Le groupe allemand a aussi pointé du doigt l'évolution des goûts des automobilistes, qui se détournent de plus en plus des berlines, la faible demande pour les pneus et ses problèmes dans la production de systèmes pour véhicules hybrides et électriques.

"Les méthodes de production nécessaires pour fabriquer des véhicules électriques hybrides et des systèmes de 48 volts ont été fortement sous-estimées", a déclaré le directeur financier du groupe, Wolfgang Schäfer.

Les analystes d'Evercore ISI pensent que les problèmes évoqués par Continental ne semblent pas concerner l'ensemble du secteur.

"L'avertissement de Conti semble en grande partie spécifique au groupe", écrit Chris McNally dans une note.

Daimler, Volkswagen et l'équipementier automobile Valeo ont cependant également abaissé ce mois-ci leurs prévisions de bénéfices, évoquant les tensions commerciales entre la Chine et les Etats-Unis ainsi que l'entrée en vigueur de nouvelles normes de test pour les émissions polluantes.

En l'absence de retour de ses clients, Continental a du mal à déterminer si la baisse de la demande est liée à l'introduction de ces nouvelles normes dites WLTP (Worldwide Harmonised Light Vehicle Test Procedure; Procédure d'essai mondiale harmonisée pour les voitures particulières et véhicules utilitaires légers), a dit Wolfgang Schäfer.

Continental table désormais sur un chiffre d'affaires d'environ 46 milliards d'euros et une marge d'exploitation (Ebit) de plus de 9% pour 2018, au lieu de, respectivement, 47 milliards et plus de 10% prévus auparavant.

RÉORGANISATION

Le groupe est lourdement sanctionné en Bourse avec une chute du titre de 14,09% à 159,20 euros à l'approche de la fin de la séance, au plus bas depuis novembre 2016. Il devrait connaître sa plus forte baisse depuis neuf ans et demi.

La nouvelle a effacé plus de 10 milliards d'euros de capitalisation boursière du secteur automobile européen, dont l'indice Stoxx perd 3,01%, de loin la plus forte baisse sectorielle en Europe.

A Francfort, Volkswagen perd 1,72% et Daimler 1,29%.

A Paris, les trois plus fortes baisses du CAC 40 sont pour Michelin (-4,08%), Valeo (-4,35%) et Peugeot (-2,02%).

Faurecia, dont Peugeot est le premier actionnaire, perd 4,05% tandis qu'à Milan, l'action Pirelli recule de 5,40%.

Continental avait pourtant confirmé ses objectifs le 2 août et annoncé s'attendre à un bon dernier trimestre 2018 tandis que le troisième trimestre devait être plombé par les nouvelles règles en matière d'émissions des véhicules.

Le groupe a précisé mercredi que son activité de base d'équipementier avait affiché des performances inférieures aux attentes, notamment en Europe et en Chine dans ses divisions automobiles, ainsi que sa division ContiTech, où les coûts ont augmenté avec la transition vers l'hybride et l'électrique.

La faiblesse de la demande sur le marché du pneu a aussi contribué à l'abaissement de la prévision de chiffre d'affaires.

La marge d'Ebit de la branche automobile du groupe est désormais attendue à environ 7% pour l'ensemble de l'année 2018, au lieu d'une marge de 8,5% anticipée auparavant.

L'industrie automobile peine à s'adapter aux nouvelles normes WLTP qui entreront en vigueur en septembre.

Ces normes ont déjà provoqué un ralentissement des ventes des constructeurs automobiles, notamment chez Volkswagen, qui a loué des entrepôts pour stocker une partie des 250.000 véhicules susceptibles de subir des retards de test.

Continental a annoncé en juillet son intention d'introduire en Bourse sa division de transmissions dès le milieu de 2019, dans le cadre d'une vaste réorganisation destinée à s'adapter aux bouleversements en cours dans le secteur automobile avec l'essor des voitures électriques et autonomes.

(Christoph Steitz ; Juliette Rouillon, Patrick Vignal, Marc Angrand et Claude Chendjou pour le service français, édité par Bertrand Boucey)

par Edward Taylor