Paris (awp/afp) - Les marchés mondiaux continuaient de réagir lundi au discours sans concession du président de la Banque centrale américaine (Fed) Jerome Powell vendredi, avec des perspectives à court terme qui déprimaient les actions et faisaient bondir les taux.

Les places boursières souffraient: déjà en nette baisse vendredi, les Bourses européennes reculaient encore. Paris perdait 1,77%, Francfort 1,29%, et Milan 1,07% vers 10H25 GMT (12H25 HEC). La Bourse de Londres est fermée pour cause de jour férié au Royaume-Uni.

Même tendance en Asie, où la Bourse de Tokyo a chuté de 2,66%.

Après un vendredi où les trois indices principaux ont perdu entre 3% et 4%, avec la pire séance en trois mois pour le Dow Jones, les contrats à terme de Wall Street présageaient une nouvelle ouverture en baisse, entre 0,9% et 1,2%.

Sans actualité ou indicateur majeur lundi, les investisseurs continuent de prendre en compte le discours de Jerome Powell vendredi, qui n'est pas allé dans leur sens.

"L'espoir des investisseurs de voir la politique monétaire de la Fed devenir moins restrictive dès 2023 a été réduit à néant", écrit Vincent Boy, analyste d'IG France.

M. Powell a confirmé que la banque centrale américaine allait "vigoureusement user de ses outils" pour juguler l'inflation. Cela va entraîner "une longue période de croissance plus faible", mais y renoncer serait, selon lui, encore plus dommageable pour l'économie.

Les conséquences de ce discours à Jackson Hole (Wyoming), lors de la grand-messe annuelle des banquiers centraux, n'ont pas affecté que les marchés actions.

Sur le marché de la dette, le taux d'intérêt pour l'emprunt à 2 ans américain, le plus sensible à la politique à court terme de la Fed, grimpait de nouveau et était lundi au plus haut depuis 2007, à 3,45%. Il était encore nettement plus élevé que le rendement de l'emprunt à 10 ans (3,11%), signe vu comme annonciateur d'une récession.

Les actifs les plus risqués, comme le bitcoin, étaient en retrait: la cryptomonnaie perdait plus de 8% par rapport à son niveau de jeudi, et repassait sous les 20.000 dollars (19.790 dollars vers 11H20 GMT) pour la première fois depuis mi-juillet.

L'euro restait sous la parité avec le dollar mais regagnait un peu de terrain (+0,10% à 0,9975 dollar pour un euro).

SAS replonge

Le titre de la compagnie aérienne suédoise SAS reculait de plus de 13% alors qu'un analyste de DNB Markets a averti dans une note citée par l'agence Bloomberg que le placement depuis juillet sous le régime de protection de la loi américaine sur les faillites, ne devrait pas permettre de remettre les actions de l'entreprise, qui a perdu 55% depuis le début de l'année, sur de bons rails.

Vendredi, elle a publié vendredi une perte nette de 1,84 milliard de couronnes suédoises (environ 170 millions d'euros) entre mai et juillet.

Tensions sur les superprofits en France

La première ministre française Elisabeth Borne a affirmé samedi ne pas "fermer la porte" à une taxation des "super profits" des entreprises, tout en préférant que l'entreprise qui le peut "baisse les prix pour le consommateur et donne du pouvoir d'achat à ses salariés".

Les entreprises liées aux collectivités, comme Engie (-3,81%), Veolia (-2,12%) souffraient lundi, entraînant d'autres entreprises sur l'énergie, comme Vestas Wind (-1,88%), Siemens Energy (-1,95%), ou RWE (-1,88%).

Du côté du pétrole et du gaz

Les prix du pétrole progressaient un peu: le baril de WTI pour livraison octobre prenait 0,49% à 93,52 dollars, celui de Brent du mer du Nord à même échéance 0,09% à 101,08 dollars vers 11H20 GMT.

Le prix du gaz naturel européen chutait de 19%, pour revenir à 274 euros le mégawattheure sur le marché de référence, le TTF néerlandais vers 11H10 GMT. Il efface ainsi sa spectaculaire progression de la semaine passée, qui l'avait mené à 341 euros, soit tout proche de son record historique en séance.

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