Paris (awp/afp) - La Bourse de Paris a fortement reculé de 1,61% vendredi, plombée comme le reste des marchés mondiaux par les craintes que l'économie américaine ralentisse fortement face aux taux d'intérêt élevés.

L'indice vedette CAC 40 a chuté de 118,65 points à 7.251,80 points, tombant à un plus bas depuis fin novembre. Jeudi, le CAC 40 a chuté de 2,14%, sa pire séance depuis la semaine de l'annonce de la dissolution de l'Assemblée nationale.

Sur la semaine, l'indice a perdu 3,54%, sa pire performance depuis la semaine suivant la dissolution de l'Assemblée nationale en juin.

"Depuis deux jours, ce qui inquiète c'est la vigueur de l'économie américaine", commente Sacha Hédelin, gérante de portefeuilles chez Amplegest. "Il y a plusieurs indicateurs qui font craindre un changement de scénario pour passer d'un atterrissage en douceur de l'économie à un atterrissage plus brutal", ajoute-t-elle.

La séance de jeudi a vu la résurgence des craintes de récession aux Etats-Unis après la publication d'une forte dégradation de l'activité manufacturière aux Etats-Unis et les inquiétudes exprimées par la Réserve fédérale (Fed) américaine concernant le marché de l'emploi américain.

Vendredi, les données publiées sur le marché de l'emploi ont renforcé ces craintes: le taux de chômage a augmenté plus que prévu à 4,3% en juillet contre 4,1%, et seulement 114.000 emplois ont été créés, contre 179.000 le mois d'avant (un chiffre révisé en forte baisse) et 185.000 prévus.

"Nous assistons à une dégradation plus rapide que prévu de l'emploi aux États-Unis", commente John Plassard, spécialiste en investissement pour Mirabaud.

Ce constat et ces craintes de récessions ont fait chuter les taux obligataires, le dollar et les prix du pétrole.

Le taux d'intérêt des emprunts des Etats-Unis à dix ans s'établissait à 3,84% au plus bas depuis plus d'un an, contre 3,98% la veille.

Et celui de l'Etat français à même échéance est passé de 2,99% jeudi à 2,96%, au plus bas depuis mi-mai, soit avant la dissolution de l'Assemblée nationale.

Les banques trinquent

Les banques font partie des secteurs qui ont le plus souffert du risque de récession.

Crédit Agricole a chuté de 5,62% à 13,19 euros, Société Générale de 5,93% à 20,54 euros et BNP Paribas de 2,93% à 59,66 euros.

En plus du risque de ralentissement économique aux Etats-Unis, "les banques souffrent de la reprise économique espérée en Europe mais qui n'est toujours pas là".

En revanche, l'assureur Axa s'est démarqué et a progressé de 1,41% à 32,26 euros au lendemain de la publication d'une hausse de 5%, à 4 milliards d'euros, de son bénéfice net au premier semestre et de l'annonce de l'entrée en "négociations exclusives" en vue de céder sa branche de gestion d'actifs Axa IM à BNP Paribas.

La tech abandonnée

Le secteur technologique a souffert des résultats d'Amazon et Intel et des interrogations des investisseurs sur les bénéfices potentiels de l'intelligence artificielle.

STMicroelectonics a perdu 5,63% à 27,92 euros, Capgemini 0,99% à 179,35 euros, et Dassault Systemes 3,25% à 33,65 euros.

Engie sort de la mêlée

Le géant énergéticien français Engie a relevé ses prévisions 2024, après avoir renoué avec les bénéfices au premier semestre, avec 1,9 milliard d'euros de résultat net, grâce au retour à la normale des conditions de marché et à la progression des activités renouvelables.

Ces résultats lui ont permis d'enregistrer la plus forte hausse du CAC 40 vendredi: +2,79% à 14,92 euros.

Engie fait aussi partie des actions qui ont été recherchées vendredi en tant que valeur dite "défensive" car ses bénéfices dépendent peu de la conjoncture économique, puisque ses clients payent des abonnements.

Danone (+2,88% à 61,54 euros) et Carrefour (+0,22% à 13,87 euros), qui vendent des produits de première nécessité, ont aussi été recherché.

afp/rp