par Lewis Krauskopf

NEW YORK, 14 janvier (Reuters) - Une période de volatilité attend les valeurs américaines de la construction, d'ingéniérie et autres secteurs liés aux dépenses d'infrastructures, mais les investisseurs pourraient en tirer profit s'ils résistent à un parcours mouvementé.

Ces valeurs vont concentrer l'attention dans les semaines à venir, alors que le président Donald Trump, qui a fixé les travaux publics comme un axe majeur de sa politique en 2018, cherche à faire passer un projet de modernisation des routes, des ponts et autres infrastructures.

Un groupe bipartisan de sénateurs américains a rencontré cette semaine des responsables de l'administration pour discuter d'une loi visant à y investir 1.000 milliards de dollars (1.125 milliards d'euros).

Des investissements fédéraux devraient doper l'activité des entreprises liées aux infrastructures, mais les cours pourraient connaître une évolution en dents de scie, le temps que le Congrès s'accorde sur un projet de loi et que ses détails soient connus.

Améliorer les infrastructures du pays, que la Société américaine du génie civil a qualifiées de médiocres l'année dernière, a suscité beaucoup d'intérêt.

Même si certains démocrates sont favorables à un tel programme, les divergences politiques pourraient saper les efforts pour y parvenir et peser sur les montants des investissements du secteur privé.

Indépendamment d'une loi fédérale, investisseurs et analystes estiment cependant que le contexte est favorable aux valeurs du secteur, notamment la remise à niveau nécessaire des infrastructures nationales, la hausse prévue des bénéfices de nombreuses entreprises en 2018, et des tendances économiques positives, qui soutiennent l'investissement dans de grands projets.

"De l'argent circule dans ce secteur, même si nous n'avez pas la manne fédérale", estime Walter Todd, responsable des investissements chez Greenwood Capital Associates.

DES ALLERS-RETOURS

Walter Todd explique que sa société surpondère les entreprises liées aux infrastructures comme l'entreprise de génie civil Granite Construction, les sociétés de matériaux de construction Eagle Materials et US Concrete et le spécialiste de l'acier Nucor.

Ces titres et ceux d'autres sociétés liées à la construction ont bondi juste après l'élection de Donald Trump à la présidence américaine en novembre 2016, dopés par ses promesses de campagne d'investir dans les infrastructures.

Mais alors que le S&P-500 a régulièrement progressé depuis l'élection de Donald Trump, les valeurs liées à la construction en particulier ont évolué en dents de scie, pâtissant en partie l'année dernière de l'incertitude de l'agenda politique de Donald Trump.

La performance du secteur des infrastructures reste modeste au regard de celle réalisée dans le sillage de la victoire de Donald Trump.

Ainsi, depuis début décembre 2016, alors que le S&P-500 a gagné plus de 22%, l'indice S&P-1500 de la construction et de l'ingéniérie a progressé de 9%, et ceux de l'acier et des matériaux de construction ont pris 5%.

"D'une année sur l'autre, beaucoup de ces titres n'ont pas vraiment fait grand-chose", poursuit Walter Todd.

A ce stade de la reprise économique, les clients devraient se sentir plus enclins à décider de dépenses en immobilisations sur des projets, selon des analystes.

"PERSPECTIVE DE LONG TERME"

"Même sans une stimulation des infrastructures ou une loi sur les infrastructures, le secteur devrait surperformer au cours des deux prochaines années", estime Tahira Afzal, directeur général chez KeyBanc Capital Markets.

Les bénéfices des entreprises d'ingéniérie et de construction (E&C) du S&P-1500 devraient croître de 27% en 2018, tandis que le compartiment des matériaux de construction pourrait gagner 32%, selon des données de Thomson Reuters. A titre de comparaison, le S&P-500 est attendu en hausse de 13,9%, selon Thomson Reuters I/B/E/S.

"Le marché se traite à des niveaux de bénéfices proches de records et les sociétés E&C, en tant que secteur, n'en sont pas encore à ce stade", relève John Rogers, fondateur du cabinet de consultants JBR Advisory.

Un certain optimisme quant à un projet de loi sur les infrastructures pourrait déjà être inscrit dans les cours. Par exemple, Fluor et Jacobs Engineering ont progressé de 28% et 18% respectivement, depuis le début novembre, tandis qu'U.S. Steel a bondi de plus de 50%.

Si d'autres facteurs, comme la réforme fiscale et la reprise économique mondiale, pourraient soutenir les cours, ces actions sont susceptibles de perdre du terrain si le projet fédéral déçoit.

"Il faut vraiment s'inscrire dans une perspective de long terme et juste réaliser que si quelque chose arrive à Washington, il y aura de nombreux allers-retours", prévient Eric Marshall, gérant de portefeuille chez Hodges Capital Management.

(Catherine Mallebay-Vacqueur pour le service français)