PARIS (Reuters) - Wall Street devrait ouvrir en hausse modérée jeudi et les Bourses européennes, à l'exception de Londres, sont en baisse mais loin de leurs plus bas du jour à mi-séance après les annonces de politique monétaire aux Etats-Unis.

Les contrats à terme indiquent une ouverture en hausse de 0,05% pour le Dow Jones, de 0,1% pour le S&P-500 et de 0,3% pour le Nasdaq.

La tendance pourrait évoluer avec les résultats d'entreprises qui se poursuivent et la parution à 13h30 GMT de la première estimation du produit intérieur brut pour les Etats-Unis au quatrième trimestre.

À Paris, le CAC 40 perd 0,2% à 6.967,74 vers 12h20 GMT. À Francfort, le Dax abandonne 0,38% et à Londres, le FTSE gagne 0,5%.

L'indice paneuropéen FTSEurofirst 300 recule de 0,11%, l'EuroStoxx 50 de la zone euro de 0,31% et le Stoxx 600 de 0,15%.

Ce dernier a cédé jusqu'à 1,47% dans la matinée avant de réduire ses pertes grâce à la hausse attendue de Wall Street à l'ouverture.

L'appétit pour le risque peine à revenir alors que les investisseurs digèrent les annonces de la Fed mercredi soir qui a laissé entendre qu'elle relèverait probablement ses taux d'intérêt en mars et qui, aux yeux du marché, n'a pas écarté l'éventualité d'une accélération du cycle de resserrement monétaire.

L'absence d'orientations claires "témoigne de l'environnement extraordinairement incertain dans lequel la Fed et les marchés évoluent actuellement. Si l'inflation reste élevée au second semestre et que la croissance des salaires s'accélère davantage, la Fed pourrait bien passer à un relèvement des taux une fois par réunion et même un relèvement de 50 points de base n'est alors pas exclu", a déclaré Willem Verhagen, économiste senior chez NN IP.

Les contrats à terme sur les marchés monétaires indiquent que les marchés tablent à 97% sur cinq hausses de taux de la Fed de 25 points de base d'ici la fin de l'année, contre quatre hausses avant la réunion de mercredi.

Les marchés monétaires de la zone euro anticipent une hausse des taux de la Banque centrale européenne de plus de 20 points de base d'ici décembre.

LES VALEURS À SUIVRE À WALL STREET

Outre les préoccupations liées à la politique monétaire, les investisseurs suivent de près les publications trimestrielles des entreprises.

Intel reculait de 2,3% en avant-Bourse après avoir une prévision de bénéfice du premier trimestre en dessous des attentes du marché.

Tesla abandonnait 1%, le constructeur automobile ayant prévenu que les problèmes des chaînes d'approvisionnement devraient persister cette année.

VALEURS EN EUROPE

La perspective d'une prochaine hausse des taux de la Fed favorise les valeurs bancaires, dont l'indice Stoxx gagne 1,87%.

Le bond de 4,99% de Deutsche Bank, qui a enregistré son meilleur bénéfice annuel en dix ans, soutient en outre le secteur.

A Paris, Crédit agricole, BNP Paribas et Société générale prennent de 1,13% à 1,6% tandis qu'à Londres, HSBC avance de 3,92%.

Le compartiment technologique (-1,58%) accuse lui la plus forte baisse. "Les valeurs de croissance sont plus sensibles aux fluctuations des taux et tendent à profiter d'une politique monétaire souple avec d'abondantes liquidités. Un environnement que nous sommes en train de quitter", a déclaré Michael Strobaek chez Credit Suisse.

Mais STMicroelectronics s'octroie 4,80% après avoir annoncé un bénéfice trimestriel au-dessus des attentes et son intention de doubler ses investissements cette année.

Bénéficiant également de résultats bien accueillis, Valeo prend 1,83% et Soitec 3,63%.

Elior chute pour sa part de 13,07% après avoir suspendu ses objectifs financiers pour l'exercice en cours, invoquant un manque de visibilité quant à l'impact des restrictions pour endiguer la vague épidémique.

TAUX

Avec les anticipations des investisseurs d'un resserrement monétaire plus rapide que prévu aux Etats, les rendements des obligations d'Etats américains ont vivement augmenté mercredi.

Celui des Treasuries à dix ans revient à 1,8298% après avoir inscrit un pic d'une semaine la veille à 1,88%.

Le rendement des emprunts d'Etat américains à deux ans, plus sensible à l'évolution des taux, lui poursuit sa marche en avant, à 1,1922%, après un plus haut en près de deux ans, à 1,208%, en début de séance.

Les rendements obligataires de référence en zone euro suivent la tendance: celui du Bund allemand à dix ans gagne deux points à -0,048% et celui de l'OAT français un point environ à 0,355%.

CHANGES

Dopé par la hausse des rendements obligataires et le biais restrictif de la Fed, le dollar s'envole de 1,15% face à un panier de devises de référence, au plus haut depuis juillet 2020.

L'euro recule à 1,1166 dollar, un niveau qu'il n'avait pas atteint depuis juin 2020.

PÉTROLE

Les cours du pétrole repartent à la hausse, les tensions entre l'Ukraine et la Russie et des problèmes d'approvisionnement l'emportant sur la hausse du billet vert.

Le baril de Brent avance de 0,84% à 90,72 dollars et celui de brut léger américain progresse de 0,84% à 88,08 dollars.

(Laetitia Volga, édité par Blandine Hénault)

par Laetitia Volga