New York (awp/afp) - Wall Street dans un tourbillon, baril de Brent sous les 50 dollars, dégringolade du taux d'emprunt aux Etats-Unis: l'angoisse face à la propagation incessante du nouveau coronavirus a de nouveau grippé l'ensemble des marchés financiers jeudi.

Les investisseurs "savent gérer les mauvaises nouvelles car ils peuvent les quantifier", remarque Quincy Krosby, stratège chez Prudential. "Gérer l'incertitude est beaucoup plus compliqué", ajoute-t-elle.

Or avec l'épidémie du nouveau coronavirus, difficile d'anticiper à la fois l'ampleur de sa diffusion dans le monde et ses conséquences sur l'économie.

Combien de vols par exemple devront au final être annulés dans le monde ? Face à cette grande inconnue, les compagnies aériennes ont été particulièrement affectées jeudi à la Bourse de New York: United Airlines s'est effondrée de 13,25%, American Airlines a plongé de 13,24% et JetBlue a chuté de 10,81%.

Après avoir encaissé leur pire semaine depuis 2008, les indices de Wall Street fluctuent encore au gré des gros titres sur l'épidémie et alternent chutes et rebonds depuis lundi.

Ils se sont de nouveau retrouvés sous forte pression jeudi, le Dow Jones perdant 3,58% tandis que le Nasdaq, à forte coloration technologique, cédait 3,10% et le S&P 500, qui représente les 500 plus grandes entreprises cotées à la Bourse de New York, se repliait de 3,39%.

Cet affolement des marchés face au nouveau coronavirus ne devrait pas ravir le président américain Donald Trump. Il a fait des performances économiques des Etats-Unis et de la montée des indices à de nouveaux records l'un des principaux arguments de sa campagne de réélection à la Maison Blanche.

Les Bourses européennes ont aussi connu une nouvelle séance chaotique jeudi, marquée par beaucoup de nervosité: Paris a perdu 1,90%, Francfort 1,51%, Londres 1,62%, Madrid 2,42% et Bruxelles 1,48%.

Licenciements ?

L'incertitude a également gagné le marché pétrolier, où le baril de Brent a terminé sous le seuil symbolique des 50 dollars pour la première fois depuis juillet 2017.

Alors que l'offre d'or noir abonde dans le monde mais que la demande en énergie pâtit directement de la crise sanitaire qui paralyse les transports et certaines usines, les 13 membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) ont proposé jeudi de réduire leur production de 1,5 million de barils par jour jusque fin juin 2020.

Mais cette recommandation doit être, ou non, acceptée vendredi par les 10 partenaires extérieurs de l'organisation, dont la Russie. Qui semblait encore jeudi plutôt réticente.

Anxieux, les investisseurs se sont tournés en masse vers les actifs jugés moins risqués.

Signe d'une forte demande pour la dette des Etats-Unis, considérée comme une valeur refuge car la probabilité que le gouvernement américain fasse défaut est très faible, le taux à 10 ans des bons du Trésor américains est pour la première fois passé sous le seuil des 0,9%.

L'or de son côté a grimpé à son plus haut niveau depuis 2013, jusqu'à 1.674,74 dollars l'once.

Le sentiment que les autorités à travers le monde montaient au créneau pour lutter contre l'épidémie et soutenir l'économie, comme avec la baisse des taux décidée en urgence par la banque centrale américaine mardi, avait pourtant permis de raviver un peu la confiance des investisseurs mercredi.

Mais "il reste encore beaucoup de questions autour de l'efficacité des mesures de soutien à l'économie face à l'ampleur mondiale du problème sanitaire", avance Patrick O'Hare de Briefing.

"Le marché va continuer à attendre davantage de mesures de relance, ne serait-ce que parce que la propagation aux États-Unis - la plus grande économie du monde - ne fait que commencer", ajoute-t-il. Les courtiers de Wall Street ont été particulièrement sensibles à l'état d'urgence déclaré en Californie.

"Les entreprises ne sont pour l'instant pas trop entrées dans les détails, si ce n'est de dire que l'épidémie avait perturbé leurs chaînes d'approvisionnement et allait affecter leur activité", souligne pour sa part Mme Krosby.

Si l'épidémie s'étend beaucoup, si les gens arrêtent de consommer, de sortir, d'aller au restaurant, "la question sera de savoir si (les entreprises) commencent à licencier du personnel", remarque-t-elle. Ensuite il faudra déterminer "quel sera l'impact sur les dépenses de consommation, sachant que ces dernières représentent aux Etats-Unis 68% du produit intérieur brut".

afp/rp