Les futures sur indices new-yorkais signalent une ouverture de Wall Street en baisse d'environ 1%, au lendemain d'une forte progression qui saluait des avancées dans le dossier commercial. À Paris, le CAC 40 cède 1,49% à 5.283,35 vers 11h30 GMT, faisant plus qu'effacer sa hausse de 1% la veille. Le Dax recule de 1,68% à Francfort et le FTSE lâche 0,96% à Londres.

L'indice paneuropéen FTSEurofirst 300 abandonne 0,98%, l'EuroStoxx 50 de la zone euro 1,54% et le Stoxx 600 1,16%.

Les indices ont creusé leurs pertes en toute fin de matinée en réaction aux mouvements sur les taux aux Etats-Unis, où la courbe des rendements à deux et dix ans s'est inversée mercredi pour la première fois depuis 2007, signe que les investisseurs jugent de plus en plus probable une récession de la première économie mondiale.

"L'inversion de la courbe des taux est un mauvais présage pour l'économie", commente Arne Petimezas, analyste chez AFS à Amsterdam. "Mais, typiquement, les banques centrales ignorent ce signal d'alarme. Elles réduisent souvent leurs taux trop peu ou trop tard."

Dans la matinée, des indicateurs maussades avaient déjà déprimé les marchés après le soulagement procuré mardi par la décision américaine de reporter de trois mois l'imposition de droits de douane de 10% sur certains produits chinois.

"Les investisseurs restent très préoccupés par les effets négatifs de ce conflit commercial dans le monde entier, alors que de plus en plus de données économiques médiocres s'accumulent", explique Pierre Veyret, analyste chez ActivTrades à Londres.

La production industrielle chinoise, en hausse de 4,8% sur un an en juillet, est à son plus bas niveau depuis 17 ans et les ventes au détail sont également ressorties inférieures au consensus. En Allemagne, l'économie s'est comme attendu contractée de 0,1% au deuxième trimestre, entraînant un ralentissement de la croissance de la zone euro à 0,2%, deux fois moins qu'au premier trimestre.

LES VALEURS À SUIVRE À WALL STREET

VALEURS EN EUROPE

Tous les indices sectoriels Stoxx sont dans le rouge, les plus fortes baisses étant pour les secteurs de l'automobile (-2,28%) et des ressources de base (-1,96%), qui avaient profité la veille des annonces de Washington dans le dossier commercial.

L'indice des banques cède pour sa part 1,89% avec la baisse des rendements obligataires, qui affecte leur rentabilité, tandis que les technologiques rétrocèdent 1,86%.

A Paris, ArcelorMittal retombe lourdement de 6,08% et TechnipFMC de 3,93% après avoir signé mardi les deux plus fortes hausses du CAC. Danone (+1,10%) et Sanofi (+1,06%) affichent les deux seules progressions de l'indice grâce à des relèvements de recommandation, d'UBS et Exane BNP Paribas respectivement.

La meilleure performance du Stoxx 600 est pour le groupe britannique de BTP Balfour Beatty, en hausse de 7,73% en réaction à des résultats bien meilleurs que prévu, alors qu'ArcelorMittal accuse la plus forte baisse.

TAUX

Sur le marché américain, l'écart entre le rendement des Treasuries à deux ans et celui des titres à dix ans est tombé à -0,45 point de base, son plus bas niveau depuis juin 2007, peu avant le début de la crise des "subprime".

L'inversion de la courbe est considérée par de nombreux observateurs comme un signe avant-coureur de récession.

Le rendement des emprunts d'Etat américains à 30 ans est tombé peu après à un nouveau plus bas historique de 2,06% et le mouvement s'est propagé au marché européen, le rendement allemand à dix ans inscrivant lui aussi un plus bas à -0,641%.

CHANGES

Avec les inquiétudes sur la croissance, le yen bénéfice de nouveau de son statut de valeur refuge et s'apprécie de 0,55% face au dollar, à 106,15. La devise nippone avait abandonné mardi 1,4% - son plus fort repli en une séance depuis mars 2018 - en réaction au report des droits de douane américains sur une partie des importations chinoises.

Le yuan chinois, qui était remonté mardi à un plus haut d'une semaine, retombe pour sa part de 0,4% à 7,0360 pour un dollar.

"L'absence de visibilité dans la guerre commerciale fait qu'il est peu probable que les mouvements d'hier sur les changes se transforment en tendance durable", notent les analystes d'ING en invitant leurs clients à ne "pas se laisser emporter".

Face un panier de devises internationales, le dollar est quasiment inchangé et dans le même temps, l'euro est stable autour de 1,1170, tout comme la livre sterling, qui reste toutefois proche de ses plus bas touchés la semaine dernière.

PÉTROLE

Les cours du pétrole repartent à la baisse, pénalisés par l'annonce d'une augmentation inattendue des stocks américains de brut selon les chiffres de l'API et par le ralentissement de la production industrielle en Chine.

Le contrat septembre sur le brut léger américain perd 1,96% à 55,98 dollars le baril, contre un pic à 57,47 mardi. Le Brent de mer du Nord cède 1,50% à 60,38 dollars, après avoir pris environ 4,7% la veille, sa meilleure séance de l'année, en réaction à l'accalmie sur le front commercial.

(Avec Danilo Masoni à Milan, Laetitia Volga et Marc Angrand à Paris)

par Veronique Tison