La saison des résultats trimestriels vient tout juste de débuter mais l’attention des opérateurs restent pour le moment focalisée sur les tensions commerciales et les droits de douane. La saga Trump continue et les grands indices ont fait preuve d’une extrême volatilité de plus le mois de mars, avec un brusque décrochage en raison de l’entrée en vigueur des droits de douane réciproques, suivi d’un violent rebond suite à la suspension pour 3 mois de ces mêmes droits, les ramenant à l’instant à 20%.
Le président américain continue donc d’animer les marchés, entretenant la nervosité des intervenants.
Le 9 avril dernier, Donald Trump a annoncé l’entrée en vigueur de droits de douane massifs, à l’encontre de tous les pays. Le minimum syndical est de 10% mais certains pays dépassent très largement ces sanctions punitives. La Chine écope au début de 54% de droits de douane, le Vietnam 46% et l'Union européenne s'en tire presque bien, avec " seulement " 20%. 49 % sur le Cambodge, 32% sur l’Indonésie, 37 % sur le Bangladesh, aucun pays ne semble épargné.
Quelques heures plus tard, premier volte-face, il est déjà temps d’annoncer la suspension provisoire pendant 90 jours de ces tarifs, histoire de laisser la porte ouverte à la négociation.
Seule la chine qui avait riposté, écope d’une surtaxe totale de 145% et cette dernière a relevé les siennes à l’encontre des Etats-Unis à 125%.
Depuis, la situation a très nettement évolué et des exceptions sont rapidement mises en place, les grands groupes américains ayant tapé le point sur la table. Suspension des taxes sur l’électronique, compromis « à venir » sur le secteur automobile… Pour autant, la volatilité demeure particulièrement forte sur les places financières et d’autres annonces pourraient encore accroître l’anxiété ambiante.
Parallèlement, la saison des résultats trimestriels vient tout juste de débuter, même si ces données semblent pour le moment reléguées au second plan. Selon le consensus Factset, les sociétés du S&P500 pourraient dévoiler des bénéfices en hausse de plus de 10% au premier trimestre. Les analystes ont néanmoins revu à la baisse leurs prévisions pour les prochains trimestres et les perspectives des sociétés devraient donc être suivies de près, dans un contexte de craintes grandissantes au sujet de l’économie mondiale, de récession possible aux Etats-Unis et d’une remontée de l’inflation, avec la politique commerciale de Donald Trump.
Après un trou d’air, les places financières tentent actuellement de reprendre un peu de hauteur mais la prudence s’impose, de nouveaux soubresauts pourraient rapidement intervenir.
D’un point de vue graphique, le CAC40 a perdu plus de 18% entre son point haut du 3 mars et le 7 avril dernier.
Sur un mois, peu de ses composantes sont épargnées. Engie gagne 8.2%, Orange 5%, Bouygues 4.5%, Danone 2.9%. Les baisses sont en revanche beaucoup plus significatives. Stellantis décroche de 28.5%, Kering cède 27.9%, ArcelorMittal 20.3%, STM 20.2%, LVMH 20.1%, Airbus 17.7% et Safran 15.3…
En données hebdomadaires, la dynamique n’est pour le moment pas dégradée, l’indice évoluant au sein du range 6795/8219 points qui perdure depuis fin 2023.
Sur un horizon de temps plus court, la tendance reste baissière sous les 7490 points, zone de convergence avec la moyenne mobile à 20 jours. L’indice est en phase de reprise technique depuis son test des 6795 points mais ce dernier devra déborder les 7490 points pour poursuivre sur sa lancée en direction des 7600/7790 points.
Dans l’attente des prochaines publications de sociétés et des annonces sur le front du commerce, les oscillations horizontales devraient perdurer au sein du range précédemment exposé.
CAC 40 : Nervosité extrême avec les tarifs douaniers américains
Par Laurent Polsinelli

