Après un parcours exceptionnel depuis le 1er janvier, avec l’amélioration des perspectives économiques, le soutien des banques centrales et des résultats de sociétés de très bonne facture, les places financières semblent marquer une pause à l’approche de fêtes de fin d’année. Les tensions inflationnistes incitent les opérateurs à la prudence alors que les banquiers centraux pourraient être amenés à réduire leur soutien monétaire de manière prématurée. La résurgence des craintes sanitaires constitue en outre une autre élément de nature à réduire l’appétit pour le risque des opérateurs.

Le mois de novembre touche à sa fin et correspond aussi à la fin de la période des résultats pour le troisième trimestre. Pour le moment, 82% des sociétés du S&P500 qui ont dévoilé leurs comptes ont dépassé les attentes, avec des bénéfices qui ressortent en hausse de 39%, la troisième meilleure performance depuis le second trimestre 2010. En Europe, le constat est identique. Près de 90% des entreprises ont publié leurs résultats et 72% d’entre elles ont annoncé un bénéfice supérieur aux estimations.
Le quatrième trimestre pourrait néanmoins être moins positif, Factset anticipant une hausse de 20.9% des bénéfices des sociétés du S&P500 et de 12% pour les ventes. Les marges bénéficiaires devraient en outre se réduire (+11.9% contre 12.9% au T3), en raison des difficultés d’approvisionnement qui touchent principalement les valeurs industrielles et les technologiques.

Les récents records des indices incitent donc à la prudence, d’autant qu’ils réalisent des parcours particulièrement positifs depuis le 1er janvier. Le S&P500 gagne près de 25%, le Dow Jones 16%, le Nasdaq100 27%. Pour la zone euro, c’est le CAC40 qui se démarque avec une progression de 28%, tandis que le Stoxx600 s’adjuge 22% et l’indice allemand, le Dax, seulement 17%.
Les tensions inflationnistes constituent en outre l’un des principaux prétextes de nervosité car elles pourraient engendrer des resserrements monétaires plus tôt que prévu. Aux Etats-Unis, les prix à la consommation sont ressortis en hausse de 6.2% en octobre, au plus haut depuis 1990, soutenus par la hausse des prix de l’énergie et de l’alimentation. La Fed, tout comme la BCE, ont d’ailleurs confirmé que l’inflation resterait probablement élevée pendant plus longtemps que prévu. La Réserve Fédérale américaine devrait encore se montrer patiente avant de remonter ses taux, malgré une économie américaine robuste (chômage à 4.6%, PIB en hausse de 6.7% au second trimestre). Elle a toutefois commencé à réduire ses achats d’obligations de 15 milliards de dollars par mois pour y mettre un terme vers la mi-2022 et les opérateurs anticipent désormais une première hausse de taux en juin, suivie d'une seconde en septembre.

Dans un climat qui reste globalement porteur, les indices pourraient néanmoins connaître un regain de volatilité avec la résurgence épidémique en Europe. L’Autriche vient d’annoncer un confinement généralisé, d’autres pays de nouvelles mesures drastiques de restrictions, de quoi contrarier la sérénité des marchés financiers.

Graphiquement, le CAC40 suit une dynamique positive sur les différentes échelles de temps, avec une performance de 28% depuis le début de l’année et près de 12% en ligne droite depuis début octobre. En données hebdomadaires, la dynamique reste positive au-dessus des 6900 points, zone de convergence avec la moyenne mobile à 20 semaines. Seul un retour sous ce seuil majeur constituerait une première indication baissière militant pour des dégagements de plus forte ampleur en direction des 6760 points.