Le contexte : un rebond sans collecte

Alors que le CAC 40 enchaîne les plus hauts en ce début novembre, les petites et moyennes valeurs lui emboitent le pas. Depuis début octobre, la hausse se fait à l’unisson.  

Même si les petites valeurs revenaient en grâce d’ici la fin de l’année, l’écart creusé depuis le 1er janvier par le CAC 40 semble impossible à rattraper sur les 2 mois restants.

D’ailleurs, les conditions ne sont pas vraiment réunies pour un rattrapage rapide. D’une part car les prévisions de BPA 2019 et 2020 se sont encore détériorées ce mois-ci sur les petites et moyennes valeurs, alors qu’elles ont bien tenu sur le CAC 40, comme l’indique ce tableau réalisé par la société de Bourse Portzamparc (colonnes de droite).

Source : Portzamparc

D’autre part car comme l’indique également Portzamparc, la collecte des fonds spécialisés dans la classe d’actifs "Small et Mid Caps" est loin d’avoir repris ces dernières semaines :

Source : Portzamparc

Ainsi, malgré la sous-valorisation des petites et moyennes valeurs (cf. tableau ci-dessus) par rapport aux grandes valeurs ou par rapport aux transactions réalisées par les fonds d’investissement dans le non-côté, le rebond observé sur les petites valeurs reste fragile.

En attendant la reprise de la collecte, qui devrait finir par arriver si les marchés continuent de bien se porter, la plupart des gérants allègent voire sortent des positions plus souvent qu’ils renforcent ou entrent de nouvelles idées en portefeuille. Une rotation vers les valeurs décotées pourrait s’opérer après la forte sous-performance de celles-ci depuis le début de l’année comme l’indique ce graphique réalisé par le cabinet IdMidCaps.

Source : IdMidCaps, Indépendance et Expansion

Rappelons enfin, comme la Financière Tiepolo le fait dans sa dernière lettre d’information trimestrielle, que la nette sous-performance des petites et moyennes valeurs depuis plus d’un an vient après "quinze années de surperformance (2003-2018) : +450% pour les petites et moyennes valeurs, +100% pour les grandes". Et de d’expliquer que "cela est dû en partie aux taux d’intérêt très faibles qui conduisent les investisseurs à rechercher, à court terme, des rendements sur les grandes valeurs" compte tenu, entre autres, "d’un rythme de croissance de leurs bénéfices beaucoup plus élevé, de l’ordre de +18% en moyenne contre +8%", ajoutant que "le consensus des analystes indique, à ce jour, une croissance à nouveau supérieure pour les PME au cours des deux prochaines années".

Revue des meilleurs fonds Small Caps à fin octobre 2019   

(Source : Quantalys, reporting mensuel des sociétés de gestion)

Le contexte étant dressé, venons-en aux mouvements de nos fonds vedette à travers notre tableau synthétique.

De façon générale, nous remarquons :

  • Une performance moyenne de la sélection depuis le début de l’année (+11%) en ligne avec leurs indices de références.
  • Des taux d’investissement en légère hausse, pour un nombre de lignes stables, à 53 en moyenne. La poursuite de la décollecte n’y est pas pour rien.
  • La prédominance des secteurs IT/Santé/Industries dans cette sélection, et des valeurs de croissance en général.

De façon plus particulière, nous notons :

  • Pluvalca PME a participé à l’introduction en Bourse de Hoffman Green Cement. Indépendance et Expansion France Small ainsi que Nova Europe ont profité du reclassement d’une partie du capital de Thermador pour acheter des actions de ce titre peu liquide.
  • L’annonce d’une offre publique de retrait sur le capital d’ITS GROUP, faisant apparaître une prime de 51% sur le cours de clôture. Cette offre initiée par les principaux actionnaires de la société est une bonne opération pour Pluvalca PME qui indique qu’il s’agit "d’une bonne nouvelle pour cette ESN, ainsi que pour l’ensemble de la classe d’actifs : un premier retrait de cote avec une prime élevée qui pourrait redonner un peu d’appétit pour les small caps". La société avait vu son cours malmené ces dernières années, sur fond de performances décevantes.
  • Plusieurs fonds sont touchés par les publications décevantes d’Ubisoft, Groupe Guillin et Maisons du Monde :
  • Sur Ubisoft, la Financière Arbevel commente que "la valeur du groupe, au sein d’un secteur en forte croissance, reste intacte et que le titre devrait se réapprécier au fil des prochaines sorties".
  • Marc Réveillaud, gérant d’Id France Smidcaps, s’accroche sur Maisons du Monde, "au plus bas historiques depuis l'introduction en bourse le 27/05/2016" alors que "depuis le titre a dégagé en moyenne chaque année 13% de marge d’EBITDA pour une croissance annuelle moyenne de 12% de son chiffre d’affaires".
  • En revanche, le gérant lâche l’éponge sur Groupe Guillin : "La valeur affiche les multiples parmi les plus bas du marché. Mais, dans un contexte défavorable pour le plastique et toujours très concurrentiel, la pression sur la réduction de l’usage du plastique ne semble pas prête de s’arrêter et elle risque de peser durablement sur le taux de marge brute de Groupe Guillin en raison notamment de l’augmentation des prix du plastique recyclé et d’un mix moins favorable".
  • Un quart des fonds de la sélection conserve Robertet dans son top 5. En s’invitant au capital (il dépasse maintenant les 20%), le concurrent Firmenich a provoqué une spéculation quelque peu enivrante sur le titre qui se paie maintenant près de 40x les bénéfices 2019 attendus par le consensus.

Pour terminer, voici quelques informations complémentaires sur la douzaine de fonds de petites valeurs sélectionnés.

Vous pouvez également lire l’interview du gérant du mois, Jean-François Delcaire. Il gère le fonds HMG Découvertes.

Les fonds ont été sélectionnés selon leur performance sur longue période (nous avons retenu une durée de 5 ans, durée généralement retenue pour l’investissement dans les fonds actions) et leur forte pondération en valeurs françaises capitalisant moins d’un milliard d’euros (minimum 20% du fonds).

On y remarque que le style de gestion "croissance" ou "growth" domine la sélection et que le nombre de titres en portefeuille varie facilement du simple (40 valeurs) au doubles (80 valeurs).

GLOSSAIRE : LES STYLES DE GESTION

  • Le style de Gestion "Croissance" ou "Growth" privilégie les valeurs de croissance. Ces valeurs sont choisies pour leur fort potentiel de développement, en mettant au second plan leur valorisation boursière au regard du chiffre d’affaires et des résultats actuellement réalisés. Ces sociétés sont en effet souvent populaires et chères car leurs perspectives sont élevées et leur valorisation anticipe une poursuite de la croissance des bénéfices. Les plus belles valeurs de croissance sauront croitre par-delà les cycles et prendre régulièrement des parts de marché par croissance organique ou externe. Secteurs surreprésentés : la technologie, la santé. Ex. de valeur de croissance : Eurofins, Orpéa, Interparfums …Typiquement, leur PER dépasse les 20x.
  • Le style de Gestion "Valeur" ou "Value" privilégie les valeurs décotées, mal valorisées, et souvent mal-aimées. Les gérants se focalisent alors sur les chiffres publiés, plus rassurants que des prévisionnels incertains par nature. Les valeurs de croissance sauront croitre par-delà les cycles et prendre des parts de marché par croissance organique ou externe. Secteurs surreprésentés : les valeurs cycliques, l’automobile, les bancaires, la construction. Ex. de valeur : Quadient, Hexaôm, Plastiques du Val-de-Loire, ALD, Ipsos … Typiquement, leur PER est inférieur à 10x.
  • Le style de Gestion "GARP" ou Growth At Reasonable Price ou Croissance à prix raisonnable, cherche à trouver un juste milieu entre les deux, à dénicher des valeurs de croissance certes, mais pas à n’importe quel prix. Ex. de valeur : Figeac Aéro, SII, Vétoquinol … Typiquement, leur PER se situe entre 10x et 20x.

Finissons par une citation de Warren Buffet : "Mieux vaut acheter une entreprise extraordinaire à un prix ordinaire qu’une entreprise ordinaire à un prix extraordinaire. "