New York (awp/afp) - Les marchés mondiaux ont rétrogradé mardi après leur rebond de la semaine dernière, à nouveau fragilisés par les craintes liées à l'inflation et aux anticipations de durcissement monétaire des banques centrales.

Les indices européens ont fini en net repli à Paris (-1,43%), Francfort (-1,29%) et Milan (-1,22%). Londres (+0,10%) a été soutenu par les matières premières.

A Wall Street, l'indice Dow Jones a lâché 0,67%. Le Nasdaq a perdu 0,41% et le S&P 500 0,63% au sortir du long week-end férié du Memorial Day.

"L'inflation persistante qui a poussé la Fed à adopter récemment une politique monétaire sévère suscite des inquiétudes quant à un ralentissement de l'activité économique et à la possibilité de tomber en récession", ont résumé les analystes de Schwab.

Remises du choc de la pandémie grâce au soutien des banques centrales et des gouvernements, les Bourses se démènent face à une inflation qui gagne du terrain depuis l'invasion russe en Ukraine et devant une reprise mondiale qui ralentit.

Le taux d'inflation dans la zone euro a battu un nouveau record en mai, à 8,1% sur un an, une situation qui devrait renforcer la pression sur la Banque centrale européenne (BCE) pour qu'elle durcisse la politique monétaire de la zone euro en relevant ses taux directeurs.

"À ces rythmes-là, l'inflation est source de préoccupations croissantes sur les perspectives" économiques, commentent les économistes du cabinet Riches Flores Research.

Jusqu'à maintenant, la BCE semble vouloir avancer à pas feutrés pour faire ralentir l'inflation, tandis que son homologue américaine (Fed) a estimé la semaine dernière que des hausses de taux d'un demi-point de pourcentage, plus fortes que les habituels relèvements d'un quart de point, seraient "sans doute appropriées" dans les mois à venir.

La hausse des prix à la consommation a atteint chaque mois des niveaux record depuis novembre en zone euro. Aux États-Unis, un premier plateau en mai a été constaté, selon l'indicateur PCE publié vendredi dernier.

Quant à la confiance des consommateurs, elle s'est légèrement dégradée en mai aux États-Unis, mais moins fortement que prévu, selon l'indice du Conference Board publié mardi.

Cette donnée suggère "que l'inflation, en particulier dans des catégories comme l'alimentation et l'énergie, pèse sur la confiance des ménages et affecte les budgets des consommateurs", souligne Eric Lafrenière, gérant actions américaines de Richelieu Gestion.

Le président Joe Biden a assuré que l'inflation est sa priorité économique, lorsqu'il a rencontré mardi à la Maison Blanche, sur ce sujet, la secrétaire au Trésor Janet Yellen et le président de la Fed Jerome Powell.

Sensible à l'inflation, le marché de la dette souveraine se tendait fortement: le taux américain à 10 ans grimpait de 10 points de base à 2,85% vers 20H30 GMT.

Signe des tensions au niveau des entreprises, la chaîne de distribution britannique B&M a plongé de 15% à 389,70 pence, après avoir averti qu'elle s'attendait à une baisse de ses résultats cette année en raison de la hausse des prix.

Du côté du pétrole

Avant de se tasser sur des prises de profit en fin de séance, les prix du pétrole sont montés mardi jusqu'à des niveaux plus vus depuis les sommets atteints début mars.

Les cours ont été galvanisés par l'annonce par l'Union européenne d'un embargo progressif sur les importations de pétrole russe dans le cadre des sanctions prises à l'encontre de Moscou, après des semaines de négociations.

Le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet, dont c'était le dernier jour de cotation, a gagné 0,96%, pour clôturer à 122,84 dollars.

Quant au baril de West Texas Intermediate (WTI) américain, également pour juillet, il s'est replié de 0,34%, à 114,67 dollars.

Unilever et DSM bondissent

Le géant de l'agroalimentaire et de l'hygiène Unilever s'est envolé de 9,43% après la nomination du milliardaire américain Nelson Peltz à son conseil d'administration et la confirmation de l'entrée au capital de son fonds activiste Trian.

Le suisse Firmenich veut fusionner avec le néerlandais DSM (+8%) pour créer un nouveau géant des parfums et arômes, des produits nutritionnels et de santé, ont annoncé mardi les deux groupes.

Du côté des devises

L'euro reculait de 0,47% à 1,0730 dollar un peu avant 21H00 GMT.

Le bitcoin montait de 1,46% à 31.711 dollars.

afp/al