Paris (awp/afp) - Les Bourses mondiales fléchissaient lundi matin, craignant de fortes hausses des taux d'intérêt aux Etats-Unis et une récession, tandis que le marché obligataire était secoué.

Après une ouverture dans le rouge, l'Europe s'enfonçait encore plus. Vers 08H45 GMT, Paris perdait 2,26%, Francfort 2,02%, Milan 2,15% et l'indice européen de référence Eurostoxx 50 2,31%.

Londres reculait de 1,75% après l'annonce d'une baisse de 0,3% du Produit intérieur brut (PIB) britannique en avril, après -0,1% en mars.

L'Asie ne se portait pas mieux. Tokyo a cédé 3,01%, et le yen a atteint un plus bas niveau par rapport au dollar depuis 1998.

Shanghai a perdu 0,89% et Hong Kong a chuté de 3,39% dans les derniers échanges.

De nouvelles mesures de confinement à Shanghai et Pékin réimposées par les autorités chinoises, peu après les avoir levées, créent en outre de nouvelles craintes concernant la deuxième économie mondiale.

L'inflation aux Etats-Unis a continué d'accélérer en mai et a atteint un nouveau record, faisant craindre aux investisseurs de lourdes conséquences pour l'économie, notamment une récession, à en croire l'activité sur le marché obligataire.

"Les données (des prix à la consommation) ont anéanti l'espoir d'un pic de l'inflation et ont réanimé les attentes des pro-resserrement monétaire qui estiment que la Réserve fédérale (Fed) devrait se montrer plus agressive si elle veut maîtriser l'inflation", résume Ipek Ozkardeskaya, analyste chez Swissquote.

La banque centrale américaine tiendra sa réunion de politique monétaire mardi et mercredi. Une hausse de ses taux directeurs d'un demi-point de pourcentage, ou 50 points de base, semble acquise mais désormais les marchés s'inquiètent d'un relèvement plus fort de 75 points de base.

Avant les données sur l'inflation, l'activité des marchés "évaluait à environ 5% la probabilité d'une hausse de 75 points de base", contre "23% de probabilité" actuellement, note Ipek Ozkardeskaya. Et concernant la réunion de la Fed de juillet, "la probabilité d'une hausse de 75 points de base est désormais supérieure à 50%, et le marché accorde même une probabilité de 14% pour une hausse de 100 points de base", explique-t-elle.

L'hypothèse d'une hausse des taux si agressive provoque des craintes de récession l'année prochaine pour l'économie américaine.

Ainsi le taux d'intérêt de la dette américaine à 5 ans dépasse celui des échéances à 10 et 30 ans, et le rendement à 2 ans est au même niveau que les taux à long terme. Ce qui est "généralement un indicateur clé de l'imminence d'une récession", selon Michael Hewson, analyste de CMC Markets.

Autre signe de l'aversion au risque des investisseurs, le bitcoin chutait de plus de 10% à 24'580 dollars, à son plus bas depuis fin 2020. Et le dollar, valeur refuge, était recherché.

Yen et roupie au plus bas

Les craintes d'un resserrement monétaire plus agressif de la Fed pesaient sur les devises autres que le dollar.

Peu après 04H00 GMT, le dollar est monté jusqu'à 135,19 yens, un record par rapport à la devise japonaise depuis octobre 1998. A 08H50 GMT le yen s'échangeait 134,47 yens pour un dollar, en baisse de 0,17%.

La roupie indienne a plongé lundi à un plus bas historique, s'échangeant à 78,07 roupies pour un dollar.

L'euro perdait 0,40% à 1,0477 dollar.

La tech en chute libre

L'envolée des taux d'intérêt pénalisait les valeurs de la "tech" qui ont besoin d'émettre de la dette pour financer leur croissance.

A Francfort, Delivery Hero lâchait 6,71%, Zalando 4,75% et Infineon 5,24%. A Paris, Worldline baissait de 3,61%, STMicroelectronics de 3,72%. A Londres, Deliveroo chutait de 13,40%.

Les géants de la tech chinoise n'ont par été épargnés: -7,20% pour Baidu, -7,98% pour Alibaba, -4,89% pour Tencent à Hong Kong.

Le pétrole en baisse

La possibilité de nouveaux confinements dans les plus grandes villes chinoises tirait les prix du pétrole vers le bas.

Vers 08H30 GMT, le prix du baril de Brent de la mer du Nord cédait 1,90% à 119,69 dollars et celui du baril de WTI américain perdait 2,08% à 118,16 dollars.

afp/buc