PARIS, 2 juin (Reuters) - Des négociations sont en cours pour obtenir de Jin Jiang qu'il accepte de plafonner sa participation dans AccorHotels, alors que le groupe chinois serait prêt à la porter à 29% du capital de l'hôtelier français, ce qui inquiète le gouvernement, rapporte Le Figaro dans son édition de vendredi.

Jin Jiang, qui vient de franchir le seuil de 15% d'AccorHotels, "vise 29% du capital, soit le maximum possible sans franchir le seuil de 30% qui oblige à lancer une OPA", écrit le journal en citant un proche du dossier.

Il aurait pour cela formulé une offre de rachat des 11,08% détenus de concert par le fonds Colony Capital et la société d'investissement Eurazeo, ce qui lui permettrait d'arriver déjà à 26,1%, indique encore Le Figaro, en évoquant un prix proposé de 45 euros par action.

Ces velléités ont mis en alerte les pouvoirs publics, qui ne veulent pas voir une société publique chinoise mener "une opération de contrôle rampant" d'un fleuron français du CAC40.

"De sources concordantes, les négociations actuelles ont pour objectif de parvenir avec Jin Jiang à un accord de nature similaire" à ceux que le gouvernement français a obtenus chez PSA avec le chinois Dongfeng en 2014 et chez Vallourec en début d'année avec le japonais NSSMC", les deux groupes asiatiques ayant accepté de plafonner leur participation et leurs droits de vote pendant longtemps (10 et 15 ans).

"L'objectif, c'est de conditionner l'entrée au conseil d'administration d'AccorHotels, souhaitée par le groupe chinois, à plusieurs engagements gravés dans le marbre d'un contrat", écrit Le Figaro.

L'enjeu porte aussi sur les conditions dans lesquelles Jin Jiang aura accès aux informations stratégiques chez AccorHotels, surtout en France, car le groupe chinois est depuis 2015 propriétaire de Louvre Hôtels (Campanile, Première Classe), un de ses grands concurrents dans l'Hexagone.

Le dossier est encore compliqué par l'attitude des partenaires et actionnaires présents et futurs d'AccorHotels, le Qatar et le prince saoudien al-Walid, qui vont eux aussi entrer dans son capital, respectivement à hauteur de 10,5% et 5,8% dans le cadre de la reprise par du canadien FRH (Fairmont, Raffles).

Selon Le Figaro, "rien n'est donc fait, loin s'en faut. Mais le rythme des discussions s'est accéléré ces derniers jours, dans la perspective de la prochaine assemblée générale du groupe, prévue mi-juillet."

Une porte-parole d'AccorHotels, contactée par Reuters, a indiqué que le groupe ne faisait aucun commentaire sur ces informations. Personne n'a pu être contacté dans l'immédiat au ministère de l'Economie. (Yann Le Guernigou, édité par Véronique Tison)