Le secteur privé aux Etats-Unis n'a créé que 27.000 emplois en mai, un chiffre nettement inférieur aux attentes et le plus bas depuis mars 2010, suivant les résultats de l'enquête mensuelle du cabinet privé ADP.

Cet indicateur, qui tombe deux jours avant la statistique générale de l'emploi de mai publiée par le département du Travail, a provoqué une hausse des futures de taux, dont l'évolution induit une probabilité de 62,2% d'une baisse des taux, d'au moins 0,75 point, d'ici décembre aux Etats-Unis, contre 54% mardi soir et 14% une semaine auparavant, suivant le baromètre FedWatch de CME Group.

L'indice Dow Jones a gagné 207,39 points, soit 0,82%, à 25.539,57 points. Le S&P-500, plus large, a pris 22,88 points (0,82%) à 2.826,15 points. Le Nasdaq Composite a avancé de 48,36 points (0,64%) à 7.575,48 points.

Les espoirs d'une baisse des taux ont connu un regain de vigueur mardi lorsque Jerome Powell, le président de la Fed, a déclaré que la banque centrale réagirait de manière "appropriée" aux risques nés des tensions commerciales mondiales ou à tout autre risque lié à d'autres événements récents.

Lael Brainard, gouverneur de la Fed, a renchéri ce mercredi en assurant que la Fed était disposée à ajuster ses taux en cas de besoin pour soutenir la croissance.

Ce revirement supposé de la banque centrale s'explique par une intensification des craintes de voir une récession mondiale se produire à la suite de la montée des tensions commerciales entre la Chine et les Etats-Unis le mois dernier.

Sur un autre front commercial, le Mexique espère parvenir à un accord avec les Etats-Unis lors de discussions sur l'immigration prévues ce mercredi à Washington afin d'éviter que le président américain Donald Trump ne mette à exécution sa menace d'imposer à partir du 10 juin des droits de douane sur tous les produits mexicains importés.

L'espoir d'un accord entre les deux pays a également soutenu la Bourse ce mercredi.

Le marché était mûr pour une reprise, estime Mark Luschini (Janney Montgomery Scott), car les trois grands indices ont perdu plus de 6% en mai.

Mais il reste réservé sur la hausse de ce mercredi car, explique-t-il, les investisseurs semblent privilégier les valeurs défensives, comme les "utilities", l'immobilier et celles des biens de première nécessité, plutôt que celles qui sont plus risquées.

Le volume a été de 7,02 milliards de titres échangés contre 7,12 milliards en moyenne sur les 20 séances précédentes.

VALEURS

L'indice des utilities a gagné 2,14%, celui de l'immobilier 2,33% et celui des biens de première nécessité 1,12%. Les deux premiers indices sectoriels réalisent les meilleures performances du jour.

Celui des techs a pris 1,38%, plus forte contribution au marché grâce à Apple (+1,61%) et à Microsoft (+2,17%).

Au contraire, celui de l'énergie a cédé 1,08% dans le sillage du fort recul des cours pétroliers.

A noter la chute de plus de 35% de Gamestop, le distributeur de jeux vidéo ayant réalisé des ventes trimestrielles plus faibles que prévu et ayant passé le dividende, poussant six courtiers au moins à réduire leur objectif de cours.

LES INDICATEURS DU JOUR

En dehors de la statistique de l'emploi ADP, les traders ont appris mercredi que la croissance de l'activité dans le secteur américain des services avait accéléré en mai après son coup de mou du mois précédent, selon l'enquête mensuelle de l'Institute for Supply Management (ISM).

LA SÉANCE EN EUROPE

Les Bourses européennes ont terminé loin de leurs plus hauts du jour mercredi, la deuxième partie de la séance ayant été marquée successivement par un nouvel épisode du conflit entre l'Italie et la Commission européenne, un indicateur économique américain décevant et une rechute des cours du pétrole.

À Paris, le CAC 40 a terminé en hausse de 0,45% (23,74 points) à 5.292,00 points. Le FTSE 100 à Londres et le Dax à Francfort ont progressé de 0,08%.

L'indice EuroStoxx 50 de la zone euro, un temps passé en territoire négatif, a pris 0,19%, le FTSEurofirst 300 0,24% et le Stoxx 600 0,38%.

TAUX

Le rendement à deux ans a touché un plus bas depuis décembre 2017, en réaction à la statistique ADP de l'emploi dans le secteur privé.

Il cédait 2 points de base à 1,853%, après un plancher à 1,773%.

Une bonne partie de la courbe des rendements s'est à nouveau pentifiée, à des niveaux que l'on n'avait plus vus depuis sept mois.

Le 10 ans gagnait un point de base à 2,131%.

CHANGES

Le regain d'espoir d'une hausse des taux américains a profité au dollar qui gagnait 0,27% face à un panier de devises de référence et 0,26% contre le yen, vis-à-vis duquel il avait auparavant touché un plus bas de six mois.

"Non seulement nous prenons en compte une baisse des taux mais en plus nous l'escomptons pour bientôt", a réagi Marvin Loh (State Street Global Markets).

La crainte d'une récession se répand comme une traînée de poudre et les banques centrales d'Australie et de Nouvelle-Zélande ont déjà procédé à des baisses de taux.

PETROLE

Les cours du pétrole ont terminé en nette baisse mercredi sur le Nymex, plombés par une nouvelle hausse forte et inattendue des stocks de brut américains.

Les stocks de brut ont augmenté de 6,77 millions de barils à 483,26 millions sur la semaine au 31 mai, au plus haut depuis juillet 2017, a annoncé l'Agence américaine d'information sur l'énergie (EIA). Les économistes attendaient en moyenne une diminution de 849.000 barils.

A SUIVRE JEUDI 6 JUIN :

Produit intérieur brut (PIB) de la zone euro en version révisée à 11h00 locales.

Décision de politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE) à 13h45 locales, suivie de la conférence de presse du président Mario Draghi à 14h30.

(Medha Singh et Sinéad Carew, Richard Leong, Jessica Resnick-Ault, Kate Duguid; Wilfrid Exbrayat pour le service français)

par Wilfrid Exbrayat