Paris (awp/afp) - Le rebond de début de séance n'aura pas résisté à la lame de fond provoquée par le record des nouvelles inscriptions au chômage outre-Atlantique, précipitant les marchés européens dans le rouge et faisant hésiter Wall Street.

Encouragés par la clôture positive des bourses chinoises, les indices européens avaient pourtant tenté un timide rebond jeudi matin, aidés par la nette reprise des cours du pétrole.

Une accalmie balayée par les 6,6 millions de nouvelles demandes hebdomadaires d'allocations chômage enregistrées aux Etats-Unis la semaine passée, du jamais vu.

Cela représente en effet le double de la semaine précédente, qui avait enregistré 3,3 millions de nouveaux demandeurs d'allocations chômage, et constituait déjà un record historique.

Face à ces chiffres, la morosité gagnait Paris (-0,74%) et Francfort (-1,43%) tandis que Londres se repliait de 0,21% et Madrid de 1,71%. Milan abandonnait pour sa part 0,29%. A Zurich, le SMI était quasi à l'équilibre (+0,03%)

Peu après une ouverture en baisse, Wall Street paraissait plus indécise: le Dow Jones cédait 0,19%, le S&P 500 se repliait de 0,11% et le Nasdaq s'effritait de 0,07%.

Cette semaine, "le marché fait les comptes en équilibrant d'un côté les plans de relance considérables qu'il a encaissés la semaine dernière et puis un certain nombre de risques qui restent sur le marché et auxquels il faut donner un prix", souligne auprès de l'AFP Wilfrid Galand, directeur stratégiste de Montpensier Finance.

Un domaine en particulier "qui a beaucoup agité les marchés cette semaine et continue de les agiter, c'est le pétrole", ajoute-t-il.

Nous avons "à la fois une baisse extrêmement forte de la demande, très brutale, et en même temps une guerre du point de vue de l'offre entre l'Arabie saoudite et la Russie, qui a déclenché un krach pétrolier absolument considérable puisque le pétrole américain a atteint des plus bas depuis 17 ans", rappelle M. Galand.

Les cours du brut ont toutefois nettement rebondi jeudi, prenant plus de 9% à New York et près de 8% à Londres vers 15h35 (13H35 GMT), les investisseurs misant sur une intervention de Washington pour tenter d'apaiser la guerre des prix entre Ryad et Moscou.

"Nous avons aussi la confirmation que la Chine reconstitue ses stocks stratégiques" de pétrole et pourrions être en train de "trouver un plancher car il faudrait quand même que nous revenions assez rapidement au-delà des 35/40 dollars le baril pour stabiliser un peu toute l'industrie", juge M. Galand.

L'inconnue américaine

Les taux souverains se stabilisaient toujours jeudi, le marché de la dette ayant été l'un des premiers bénéficiaires des plans de soutien des banques centrales.

Mais sur l'ensemble de la semaine, "la dette américaine est très recherchée, les taux américains ayant baissé de 10 points de base" tandis qu'à l'inverse, nous avons "eu une petite tension sur la dette française, repassée en territoire positif, et même sur la dette allemande", remarque M. Galand.

Sur le marché des changes, l'euro creusait ses pertes face au dollar, lâchant 0,84% dans le sillage des chiffres sur les inscriptions hebdomadaires au chômage.

Si le pic de l'épidémie pourrait bientôt être atteint en Europe, la propagation du coronavirus aux Etats-Unis, appelés à devenir le nouvel épicentre de la pandémie avec déjà plus de 200.000 cas et 5.000 décès, focalise ces derniers jours l'attention des investisseurs.

"Sur la partie épidémique, coeur de la crise, ce qui pose effectivement question, c'est d'abord les Etats-Unis" qui "seulement à partir de maintenant ont véritablement une espèce d'homogénéité d'approche pour contrôler l'épidémie", l'Etat de Floride venant de se résoudre au confinement, avance M. Galand.

"Nous allons traverser deux semaines très très douloureuses", a déclaré Donald Trump lors d'une conférence de presse, sur un ton grave alors que selon les projections de la Maison Blanche, le Covid-19 devrait faire entre 100.000 et 240.000 morts aux Etats-Unis.

Et "puis la deuxième inconnue, c'est de savoir si on va avoir de mauvaises surprises en Chine avec la province de Henan (centre-est de la Chine) qui est depuis hier sous confinement", relève M. Galand.

afp/rp