(Répétition sans changement d'une dépêche transmise dimanche)

par David Randall et Caroline Valetkevitch

NEW YORK, 30 octobre (Reuters) - La réforme fiscale est de plus en plus inscrite dans les valorisations élevées des entreprises américaines, ce qui expose les investisseurs à une sévère correction si le Congrès, dominé par les Républicains, n'adopte pas ce projet prioritaire pour Donald Trump.

L'indice S&P-500 a gagné près de 6% depuis ses plus bas du mois d'août, quand le président américain a décidé de faire de cette réforme le grand chantier de la rentrée parlementaire.

Le projet propose de baisser l'impôt sur les sociétés de 35% actuellement à 20% et de permettre aux entreprises de rapatrier une partie des 2.600 milliards de dollars (2.239 milliards d'euros) des bénéfices qu'elles conservent à l'étranger.

Il n'y avait pas dans les cours au mois de juillet d'anticipation d'une baisse des impôts, mais elle y fait un solide retour, relève Bank of America Merrill Lynch.

Certains signes montrent toutefois que l'administration Trump dispose d'une faible marge de manoeuvre.

La Chambre des représentants a adopté jeudi, mais à une courte majorité de 216 voix contre 212, une motion budgétaire cruciale pour son avenir.

Vingt élus républicains, représentant notamment des Etats à forte imposition, comme New York ou le New Jersey, où les contribuables redoutent la disparition de dispositifs de déductions fiscales, ont joint leurs voix à celles du groupe démocrate mais leur défection n'a pas suffi à faire basculer la majorité.

UNE MARGE DE MANOEUVRE ÉTROITE

Par ailleurs, la proposition du président américain visant à réduire le niveau du 401(k) pourrait susciter une vive opposition. Ce système d'épargne retraite, très largement souscrit aux États-Unis par la classe moyenne, permet d'épargner en défiscalisant l'argent investi et les revenus du capital jusqu'à leur retrait.

"Le rally des deux derniers mois a été alimenté par la perspective d'une réduction d'impôts. Si elle ne passe pas, alors le marché perdra plusieurs points de pourcentage", estime Edward Perkin, de chez Eaton Vance.

Ce serait la première correction significative de l'année, relève-t-il, ajoutant néanmoins que ce repli ne devrait probablement pas atteindre les 20%, stade à partir duquel on considère que le marché devient baissier.

Un échec de la réforme fiscale ferait probablement perdre 5%, voire plus au S&P-500, écrivait Goldman Sachs dans une note, le 20 octobre. La réforme fiscale déterminera l’orientation des 100 prochains points du S&P-500, estimait-elle.

Au cours des 30 derniers jours, quelque 75 entreprises, dont UPS et Hilton Worldwide, ont évoqué avec des analystes de quelle manière elles tireraient profit de ces baisses d'impôts, signe que Wall Street est largement focalisée sur cette réforme.

Le projet de la Maison blanche devrait faire progresser les bénéfices ajustés par action des sociétés du S&P-500 de 12% en moyenne en 2018, à 156 dollars, estime Goldman Sachs et conduire à des rachats d’actions supplémentaires à hauteur de 75 milliards de dollars.

Peter Tuz, président de Chase Investment Counsel, note que les tensions entre Donald Trump et certains Républicains la semaine dernière pourraient compromettre le succès de la réforme fiscale, parce que le président risque de s'aliéner d'autres membres du Grand Old Party. Les Républicains ne disposent que de 52 voix sur 100 au Sénat.

Dans le même temps, le gain de 14,4% affiché par le S&P-500 depuis le début de l'année expose l'indice à un recul d'au moins 5%, estime Barry James, cogérant de portefeuilles du fonds James Balanced Golden Rainbow.

Le S&P-500 se traite à un PER de 22,6 sur les 12 mois écoulés et de 19,5 sur les 12 mois à venir, les deux supérieurs à ses normales historiques.

"Nous sommes à des niveaux aujourd'hui historiquement très risqués pour les actions et nous sommes mûrs pour une correction", ajoute Barry James. "Si les baisses d'impôts attendues ne sont pas au rendez-vous, la correction pourrait être beaucoup plus importante." (Catherine Mallebay-Vacqueur pour le service français)

Valeurs citées dans l'article : Hilton Worldwide Holdings Inc, United Parcel Service