Paris (awp/afp) - La réunion de la Banque centrale européenne prévue jeudi et les dernières prévisions économiques réévaluées à la baisse poussaient les investisseurs à la prudence mercredi.

Les Bourses européennes ont terminé le moral dans les chaussettes: Paris a cédé 0,80%, Francfort 0,76%, Milan 0,53% et Londres a mieux résisté (-0,08%) grâce à la hausse des valeurs pétrolières.

Après une ouverture dans le rouge, la Bourse de New York n'affichait pas de tendance claire vers 16H20 GMT: le Dow Jones perdait 0,21%, le S&P 500 0,32% et le Nasdaq était stable.

Les éléments pointant vers une stagflation de l'économie s'accumulent.

Après la Banque mondiale qui a évoqué mardi une croissance à 2,9% pour cette année, l'OCDE prévoit à son tour un net recul de la croissance mondiale et une flambée de l'inflation cette année.

A trois jours de la publication vendredi des chiffres de l'inflation en mai aux États-Unis, la secrétaire au Trésor a averti mercredi que la hausse des prix devrait "rester élevée", sans préciser d'échéance.

L'indice des prix à la consommation devrait de nouveau s'accélérer sur un mois, selon un consensus d'analystes.

"Le fait que Janet Yellen explique qu'elle s'était trompée et que l'inflation n'était peut-être pas si transitoire" comme l'avait répété le président de la Réserve fédérale Jerome Powell, "ravive les spéculations des investisseurs pour une approche plus agressive de la Fed [concernant] ses hausses de taux", explique Guillaume Chaloin, directeur gestion actions chez Meeschaert Amilton AM.

A ces chiffres de mauvaise facture s'ajoute le resserrement des politiques monétaires des banques centrales.

Jeudi, la présidente de la Banque centrale européenne Christine Lagarde s'exprimera à l'issue de la réunion de politique monétaire de l'institution.

François Rimeu, stratégiste de La Française AM, anticipe que "Mme Lagarde [annoncera] à l'avance la sortie des taux négatifs d'ici septembre" et "la fin du programme d'achat d'actifs (APP) lors de la réunion du Conseil des gouverneurs de juin".

Pour endiguer la flambée des prix, les banques centrales ont commencé à réduire leur soutien à l'économie en remontant leurs taux directeurs, ou prévoit de le faire.

Toutefois, "aucune hausse des taux d'intérêt au monde n'éliminera les pénuries d'approvisionnement, ne fera apparaître plus de pétrole ou ne changera la manière dont le coronavirus [responsable du Covid-19] est géré en Chine ", estime Jochen Stanzl pour CMC Market.

Signe d'un nouvel épisode de tension sur le marché de la dette souveraine, le taux américain à 10 ans repassait au-dessus du seuil symbolique des 3% et les rendements obligataires grimpaient pour tous les pays européens également.

Inditex grimpe après un bénéficie en forte hausse

Le géant espagnol du vêtement Inditex, propriétaire de la marque Zara, a engrangé un bénéfice net en hausse de 80% au premier trimestre, malgré la fermeture de ses boutiques en Russie décidée en raison de la guerre en Ukraine. L'action a grimpé de 6,35% à Madrid, après ce signal positif pour l'état de la consommation en Europe.

Melrose et Aveva convainquent

A Londres, l'action du groupe industriel Melrose a gagné 10,98% lors d'une journée d'investisseurs qui a convaincu le marché sur ses perspectives.

Le fabricant de logiciels Aveva a de son côté pris 10,67%, après des perspectives optimistes et de bons résultats.

Le pétole cher, le yen chute encore

Les prix du pétrole montaient nettement après la publication d'un hausse inattendue des stocks de pétrole brut aux Etats-Unis, un mouvement en trompe-l'oeil, relativisé par la forte contraction des réserves stratégiques.

Vers 16H15 GMT, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en août prenait 2,38% à 123,43 dollars.

Le baril de West Texas Intermediate (WTI) américain pour livraison en juillet augmentait de 2,03% à 121,83 dollars.

Le yen a poursuivi sa chute libre face au dollar (-1,09% à 135,04 yens pour un dollar) et aux autres grandes devises, le gouverneur de la Banque du Japon ayant à nouveau défendu sa politique monétaire ultra-souple en jugeant souhaitable une "faiblesse stable" de la devise nationale.

La monnaie européenne prenait 0,33% par rapport au billet vert, à 1,0738 dollar.

Le bitcoin reculait de 2,63% à 30'505 dollars.

afp/buc