Paris (awp/afp) - Les investisseurs restaient sous pression lundi, avec des baisses notables sur les marchés actions, malgré les mesures des autorités américaines pour restaurer la confiance dans le secteur bancaire américain.

Les places européennes ont ouvert proches de l'équilibre mais cédaient du terrain dans les premiers échanges: Paris reculait de 1,15%, Francfort de 0,98%, Londres de 0,97% vers 08H35 GMT (09H35 HEC).

En Asie, la Bourse de Tokyo a perdu 1,11%, mais Shanghai a gagné 1,20% et Hong Kong 1,95%.

Les autorités américaines ont pris plusieurs mesures durant le week-end pour tenter d'éviter la perte de confiance dans le système bancaire américain et des retraits massifs des dépôts pouvant fragiliser encore plus ces établissements.

Elles montrent "la volonté vitale d'éviter tout risque systémique, c'est-à-dire tout accident qui viendrait paralyser le système financier" pour Sebastian Paris Horvitz, directeur de la recherche de la Banque Postale AM.

Toutefois, "il est probable que ceci laisse encore quelques séquelles" et "des questions sur la régulation de certaines entités bancaires vont refaire surface", prévient M. Paris Horvitz.

Parmi les mesures annoncées dimanche, les autorités vont notamment garantir le retrait de l'intégralité des dépôts de la banque en faillite Silicon Valley Bank (SVB). La Réserve fédérale américaine (Fed) s'est également engagée à prêter les fonds nécessaires à d'autres banques qui en auraient besoin pour honorer les demandes de retraits de leurs clients.

Ces actions sont "audacieuses" selon Susannah Streeter, analyste de Hargreaves Lansdown.

A Wall Street, les échanges électroniques étaient en hausse pour les trois principaux indices après deux baisses plus marquées qu'en Europe jeudi et vendredi.

La crise dans le secteur bancaire "change la donne sur les attentes de la Fed", souligne par ailleurs Ipek Ozkardeskaya, de Swissquote Bank.

Les hausses brutales des taux d'intérêt depuis un an afin de lutter contre l'inflation ont participé à fragiliser les banques et à ralentir l'activité économique et ces évènements pourraient convaincre les banquiers centraux américains de ralentir la cadence lors de leur prochaine réunion les 21 et 22 mars.

Alors que les investisseurs envisageaient en majorité un retour à une forte hausse des taux directeurs, de 0,5 point de pourcentage, cette option leur semble désormais écartée.

"Goldman Sachs ne parie d'ailleurs plus sur une hausse de taux" relève même John Plassard, spécialiste de l'investissement chez Mirabaud.

Signe de ce répit, le dollar, valeur refuge pour les investisseurs, reculait face aux autres monnaies: l'euro reprenait 0,76% à 1,0724 dollar et la livre 0,69% à 1,2113 dollars vers 08H15 GMT.

Les taux souverains baissaient aussi nettement sur le marché obligataire.

Le bitcoin rebondissait de 4,65% à 22.490 dollars, effaçant ses pertes ayant suivi l'annonce des difficultés de SVB.

Les banques encore sous pression

Au supplice vendredi, les banques européennes baissaient mais de manière moindre lundi, avec un recul de 1,80% pour Société Générale, 4,01% pour Crédit Suisse, 3,68% pour Commerzbank, 2,64% pour ING, 2,09% pour Unicredit ou encore 1,54% pour Barclays.

HSBC perdait 1,52%. Elle rachète la branche britannique de Silicon Valley Bank pour une livre, ce qui permet aux clients "accéder à leurs dépôts et leurs services bancaires normalement" selon un communiqué du Trésor britannique.

En Asie, Mitsubishi UFJ Financial Group a perdu 3,47%, Sumitomo Mitsui Financial Group 4,15%

Entrée plein gaz pour Adnoc

L'action de la compagnie gazière Adnoc Gas baissait de 1,05%, après avoir bondi de 25% lors des premiers échanges pour son entrée en Bourse à Abou Dhabi. L'opération lui a permis de lever plus de 2,3 milliards d'euros pour la mise en circulation de seulement 5% de son capital.

Par ailleurs, le géant pétrolier saoudien Aramco (+0,46%) a annoncé dimanche des bénéfices records en 2022, à hauteur de 161,1 milliards de dollars, grâce à l'envolée des cours du brut.

Les cours du pétrole augmentaient légèrement: le baril de Brent valait 82,97 dollars (+0,27%) et le WTI américain 76,89 dollars (+0,28%) vers 08H10 GMT.

afp/jh