PARIS (Reuters) - Les Bourses européennes ont terminé en ordre dispersé jeudi alors que Wall Street progressait, les investisseurs américains relativisant l'impact de l'accélération de l'inflation aux Etats-Unis sur la stratégie de la Réserve fédérale tandis que les européens cherchaient en vain du nouveau dans les annonces de la Banque centrale européenne (BCE).

À Paris, le CAC 40 a perdu 0,26% (16,96 points) à 6.546,49 points. A Londres, le FTSE 100 a progressé de 0,1% alors qu'à Francfort, le Dax abandonnait 0,06%. L'indice EuroStoxx 50 et le Stoxx 600 ont terminé pratiquement inchangés, le FTSEurofirst 300 en hausse de 0,17%.

Au moment de la clôture en Europe, Wall Street était clairement orientée à la hausse: le Dow Jones s'adjugeait 0,34%, le Standard & Poor's 500 0,41% et le Nasdaq Composite 0,73%. Le S&P-500 a inscrit un record en matinée à 4.249,74 points.

Les prix à la consommation (CPI) aux Etats-Unis ont augmenté plus qu'attendu en mai, leur indice de base (core CPI), c'est-à-dire hors énergie et produits alimentaires, affichant une hausse de 0,7% par rapport à avril et de 3,8M sur un an.

"Les chiffres sont un peu supérieurs aux attentes mais ne constituent en rien un dérapage", commente Mark Grant, stratège de B. Riley Financial. "Je ne pense pas que cela modifie le jugement de la Fed sur le maintien de taux très bas."

Les inscriptions au chômage américaines, elles, sont ressorties à peine au-dessus du consensus et au plus bas depuis mars 2020.

De l'autre côté de l'Atlantique, la BCE a sans surprise fait le choix d'un maintien de ses mesures de soutien exceptionnelles, à commencer par l'accélération des achats du Plan d'urgence face à la pandémie (PEPP) malgré l'amélioration des perspectives de croissance et d'inflation, des décisions largement anticipées par les marchés.

"Les colombes de la BCE l'emportent, encore une fois", résume Ulrike Kastens, économiste Europe de DWS, tout en soulignant que "la discussion sur l'ampleur du soutien monétaire nécessaire va s'intensifier dans les semaines à venir".

VALEURS

La plus forte hausse sectorielle du jour en Europe est pour le compartiment des télécommunications, dont l'indice Stoxx a progressé de 1,15%, tiré par BT Group (+6,55%) après l'irruption à son capital de l'homme d'affaires Patrick Drahi.

A la baisse, le Stoxx du transport et des loisirs a cédé 1,3% après une période de hausse soutenue (+9,9% en trois semaines).

Stellantis a perdu 1,31% après la mise en examen de ses filiales Peugeot et Citroën dans le dossier du Dieselgate.

Le couac du jour est pour Believe: le groupe français spécialisé dans l'accompagnement numérique d'artistes et de labels musicaux indépendants a fini sa première séance de cotation 17,69% en dessous de son prix d'introduction (19,50 euros).

CHANGES

Le dollar est pratiquement inchangé face aux autres grandes devises (+0,02%) après quelques heures de fluctuations marquées suite aux chiffres de l'inflation américaine et aux annonces de la BCE.

L'euro est en léger repli face au billet vert à 1,217, proche du niveau auquel il évoluait avant les deux grands rendez-vous économiques du jour. Il a entre-temps fluctué entre 1,2144 et 1,2193.

La livre sterling, elle, a effacé ses pertes du début de séance liées aux tensions commerciales avec l'Union européenne, qui l'avaient ramené à son plus bas niveau depuis un mois face au dollar (+0,25%). Des cambistes expliquent ce retournement de tendance par un regain d'appétit pour les actifs risqués après le relèvement des prévisions de la BCE.

TAUX

La séance a logiquement été animée sur les marchés obligataires européens mais elle se solde par une légère baisse des rendements de référence, à -0,253% pour le Bund à dix ans et 0,116% pour son équivalent français.

Le dix ans américain, lui, est reparti à la baisse à 1,4789% après avoir atteint 1,535% peu après la publication des statistiques de l'inflation.

PÉTROLE

La baisse des inscriptions au chômage conjuguée à la hausse des prix profite en revanche au marché pétrolier: le Brent gagne 0,54% à 72,61 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) 0,53% à 70,33 dollars.

"Les derniers chiffres publiés sur le chômage et l'emploi aux Etats-Unis sont clairement un signe d'accélération de la reprise", explique Louise Dickson, analyste de Rystad Energy.

(Marc Angrand, avec Ambar Warrick à Bangalore, édité par Jean-Michel Bélot)