par Oliver Holmes
BEYROUTH, 25 juin (Reuters) - L'Arabie saoudite, l'un des
principaux soutiens aux rebelles syriens, a accusé mardi le
"régime illégal" du président Bachar al Assad de "génocide" et a
appelé à un embargo sur les armes à destination de Damas.
Critiquant l'appui apporté au "raïs" syrien par l'Iran, la
Russie et le Hezbollah libanais, le chef de la diplomatie de
Ryad a déclaré que le royaume sunnite ne pouvait pas rester
silencieux.
"La Syrie est confrontée à une attaque sur deux fronts: un
génocide de la part du gouvernement et une invasion venant de
l'extérieur du gouvernement d'une part, (...) un afflux massif
d'armes pour venir en aide à cette invasion et ce génocide de
l'autre", a dit le prince Saoud al Fayçal.
"Cela doit cesser", a-t-il martelé lors d'une conférence de
presse à Djeddah en présence de son homologue américain, le
secrétaire d'Etat John Kerry.
"Le royaume wahhabite réclame une résolution sans équivoque
de la communauté internationale pour que cessent les livraisons
d'armes au régime syrien et pour déclarer illégitime ce régime".
Le ministre saoudien des Affaires étrangères n'a pas précisé
ce qu'il entendait par "génocide" mais Ryad accuse les forces
fidèles au régime de Damas de bombarder avec son aviation et son
artillerie des zones civiles densément peuplées.
Pour le prince, "l'évolution la plus dangereuse est
l'implication étrangère, qui se manifeste par la présence de
combattants du Hezbollah et d'autres milices soutenues par les
forces des Gardiens de la révolution iraniens".
"Il n'est pas logique de laisser les Russes armer
ouvertement le régime syrien et les forces étrangères qui le
soutiennent".
"NOTRE BUT EST TRES CLAIR"
Son hôte américain, de retour au Moyen-Orient après deux
jours en Inde, a eu des entretiens avec son homologue saoudien
ainsi qu'avec le prince Bandar ibn Bandar, patron des services
de renseignement du royaume et coordinateur des efforts déployés
par Ryad pour déposer Bachar al Assad.
Les discussions portent notamment sur l'intention des
Etats-Unis d'apporter une aide militaire directe au général
Salim Idriss, chef militaire de la rébellion. Le président
américain Barack Obama a récemment annoncé sa volonté d'armer
les rebelles sans préciser la nature que prendra cette
assistance.
"Notre but est très clair: ne pas laisser ce conflit
s'étendre, ne pas permettre un nouveau bain de sang ou prolonger
l'agonie du peuple syrien", a déclaré John Kerry devant la
presse.
Sur le terrain, l'artillerie gouvernementale, appuyée par
l'aviation, a pilonné mardi des bastions rebelles dans les
quartiers de Zamalka et d'Irbin, à la périphérie nord-est de la
capitale, a annoncé l'opposition.
Les insurgés, qui ont grignoté des positions dans la
capitale il y a près d'un an, reconnaissent être confrontés
aujourd'hui à une progression des forces loyalistes, galvanisées
par le soutien des alliés régionaux de Bachar al Assad.
(avec Mahmoud Habboush à Dubaï et Lesley Wroughton à Djeddah;
Jean-Loup Fiévet pour le service français)