Paris (awp/afp) - Les Bourses mondiales restent précautionneuses mardi après plusieurs jours difficiles en raison des faillites de banques américaines et avant un indicateur d'inflation aux États-Unis crucial pour les prochaines décisions de la Banque centrale américaine.

Après deux séances de forte baisse, autour de 3% lundi, les places européennes évoluaient mardi en légère hausse. Vers 11H10 GMT, Paris avançait de 0,37%, Francfort de 0,65% et Milan de 0,23%, mais Londres cédait 0,10%.

Les marchés américains, qui ont terminé en ordre dispersé lundi, se dirigeaient vers une ouverture en hausse entre 0,3% et 0,5% selon les contrats à terme des trois principaux indices.

Seule l'Asie a subi de fortes baisses, mais qui reflètent davantage un rattrapage par rapport aux séances précédentes sur les marchés occidentaux, avec des replis de 2,19% à Tokyo et 2,27% à Hong Kong.

"Le calme semble être revenu (...), mais pour combien de temps ?" s'interroge Craig Erlam, analyste d'Oanda.

Le répit pourrait ne durer que jusqu'à la publication à 13h30 de l'indicateur de l'inflation CPI aux États-Unis.

Pour les opérateurs de marché, les conséquences de la faillite de la banque californienne SVB sont susceptibles d'entraîner un ralentissement des hausses des taux par les banques centrales, voire en sonner le glas, alors qu'un relèvement plus fort que prévu était attendu il y encore quelques jours.

Le relèvement brutal des taux depuis un an, qui se traduit par un durcissement des conditions monétaires, a participé au ralentissement de l'économie et à l'affaiblissement des banques.

Par conséquent, "les banques centrales devraient davantage tenir compte de l'incidence des hausses sur la stabilité du système financier", analyse Frederic Rollin, conseiller en stratégie d'investissement chez Pictet AM.

Mais ce nouveau paradigme espéré par les investisseurs pourrait tomber à l'eau si l'inflation s'ancre aux États-Unis et en zone euro, ou même si elle ne diminue pas aussi vite qu'attendu jusqu'ici.

Les taux fixés par les banques centrales sont leur principal outil pour peser sur l'inflation. Mardi, les économistes s'attendent à une inflation de 6% sur un an en février aux États-Unis.

Credit Suisse encore sous pression

Les établissements financiers, qui ont perdu plus de 450 milliards d'euros de capitalisation boursière en deux jours selon l'indice mondial MSCI financial, restent en retrait.

La pire baisse est pour Credit Suisse, qui lâche encore 4,47% après avoir déjà perdu lundi près de 10%, à ses plus bas historiques. L'entreprise, secouée par des scandales à répétition, apparaît fragile aux yeux des investisseurs dans ce contexte de défiance sur les banques.

Ailleurs en Europe, Crédit Agricole reculait de 1,05%, Banco BPM de 2,44%, Standard Chartered de 1,71% et HSBC de 1,23%.

Massacrées en Bourse depuis trois séances, les banques régionales américaines s'apprêtaient à stopper l'hémorragie: First Republic Bank montait de plus de 20% et Western Alliance de 18,50% dans les échanges électroniques entre séances.

Sur les autres marchés

L'espoir des investisseurs a entraîné lundi une spectaculaire détente des taux d'intérêt des emprunts des États, notamment pour la dette à rembourser rapidement. Mardi, ils remontaient légèrement vers 11H00 GMT, tout en restant fébriles. L'intérêt de l'emprunt à 10 ans américain s'établissait à 3,59%, le 2 ans, à 4,24%.

Le dollar se reprenait un peu par rapport aux autres monnaies. L'euro reculait de 0,12% à 1,0718 dollar et la livre de 0,20% à 1,2158 dollar vers 11H00 GMT.

Par ailleurs, la livre libanaise a franchi mardi le seuil record de 100'000 livres pour un dollar sur les marchés parallèles, ont rapporté des bureaux de change dans le pays.

Le bitcoin gagnait 1,87% à 24'690 dollars, après avoir bondi de plus de 12% lundi.

Après avoir connu une séance volatile lundi et touché un plus bas depuis janvier en cours de journée (78,34 dollars), le baril de pétrole Brent de la mer du Nord reculait de 2,25% à 78,95 dollars et celui de WTI américain perdait 2,64% à 72,82 dollars, vers 11h50.

afp/ck