PARIS (Reuters) - Les Bourses européennes ont terminé lundi en très forte baisse, tandis que Wall Street évoluait dans le rouge à la mi-séance à deux jours de l'annonce des décisions de la Réserve fédérale américaine qui incite les investisseurs à la prudence.

À Paris, le CAC 40 a terminé en baisse de 1,74% à 6.455,81 points. Le Footsie britannique a reculé de 0,86% et le Dax allemand de 2,31%.

L'indice EuroStoxx 50 a fléchi de 2,11%, le FTSEurofirst 300 de 1,7% et le Stoxx 600 de 1,67%.

Les décisions très attendues de la Réserve fédérale en matière d'achats d'obligations découragent toute prise de risque. Les investisseurs ont en outre les yeux rivés sur les prévisions de la banque centrale américaine sur la croissance, le chômage, l'inflation et surtout l'évolution des taux d'intérêt.

A ces attentes, s'ajoutent les craintes suscitées par Evergrande, le numéro deux du marché immobilier chinois, dont un éventuel défaut pourrait avoir des répercussions sur le système financier de la deuxième économie mondiale.

Les marchés japonais et de Chine continentale sont restés fermés ce lundi en raison de jours fériés mais la Bourse de Hong Kong a fini à son plus bas niveau depuis fin octobre.

En Europe, l'indice de la volatilité de l'EuroStoxx 50, baromètre de la nervosité des investisseurs, a bondi de 14,26% en clôture. Son équivalent américain, en hausse de 25%, a touché un sommet d'un mois.

A WALL STREET

Au moment de la clôture en Europe, le Dow Jones reculait de 1,56%, le Standard & Poor's 500 de 1,70% et le Nasdaq de 2,05%. Des onze principaux indices du S&P, dix évoluaient dans le rouge, les secteurs sensibles à la conjoncture économique comme l'industrie, la finance et l'énergie abandonnant entre 1,3% et plus de 3%.

Dans l'industrie, Boeing et Caterpillar reculaient respectivement de 1,6% et 4,54%. Les poids lourds de la technologie, considérés généralement comme des valeurs refuges par temps d'incertitudes, étaient également en repli. Microsoft, Apple et Facebook perdaient entre 2% et 3%.

La baisse des rendements obligataires liée à l'arbitrage des investisseurs en faveur des actifs jugés sûrs pesait également sur les grandes banques américaines comme Morgan Stanley (-3,74%), JPMorgan Chase & Co (-3,29%) et Bank of America Corp (-4,01%). Le sous-indice sectoriel fléchissait de 3,71%.

"Il y a une incertitude en matière de géopolitique, de santé publique, de fiscalité et de dépenses, mais le marché n'a enregistré presqu'aucun mouvement de volatilité à la baisse depuis bien longtemps, ce repli était attendu depuis longtemps", commente David Bahnsen, directeur de l'investissement chez Bahnsen Group, en Californie.

VALEURS

En Europe, hormis le secteur de la santé, tous les grands indices ont subi le repli généralisé des marchés d'actions. Le compartiment des matières premières, dont les cours souffrent de la hausse du dollar, a chuté de 3,41%. Le sidérurgiste ArcelorMittal a fini sur un plongeon de 7,44%.

Le secteur du luxe est une nouvelle fois pénalisée par les nouvelles en provenance de Chine. A Paris, LVMH, Kering, Hermès ont fini en repli de 1,3% et 1,9%. A Zurich et à Londres, Richemont et Burberry ont cédé respectivement 3,1% et 0,7%.

Parmi les rares valeurs à échapper au marasme boursier, Lufthansa a fini sur un gain de 5,53% à la faveur d'une augmentation de capital qui doit lui permettre de rembourser une aide publique avant de reprendre le paiement de dividendes.

L'annonce d'un assouplissement des restrictions de voyages aux Etats-Unis pour les passagers en provenance de l'Union européenne et de Grande-Bretagne a également profité aux groupes de transport aérien. IAG, maison mère de British Airways, a bondi de 11,11%, signant la meilleure performance du Stoxx 600. EasyJet a avancé de 3,77%.

AstraZeneca (+6,15%) a, pour sa part, bénéficié des résultats d'essais encourageants sur un traitement du cancer du sein.

CHANGES

Aux changes, le dollar, qui évoluait en séance au plus haut depuis près d'un mois dans l'attente des décisions de la Réserve fédérale, est pratiquement inchangé au moment de la clôture en Europe.

L'euro lui aussi est stable autour de 1,1734 dollar, tandis que la livre sterling , en baisse de 0,38% face au billet vert, a touché un plus bas de près d'un mois à 1,3674 dollar.

TAUX

Sur le marché obligataire, le rendement des bons du Trésor américain abandonne plus de cinq points de base, à 1,3158%.

Le dix ans allemand, référence pour la zone euro, a reculé de 3,5 points de base à -0,3150%. Son équivalent français a perdu deux points de base à 0,0250%

PÉTROLE

Le marché pétrolier est, quant à lui, pénalisé par la vigueur du dollar et la reprise progressive de la production aux Etats-Unis après le passage des ouragans Ida et Nicholas sur le golfe du Mexique. Le Brent abandonne 1,27% à 74,40 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) 1,56% à 70,84 dollars.

(Reportage Claude Chendjou, édité par Jean-Michel Bélot)

par Claude Chendjou