Paris (awp/afp) - Les marchés boursiers restaient plombés lundi par les anticipations de tour de vis monétaire aux Etats-Unis et la situation sanitaire en Chine, où les restrictions menacent la croissance économique.

Les Bourses chinoises ont dévissé: Shanghai a perdu 5,13%, Shenzhen 6,48% tandis que l'indice CSI 300 regroupant les grandes entreprises du pays a cédé 4,94%. Hong Kong perdait 3,54% vers 7H30 GMT. Tokyo a de son côté cédé 1,90%.

En Europe, les indices laissaient de côté la réélection, largement anticipée, du président français Emmanuel Macron. Paris reculait de 1,30%, Francfort de 1,02%, Londres de 1,64% et Milan de 1,08%.

La quasi-totalité des 25 millions d'habitants de la capital économique chinoise Shanghai sont confinés depuis début avril, perturbant les chaînes d'approvisionnement. Et la menace d'un confinement, après une rare flambée épidémique, menace désormais Pékin.

De quoi "renforcer les craintes que (la politique) Covid-zero ne torpille la croissance chinoise", s'inquiète Jeffrey Halley, analyste d'Oanda.

Ces craintes atteignaient aussi le marché du pétrole où les prix chutaient à nouveau lundi, en raison du risque de baisse de la demande chinoise.

Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juin chutait de 3,55% à 102,86 dollars.

Le baril de West Texas Intermediate (WTI) américain pour livraison le même mois cédait lui aussi 3,57% à 98,27 dollars.

Les majors pétrolières suivaient le mouvement, comme BP (-3,26%) ou Shell (-2,35%). Les entreprises minières reculaient aussi, à l'instar de Glencore (-5,50%) ou BHP (-4,55%).

A cela s'ajoute le risque de resserrement monétaire plus strict et plus rapide que prévu jusqu'ici par les investisseurs.

La Bourse de New York avait déjà terminé sur une sévère perte vendredi, le Dow Jones enregistrant sa pire baisse journalière depuis octobre 2020.

Face à l'inflation, Jerome Powell, président de la Fed, a dit jeudi qu'une hausse des taux directeurs d'un demi-point de pourcentage "était sur la table" pour la prochaine réunion monétaire de début mai.

Les analystes de Saxo Banque constatent que "certaines grandes banques anticipent même une accélération du rythme de normalisation avec deux hausses de taux de 75 points de base chacune en juin et en juillet".

"Ce n'est pas un scénario farfelu étant donné la forte progression de l'inflation", ajoutent-ils.

Quant à la réélection du président français Emmanuel Macron, elle "avait été intégrée par les investisseurs la semaine dernière", estime Jeffrey Halley, qui ajoute que "tout soupir de soulagement post-électoral sera très léger".

"La nette victoire d'Emmanuel Macron est de nature à rassurer les marchés sur la poursuite de la dynamique européenne", souligne Frédéric Leroux, membre du comité d'investissement stratégique de Carmignac.

L'euro a été soutenu par cet événement dimanche, dans les premières heures d'échanges en Asie, à 19H00 GMT. Mais lundi il reculait nettement de 0,53% à 1,0733 dollar vers 07H25 GMT, face une monnaie américaine renforcée par le resserrement monétaire de la Fed.

De plus, selon Jeffrey Halley, "les nouvelles selon lesquelles l'Europe pourrait préparer des +sanctions intelligentes+ sur les importations d'énergie russes n'aideront pas la monnaie unique dans un contexte d'aversion au risque".

Le luxe accuse le coup

Des craintes sur l'activité en Chine ne sont jamais de bon augure pour le secteur du luxe, très dépendant de ce marché.

Prada, côté à Hong Kong, chutait de 5,37%. En Europe, LVMH reculait de 1,84%, Hermès de 1,92%, Burberry de 3,21%, Moncler de 1,96% et Richemont de 3,41%.

Roche déçoit

Le géant pharmaceutique suisse Roche a publié des ventes meilleures que prévu pour le premier trimestre, portées par un rebond de ses activités pharmaceutiques et des ventes toujours élevées de tests pour le Covid-19. Son action perdait 1,59%, les investisseurs estimant les revenus de la division pharmaceutique décevants.

La saison des résultats se poursuit cette semaine avec de nombreuses entreprises technologiques américaines attendues mardi et jeudi.

afp/fr