(Reuters) - Wall Street est attendue en baisse lundi et la plupart des Bourses européennes se sont retournées à la baisse à mi-séance, l'euphorie suscitée par les bons chiffres de l'emploi américain s'estompant, tandis que les secteurs sensibles aux taux d'intérêt souffrent de la hausse des rendements obligataires. Les futures sur indices new-yorkais signalent une ouverture de Wall Street en baisse de -0,44% pour le Dow Jones, de 0,52% pour le Standard & Poor's-500 et de 0,69% pour le Nasdaq. À Paris, le CAC 40 gagne 0,10% à 7.549,14 points vers 10h52 GMT, tandis qu'à Francfort, le Dax recule de 0,25%. À Londres, le FTSE 100 prend 0,35%.
L'indice EuroStoxx 50 est pour sa part en baisse de 0,04%, le FTSEurofirst 300 prend 0,06% et le Stoxx 600 recule de 0,03%.
Les rendements des obligations souveraines de la zone euro continuent à progresser lundi, ce qui pénalise les marchés boursiers, après que les données sur l'emploi aux États-Unis ont apaisé les craintes de récession de l'économie américaine et douché les attentes d'une nouvelle réduction de 50 points de base des taux d'intérêt de la Réserve fédérale (Fed) en novembre.
"Les chiffres de l'emploi laissent espérer que les États-Unis ne connaîtront pas de récession. Mais, en même temps, on est déçu qu'il n'y ait pas une autre baisse de taux massive", a déclaré Susannah Streeter, analyste chez Hargreaves Lansdown.
Les opérateurs considèrent désormais qu'il est plus probable que la banque centrale réduise ses taux de 25 points de base en novembre, un net revirement par rapport à la semaine dernière, lorsque la plupart d'entre eux pariaient sur une réduction de 50 points de base.
"Alors que le marché (et la Fed) débattait des probabilités entre un scénario d'atterrissage en douceur et celui d'une récession, le scénario d'absence d'atterrissage dans lequel les pressions inflationnistes resteraient trop élevées revient sur les radars", note pour sa part LBP AM.
En Europe, les marchés ont pour leur part presque entièrement intégré une nouvelle réduction de 25 points de base de la part de la Banque centrale européenne (BCE) lors de la réunion du 17 octobre, les pressions inflationnistes s'atténuant plus rapidement que prévu.
François Villeroy de Galhau, le gouverneur de la Banque de France, a soutenu par ailleurs ce scénario dans un entretien publié lundi par le journal italien La Repubblica, jugeant "très probable" une baisse des taux de la BCE ce mois-ci dans un contexte de croissance économique est faible.
Les récentes données économiques de la zone euro ne sont pas vraiment brillantes : en Allemagne, la principale économie du bloc, les commandes industrielles ont chuté bien plus que prévu sur un mois en août, signe des difficultés que connaît le secteur, tandis qu'un porte-parole du ministère allemand de l'Economie a déclaré lundi que le PIB du pays devrait se contracter de 0,2% cette année.
Le moral des investisseurs dans la zone euro a pour sa part connu une hausse inattendue en octobre, après trois mois consécutifs de baisse, même si le mécontentement à l'égard de la situation actuelle a atteint son plus bas niveau de l'année, selon une enquête publiée lundi.
Un an après les attaques du 7 octobre du Hamas en Israël, le conflit au Proche-Orient continue par ailleurs de susciter les inquiétudes des marchés, notamment sur l'impact que la hausse des prix du pétrole pourra avoir sur la trajectoire de l'inflation.
La Bourse de New York devrait ouvrir en baisse, les investisseurs réduisant leurs paris sur l'ampleur des réductions de taux et la prudence s'imposant avant la publication des données sur l'inflation de jeudi et la saison des bénéfices du troisième trimestre.
La hausse des rendements des obligations du Trésor met sous pression les actions de croissance et fait reculer dans les échanges d'avant-Bourse les grands noms de la technologie tels que Nvidia, Amazon.com et Apple.
VALEURS EN EUROPE
Les secteurs de l'immobilier, la technologie et des entreprises de services publics reculent de 1,2%, 1,3% et 0,1% respectivement, touchés par la hausse des rendements obligataires. À Paris, Ubisoft recule de 4% après avoir publié un communiqué indiquant qu'il prenait note des récentes spéculations de la presse concernant les intérêts potentiels autour de la société. Des rumeurs ont circulé vendredi sur des discussions entre la famille Guillemot et le chinois Tencent.
Atos, qui a déclaré lundi vouloir poursuivre les discussions sur ses actifs stratégiques avec l'État français après avoir échoué à trouver un accord sur l'offre de Bercy visant à racheter certains actifs stratégiques de l'activité Big data and security (BDS) du groupe, prend 0,3%.
Rubis gagne 4,8% après avoir annoncé le lancement d'un plan de rachat d'actions pour un montant de 50 millions d'euros.
Ailleurs en Europe, Richemont, le propriétaire de Cartier, prend 0,7% après avoir accepté de vendre son activité de mode et d'accessoires en ligne Yoox Net-A-Porter (YNAP) à la plateforme de mode de luxe allemande Mytheresa.
TAUX Les rendements obligataires progressent lundi, alors que les données sur le marché du travail américain publiées vendredi ont réduit à néant les espoirs des traders d'une nouvelle réduction agressive des coûts d'emprunt de la Fed en novembre.
Aux Etats-Unis, le rendement des Treasuries à dix ans prend 2,5 points de base à 4,0061%, tandis que celui de l'obligation à deux ans, le plus sensible aux taux, gagne près de 7 points de base à 4,0014%.
En zone euro, le rendement du Bund allemand à dix ans, la référence dans le bloc, prend 3,8 points de base à 2,2520%, tandis que son homologue à deux ans gagne 4,4 points de base à 2,2520%.
CHANGES
Sur le marché des devises, le dollar, qui a atteint vendredi son plus haut niveau en sept semaines après des données bien meilleures que prévu sur les créations d'emplois aux États-Unis, reste en légère hausse lundi, bénéficiant par ailleurs de sa qualité de valeur refuge face aux inquiétudes sur le conflit au Proche-Orient. Le dollar gagne ainsi 0,06% face à un panier de devises de référence, tandis que l'euro perd 0,09% à 1,0966 dollar.
PÉTROLE
Les prix du pétrole progressent lundi, le Brent s'approchant des 80 dollars après la plus forte hausse hebdomadaire depuis début 2023, en raison des craintes d'un conflit plus large au Proche-Orient et d'une perturbation des exportations de la principale région productrice de pétrole.
Le Brent prend 2,05% à 79,65 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) progresse de 2,35% à 76,13 dollars.
PLUS AUCUN INDICATEUR MAJEUR À L'AGENDA DU JOUR
(Certaines données peuvent accuser un léger décalage)
(Rédigé par Diana Mandiá)
par Diana Mandia