"En retard, en retard". Comme le lapin blanc d'Alice au Pays des Merveilles, le monde entier est en retard depuis le début de la crise du coronavirus. De quoi fournir un beau sujet de discussion familial pendant la période de confinement : comment peut-on être aussi dépassé dans une société où tout est si rapide à obtenir ? Vous avez quatre semaines (au moins).

L'administration chinoise était en retard pour reconnaître la gravité du virus. Les pays d'Europe ont pris du retard pour répondre à la crise alors que le drame lombard se déroulait sous leurs yeux. En retard aussi, les Etats-Unis, qui prennent à l'instant le leadership mondial des contaminations. En retard encore, la constitution des stocks de tests et de masques. Et que dire de l'OMS, qui paraît n'avoir jamais surmonté ses atermoiements initiaux ?

Les marchés financiers, théoriquement si efficients, n'ont pas non plus pris la mesure de la menace en temps et en heure. Résultat badaboum, -30 à -40% en un temps record. Au niveau du rebond, en revanche, la Bourse semble avoir décidé de prendre de l'avance. 6% de hausse à Wall Street le jour où les Etats-Unis montent sur la première marche du podium mondial du nombre de contaminés, qui l'eut cru ? Selon toute probabilité, la courbe étasunienne va suivre celle du reste du monde. Les contaminations vont donc se multiplier… comme des lapins. Le regain d'optimisme boursier me paraît un peu trop beau pour être vrai, même si j'espère me tromper.

En ce qui concerne l'actualité chaude du matin, Emmanuel Macron se lance dans les tweets mystérieux en annonçant une "nouvelle initiative importante" de plusieurs pays contre le coronavirus dans les jours qui viennent, après un entretien téléphonique avec Donald Trump. Je l'ai écrit juste avant deux fois, les Etats-Unis affichent désormais le plus grand nombre de cas de contamination au coronavirus, comme le montre le désormais fameux décompte de l'Université Johns Hopkins :

Le bilan du coronavirus au matin du 27 mars 2020 en Europe

En Europe, l'Italie peine toujours à contenir la pandémie, avec des statistiques moins rassurantes qu'en début de semaine. Angela Merkel reste opposée aux obligations européennes que certains Etats réclament. En Asie, la Chine contrôle ses frontières pour éviter une seconde vague de contamination importée.

Le CAC40 perdait un peu plus de 2% à l'ouverture.

Les temps forts économiques du jour

Focus sur les Etats-Unis aujourd'hui, car le calendrier européen est à peu près vierge. L'inflation PCE et les revenus & dépenses des ménages (13h30) précéderont la seconde lecture de l'indice de confiance des consommateurs de l'Université du Michigan (15h00).

L'euro est remonté à 1,1064 USD. L'once d'or se stabilise à 1624 USD. Le pétrole reste sous pression avec un baril de brut léger américain WTI à 23 USD et un baril de Brent de mer du Nord à 26,56 USD. L'obligation d'État américaine affiche un rendement de 0,81% sur 10 ans. Le Bitcoin gagne un peu de terrain à 6836 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Ahold Delhaize : Bernstein passe de neutre à surperformance en visant 25,20 EUR.
  • Air France-KLM : Berenberg passe d'acheter à conserver avec un objectif de cours réduit de 12 à 7 EUR.
  • Arkema : AlphaValue reste à accumuler avec un objectif de cours ajusté de 73 à 76,50 EUR.
  • Balfour Beatty : Jefferies passe de conserver à acheter en visant 260 GBp.
  • Barclays : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 252 à 206 GBp.
  • Bureau Veritas : Deutsche Bank passe d'acheter à conserver en visant 19 EUR.
  • Dassault Aviation : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 1100 à 900 EUR.
  • Diploma : J.P. Morgan passe de neutre à surpondérer en visant 1760 GBp.
  • DSM : Baader Helvea passe d'alléger à accumuler en visant 107 EUR.
  • Elementis : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 153 à 55 GBp.
  • Elis : Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 19 à 11,50 EUR.
  • Ericsson : Handelsbanken passe de conserver à acheter en visant 90 SEK.
  • Eutelsat : HSBC passe de conserver à acheter en visant 12,50 EUR.
  • Groupe ADP : Barclays passe de pondération en ligne à souspondérer en visant 85 EUR.
  • GTT : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 119 à 100 EUR.
  • Ingenico : HSBC passe de conserver à acheter en visant 132 EUR.
  • Kier : Jefferies passe de conserver à sousperformance en visant 70 GBp.
  • Kuehne + Nagel : J.P. Morgan passe de surpondérer à neutre en visant 131,21 CHF.
  • M6 Métropole Télévision : Exane BNP Paribas passe de surperformance à neutre en visant 12 EUR.
  • Nexi : HSBC passe d'acheter à conserver en visant 13 EUR.
  • Publicis : Morgan Stanley passe de souspondérer à pondération en ligne en visant 28 EUR.
  • Safran : Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 115 à 85 EUR.
  • SGS : Deutsche Bank passe d'acheter à conserver en visant 2250 CHF.
  • Soitec : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 120 à 81,50 euros.
  • Solvay : Equita passe d'acheter à conserver en visant 70 EUR.
  • TF1 : Exane BNP Paribas passe de surperformance à neutre en visant 6,50 EUR.
  • Umicore : Equita passe d'acheter à conserver en visant 42 EUR.
  • Wizz Air : Berenberg passe de conserver à acheter avec un objectif de cours réduit de 4000 à 3200 GBp.
  • Yara : Equita passe de conserver à acheter en visant 450 NOK.

L’actualité des sociétés

On ne peut pas dire que ce soit une surprise totale : Safran renonce à ses objectifs 2020 et à son dividende 2019, compte tenu des circonstances. Faurecia, Bic, LafargeHolcim, EssilorLuxottica, PublicisVilmorin, FFP, GL Events et Prismaflex font aussi le point sur l'impact du coronavirus sur leur activité. Suez place 850 M€ d'obligations à 7 ans à 1,25%, pendant qu'Air Liquide obtient 1 Md€ à 5 et 10 ans avec des coupons de 1 et 1,375%. De son côté, Groupe ADP emprunte 2,5 Mds€ à 7 et 10 ans à 2,125% et 2,75%. Collaboration entre Sanofi et Translate Bio pour le développement d'un nouveau candidat-vaccin à ARNm contre le virus responsable de la COVID-19. Le Crédit Agricole organise son assemblée générale annuelle sans la présence physique de ses actionnaires. Casino fournit des précisions sur le Covid-19 et ses objectifs pour amender son communiqué de résultats initial. Rémy Cointreau modifie son équipe dirigeante. A contre-courant, Nexans lance un programme de rachat d'actions. Eurofins propose des kits de test Covid-19 pour les surfaces environnementales. Covivio propose son dividende en actions, une option acceptée par les grands actionnaires représentant 97% de son capital. Tour Eiffel vient en aide à ses locataires TPE et PME. Un centre de cancérologie américain va utiliser le logiciel Mercury d'Integragen dans son processus d’analyse et de reporting de données de séquençage de tumeurs chez des patients atteints de cancer. Biosynex va disposer de trois solutions de diagnostic du Covid-19, via deux accords de distribution de produits asiatiques et un test sanguin de détection rapide. Crossject, Exacompta Clairefontaine, Wallix, Rallye, Xilam, Poxel, Quantum Genomics, OSE Immuno, Ateme, Genoway ont publié leurs comptes.

Daimler discute avec ses banques pour obtenir une ligne de crédit d'au moins 10 Mds€, a appris Bloomberg. Le gendarme boursier espagnol a donné son feu vert au rachat de l'opérateur de la bourse de Madrid, BME (Bolsas y Mercados Españoles) par SIX, tout en laissant la porte ouverte à d'éventuelles contre-propositions. Les compagnies aériennes américaines (Delta Air Lines, American Airlines, United Airlines…) s'apprêteraient à récupérer des liquidités auprès des autorités américaines pour payer les salaires, même si l'administration a laissé entendre qu'elle pourrait entrer au capital des transporteurs en échange. Lululemon Athletica confrontée à un net recul de ses ventes à partir de la seconde semaine de mars. Sony ajuste également ses attentes. Singapore Airlines s'apprête à lever l'équivalent de 10,5 Mds$ pour assurer sa survie pendant la crise du coronavirus. Woodside Petroleum décale trois projets majeurs d'au moins un an à cause du contexte économique. Fiat Chrysler prolonge ses fermetures d'usines aux États-Unis jusqu'au 14 avril. Credit Suisse boucle la vente d'Investlab à Allfunds. Sika organise son assemblée générale annuelle sans la présence physique de ses actionnaires.