Les places financières sont globalement restées sous pression ces dernières semaines, freinées dans leur élan par la situation en Ukraine, le regain d’intensité de l’épidémie de Covid-19 en Chine et la perspective d’une accélération de la normalisation des politiques monétaires de banques centrales, en raison d’une inflation toujours galopante. La saison des résultats trimestriels qui vient tout juste de débuter pourrait constituer une autre source de volatilité dans les semaines à venir, incitant les opérateurs à davantage de prudence, après une année 2021 exceptionnelle.

Concernant les résultats de sociétés, les analystes anticipent désormais une hausse de l'ordre de 4.5% des bénéfices des sociétés du S&P500 au premier trimestre (selon le consensus Factset). Et compte tenu du taux de surprise lors des précédentes publications, les bénéfices pourraient même s'inscrire en hausse de 10% au T1. Outre les chiffres, l’attention se portera tout particulièrement sur les perspectives des sociétés, compte tenu des nombreuses incertitudes qui persistent et qui pourraient impacter l’activité : pénuries et coût de la main d'œuvre, répercussion du Covid-19, problèmes liés aux chaînes d'approvisionnement, impact de la hausse des taux pour pallier aux niveaux élevés de l'inflation… 

Aux Etats-Unis, cette dernière ne semble d’ailleurs pas freiner sa progression, en raison notamment de la guerre en Ukraine et des sanctions à l’encontre de la Russie qui engendrent une envolée des matières premières. L’indice des prix à la consommation a progressé de 1.2% en mars, un chiffre inédit depuis 2005, représentant ainsi une hausse de 8.5% sur un an, au plus haut depuis 40 ans. L’indice des prix à la production a pour sa part grimpé de 1.4% le mois dernier (+11.2% sur un an), ce qui devrait contraindre la Réserve Fédérale à accélérer le relèvement de ses taux d'intérêt dès le mois de mai. Elle pourrait porter ses taux en hausse d’un demi point lors de la prochaine réunion, et amorcer de manière drastique la réduction de son bilan. Certains membres, comme James Bullard, vont encore plus loin, en évoquant la nécessité de taux à 3.5% d’ici la fin de l’année, afin d’éviter de plonger la première économie mondiale en récession.
A contre-courant, la BCE, bien qu’elle a annoncé la fin des achats nets d’actifs au troisième trimestre, ne semble pas pressée de relever ses taux, malgré une inflation qui a atteint 7.5% en mars en zone euro, après 5.8% en février. 

Bon nombre d’éléments restent très incertains et pourraient engendrer de nouveaux pics de volatilité sur les places financières. Le rebond de ces dernières semaines demeure fragile d’autant que les indices ne sont finalement pas si loin de leurs records historiques.

D’un point de vue technique, après la forte correction du mois de février liée à l’invasion de l’Ukraine, qui l’a brièvement ramené sous les 6000 points, le CAC40 a connu un vif mouvement de reprise qui s’est achevé fin mars. En données hebdomadaires, le biais demeure néanmoins baissier sous les 6730/6800 points, zone de convergence des moyennes mobiles à 20 et 50 semaines.
Sur un horizon de temps plus court, l’indice parisien est désormais en phase de consolidation, pénalisé par les incertitudes géopolitiques et celles liées au futur durcissement des politiques monétaires des banques centrales. Il faudra désormais attendre la sortie des 6400/6800 points pour renouer avec une dynamique affirmée.
La prudence reste donc de mise avec le début de la saison des résultats trimestriels.
L’indice devra impérativement préserver la zone des 6400 points sous peine d’une rechute rapide vers les 6200 points.