Rien de tel que de mauvaises nouvelles sur le front de l'emploi et de la pandémie (record de cas de Covid, record absolu de décès aux Etats-Unis) pour propulser Wall Street vers des sommets.

Et c'est une journée unique dans l'histoire des marchés US (et des marchés mondiaux) puisque ce ne sont pas 3, ni 4 mais bien 6 records absolus simultanés qui ont été battus, voire pulvérisés sur l'ensemble des indices comme on l'a vu sur le Russell-2000 (+2,3% à 1.892), le NYSE Composite (+1,4% à 14.417 contre 14.200 le 12 janvier) ... ou le Dow Transport (+1,25% à 12.748 contre 12.715 le 24/11).

Les autres records historiques sont plus classiques : l'indice Dow Jones en termine au zénith à 30.218 (+0,83%), le S&P-500 à 3.699 (+0.88%), le Nasdaq Composite à 12.464 (+0,7%) ... et on peut y rajouter un 7ème record 'jumeau' avec le Nasdaq-100, avec +0,5% à 12.532 (mais un record 'simple' puisque le record absolu 'intraday' avait été inscrit la veille à 12.538).

La plupart des commentateurs sont à peu près unanimes -et c'est assez rare avec une telle franchise- pour considérer que ce sont les mauvais chiffres de l'emploi US et la pire situation sanitaire depuis 10 mois qui ont fait culminer les anticipations d'intervention musclée de la Fed... qui devrait agir dans l'urgence si jamais les discussions au sein du Congrès sur l'adoption d'un plan de relance de 908Mds$ ne devaient pas aboutir avant les fêtes.

Des fêtes par ailleurs compromises par le record (triste record) de cas de Covid et de décès (d'où un risque de ralentissement économique plus évident) ... induisant là aussi une action résolue de la Fed pour traverser cette mauvaise passe.

Jamais il n'est apparu aussi évident que si 'ça va bien' (plus que bien : c'est l'euphorie boursière, le délire des valorisations, l'avidité à l'état chimiquement pur de l'an 2000, le 'full risk on'), c'est parce que par ailleurs, dans le monde réel, ça va mal, et de plus en plus mal aux Etats-Unis.

Est-ce qu'une 'économie de marché' est sensée fonctionner ainsi... quand le malheur des uns (très nombreux) fait le bonheur des (rares) autres ? Peut-elle continuer à se complaire dans la dépendance à 100% de l'interventionnisme des banques centrales, alors que jamais autant de familles américaines n'ont enterré leurs morts que cette semaine ?

Il faut bien sûr revenir sur les mauvais chiffres du jour : le rapport mensuel sur l'emploi aux Etats-Unis (NFP) fut clairement très décevant.

L'économie américaine a créé deux fois moins d'emplois qu'attendu en novembre, selon les chiffres du département du Travail, lequel a fait état de 245.000 créations d'emplois non agricoles le mois dernier, le chiffre le plus faible enregistré depuis six mois, après 610.000 (révisé de 638.000) en octobre.

Les estimations des économistes et analystes s'échelonnaient entre 100.000 suppressions (!) et 975.000 créations de postes (difficile de faire moins 'consensuel' avec 1,075 million d'écart au sein de la fourchette).

Le taux de chômage, calculé sur la base d'une enquête distincte, a en revanche reculé plus qu'attendu à 6,7% après 6,9% en octobre alors que le consensus le donnait à 6,8%.

Le déficit de la balance commerciale des biens et services aux Etats-Unis s'est dégradé de +1,8%, passant de 62,1 milliards de dollars en septembre à 63,1 milliards en octobre, selon les statistiques publiées par le US Census Bureau et le US Bureau of Economic Analysis.

Malgré ces vents contraires, le S&P500 explose la résistance des 3.650 dans le sillage des valeurs pétrolières qui dépassent collectivement les +60% depuis les récents planchers de fin octobre.

L'accord de réouverture graduelle du robinet pétrolier par les membres de l'OPEP + la Russie a rassuré les spécialistes sur la bonne tenue des prix pétroliers d'ici le 1er trimestre 2021.

Ce fut un feu d'artifices sur Occidental Petroleum Corp avec +13,4%, Diamondback +12,7%, Marathon Oil et Apache +10,5%, EOG +10%, Devon +9,3%, National Oilwell et Pioneer Natural +8,3%, Halliburton +7,8%, Conoco +7,5%, Schlumberger +6,3%.

Aux technos, le Nasdaq-100 était propulsé au-delà des 12.500 par Qualcomm +5,1%, Micron +4,9%, Analog Devices et Broadcom +3%, Intel +2%, AMD +1,9%... et Tesla tutoyait les 600$ (à 599$ pour une capitalisation record de 568Mds$, supérieure à la totalité du secteur du luxe français pour un chiffre d'affaire trois fois plus petit et des bénéfices 100 fois plus modestes -en voulant bien considérer que Tesla ne convertit pas son taux d'imposition négatif et les subventions encaissées en bénéfices fictifs).

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