des 6250 points.
Un retour dans cette zone de cours serait ainsi l’occasion de revenir progressivement à l’achat à moindre risque, afin de profiter de l’amélioration des perspectives économiques à moyen terme.