New York (awp/afp) - La Bourse de New York a brutalement lâché du lest en fin de séance mercredi, réagissant à une modeste hausse des taux de la Fed, rendue moins agressive vis-à-vis de l'inflation à cause de la crise bancaire.

L'indice Dow Jones a perdu 1,63% à 32.030,11 points, le Nasdaq, à dominante technologique, a lâché 1,60% à 11.669,96 points et le S&P 500 s'est replié de 1,65% à 3.936,97 points.

La Banque centrale a relevé les taux d'un quart de point de pourcentage seulement et signalé qu'elle n'envisageait plus qu'une seule autre hausse de cet ordre à court terme.

Les taux au jour le jour se situent désormais dans la fourchette de 4,75% à 5,00%. L'inflation caracole à 6% sur l'année en février, selon l'indice des prix à la consommation CPI.

Dans le même temps le président de la Fed Jerome Powell s'est attaché à rassurer la planète finance sur la récence crise bancaire en indiquant que l'argent des épargnants américains était "en sécurité" et que le système bancaire restait solide.

Les récentes turbulences ont vu s'effondrer deux banques régionales américaines, Silicon Valley Bank et Signature Bank, tandis qu'en Suisse, le Credit Suisse a dû être racheté in extremis et à prix cassés par son concurrent UBS.

Sur le front des taux et de l'inflation, "le communiqué était plutôt +colombe+", c'est-à-dire favorable à une politique monétaire plus souple, a indiqué Peter Cardillo de Spartan Capital Securities. Mais Jerome Powell "a aussi dit qu'il était difficile de prévoir une récession", a-t-il nuancé.

Ce ton plus laxiste, un bref instant salué par les indices boursiers en séance, a finalement plombé Wall Street qui y voit une façon pour la Fed de compenser le durcissement des conditions financières provoqué par la crise bancaire, notait pour sa part Karl Haeling de LBBW.

"Les conditions financières se sont durcies et probablement davantage que les traditionnels indicateurs ne le montrent", a déclaré M. Powell. Le communiqué du Comité quant à lui a averti que la récente crise des banques était "susceptible (...) de peser sur l'activité économique".

Le patron de l'institution a aussi souligné que la Fed était "résolue à tirer les leçons de l'épisode" bancaire et averti qu'il faudrait davantage de régulation et de supervision.

"Dès qu'on évoque davantage de régulation, c'est un point négatif pour les actions", relevait Peter Cardillo.

Le marché obligataire lui a bien accueilli le ton modéré de la Fed, les rendements sur les bons du Trésor à 10 ans se détendant à 3,44% contre 3,60% la veille. Quant au dollar il s'est écroulé de près de 1% face à l'euro.

Du côté des valeurs, les titres des banques régionales américaines qui avaient fortement rebondi la veille, ont replongé. Ainsi First Republic a perdu 15,47% et Western Alliance Bancorporation presque 5%.

La banque californienne PacWest, qui a annoncé mercredi que ses dépôts avaient fondu de 20%, a vu son action chuter de 17,12% à 10,12 dollars.

Sur les onze secteurs du S&P, celui des banques (-2,44%) et de l'immobilier étaient les lanternes rouges.

L'action très volatile et mascotte des petits porteurs GameStop a bondi de 35,18%.

Le distributeur de jeux vidéo a engrangé son premier bénéfice en deux ans au quatrième trimestre mais bien davantage à cause des coupes dans ses coûts d'exploitation que grâce à la santé de ses ventes, en baisse.

La société spécialisée dans les lancements spatiaux pour petits satellites Virgin Orbit, en difficulté quelques mois après l'échec d'une opération importante, s'est envolée de 33,12% à 59 cents.

L'entreprise, dont les opérations avaient été mises en "pause" par le milliardaire britannique Richard Branson la semaine dernière "dans le but de conserver son capital", prévoit de reprendre son activité jeudi.

afp/rp