Paris (awp/afp) - Les marchés mondiaux évoluent en ordre dispersé vendredi, les investisseurs retenant leur souffle avant la publication dans l'après-midi d'indicateurs très attendus sur l'emploi américain susceptibles d'infléchir la politique des banques centrales en matière de taux.
En Asie, Tokyo a clôturé en baisse: l'indice vedette Nikkei a perdu 1,68% vendredi et 3,4% sur la semaine, lesté par une brusque remontée du yen face au dollar pénalisant les titres d'entreprises japonaises exportatrices.
La monnaie japonaise a rebondi jeudi à son plus haut niveau depuis début août face au dollar en raison de spéculations sur un resserrement plus tôt que prévu de la politique monétaire de la Banque du Japon (BoJ), dont la prochaine décision est attendue le 19 décembre.
Ailleurs en Asie, les investisseurs se sont montrés prudents: Hong Kong a fini en très légère baisse de 0,07% et Shanghai en légère hausse de 0,11%.
En Europe, les Bourses s'affichaient en petite hausse, les investisseurs attendant la publication dans l'après-midi d'importantes données macroéconomiques: vers 10h, Paris prenait 0,67%, Londres 0,41%, Francfort 0,27% et Milan 0,14%. A 10h31, le SMI gagnait 0,27%.
"Aujourd'hui, tous les regards sont tournés vers les données sur l'emploi aux États-Unis", affirme Ipek Ozkardeskaya, analyste chez Swissquote.
L'emploi américain en novembre ainsi que la confiance du consommateur selon l'Université du Michigan constitueront "des chiffres cruciaux pour que le consensus" et la banque centrale américaine (Fed) puissent "y voir plus clair dans son calendrier de baisse de taux pour 2024", explique John Plassard, spécialiste en investissement chez Mirabaud.
Les investisseurs espèrent que le marché de l'emploi donnera des signes de ralentissement, laissant penser que la politique de hausse des taux des banques centrales pour contrer l'inflation fonctionne.
De premières données sur l'emploi publiées en début de semaine allaient dans ce sens et incitent à penser que celles "d'aujourd'hui suivront également la tendance au relâchement", explique Mme Ozkardeskaya.
Si un ralentissement de l'économie était confirmé, "la banque centrale devrait se montrer plus accommodante" face aux "craintes de déflation", explique Stephen Innes, ce qui accréditerait le scénario préféré des investisseurs, celui d'une première baisse de taux dès début 2024 des deux côtés de l'Atlantique.
Par ailleurs, l'inflation en Allemagne a bien ralenti à 3,2% sur un an en novembre, son plus bas niveau depuis juin 2021, confirmant la probabilité d'une baisse des taux l'an prochain par la BCE, selon des chiffres définitifs publiés vendredi par l'institut de statistiques Destatis.
L'automobile cale
Les titres des constructeurs automobiles japonais, champions des exportations du pays, ont été particulièrement affectés par l'appréciation du yen: Toyota a lâché 4,07%, Nissan 1,83% et Honda 2,57%.
Ils entrainaient dans leur sillage certaines entreprises européennes: à Paris, Renault perdait 1,12% et Stellantis 0,74% vers 09H38, quand Aston Martin perdait 0,97% à Londres.
Rohm enivre les investisseurs
En Asie, le titre Rohm a décollé de 6,25%. Le fabricant de composants électroniques nippons et le conglomérat Toshiba ont annoncé vendredi un partenariat pour accroître leurs capacités de production de semi-conducteurs, prévoyant des investissements de 2,5 milliards d'euros avec des aides du gouvernement nippon.
Anglo American en perd son latin
Le groupe minier britannique Anglo American perdait près de 6% vendredi matin à la Bourse de Londres après avoir annoncé des réductions de coûts pour faire face à "la volatilité macroéconomique toujours élevée", notamment en réduisant ou en ajustant sa production sur certains sites.
Le pétrole remonte
Après une violente chute des cours du pétrole mercredi, les menant à leur plus bas niveau en cinq mois, suivi d'une stabilisation le lendemain, le marché pétrolier est reparti à la hausse vendredi.
Vers 08H45 GMT, le cours du baril de pétrole américain West Texas Intermediate (WTI), pour livraison en janvier, prenait 2,29% à 70,94 euros, repassant au-dessus de la barre symbolique des 70 euros.
Celui du baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en février, gagnait 2,34% à 75,78 euros.
"Les prix ont augmenté vendredi à la suite des appels à l'intervention de la Russie et de l'Arabie saoudite pour que les membres de l'Opep+ adhèrent aux réductions de production convenues", explique Stephen Innes.
Vers 10h, le yen progressait de 0,3% face à l'euro, à 115,17 yens pour un euro, et de 0,2% face au dollar, à 143,82 yens pour un dollar.
Le dollar perdait 0,05% face à l'euro, à 1,08 dollar pour un euro.
Le bitcoin s'affichait en recul de 0,35%, à 43.238 dollars.
afp/fr