New York (awp/afp) - La Bourse de New York a terminé en baisse mardi, inquiète de l'état du consommateur américain, mais aussi de la perspective de taux élevés pour plus longtemps, tandis que le secteur technologique a, encore une fois, tiré son épingle du jeu.

Le Dow Jones a cédé 1,01%, l'indice Nasdaq s'est effrité de 0,18% et l'indice élargi S&P 500 a reculé de 0,64%.

La place new-yorkaise a démarré du mauvais pied avec les résultats de la chaîne de bricolage Home Depot (-2,51%), qui a publié, avant Bourse, un chiffre d'affaires trimestriel sensiblement inférieur aux attentes et fait état de "pressions" sur la demande.

"Ça a ramené tout le monde sur terre", a commenté Steve Sosnick, d'Interactive Brokers. "Ce n'est pas bon du tout."

L'analyste a souligné que le trimestre décalé de Home Depot s'achevait fin avril, ce qui en fait un indicateur plus avancé que la plupart des sociétés qui ont publié depuis le début de la saison des résultats portant sur les trois premiers mois de l'année.

L'impression a été confirmée par les ventes de détail aux Etats-Unis en avril, qui n'ont augmenté que de 0,4% sur un mois, alors que les économistes prévoyaient une hausse de 0,8%.

Dans le même temps, d'autres indicateurs ont livré un tableau plus positif de la conjoncture américaine, notamment la production industrielle, qui a progressé de 0,5% en avril alors qu'elle était attendue stable, ou l'indice de confiance des promoteurs immobiliers, lui aussi sensiblement meilleur qu'anticipé.

"Ces chiffres sont élevés" et de nature à dissuader la banque centrale américaine (Fed) à baisser son taux directeur à brève échéance, a estimé Steve Sosnick.

Une impression renforcée par les sorties de plusieurs membres de la Fed qui ont défendu, ces derniers jours, l'idée d'un maintien des taux à un niveau élevé à moyen terme, voire, pour certains, de relèvements supplémentaires, a souligné Jack Ablin, de Cresset Capital.

Ce tableau a fait remonter les taux obligataires. Le rendement des emprunts d'Etat américains à 10 ans a grimpé à son plus haut niveau depuis deux semaines, à 3,57%, contre 3,50% la veille en clôture.

Dans le sillage de Home Depot, plusieurs valeurs de la grande distribution, telles l'autre grande chaîne de bricolage Lowe's (-1,16%) ou l'enseigne d'articles électroniques Best Buy (-2,70%), ont souffert.

Le courant a même emporté les mastodontes Target (-1,62%) et Walmart (-1,38%), dont les résultats sont attendus respectivement mercredi et jeudi.

Le Dow Jones a aussi fait les frais de l'initiative de l'autorité américaine de la concurrence, la FTC, qui a saisi la justice pour tenter de bloquer le rachat du laboratoire Horizon Therapeutics (-14,17%) par la biotech Amgen (-2,42%), annoncé fin 2022.

Comme souvent depuis le début de l'année, le secteur technologique a percé dans la grisaille.

"On privilégie la qualité" et les capitalisations géantes, tels Alphabet (+2,68%) ou Amazon (+1,98%), a fait valoir Jack Ablin. "Il y a aussi la vogue de l'intelligence artificielle" (IA), qui bénéficie aux acteurs les plus en vue de cette nouvelle technologie.

L'audition mardi, devant une commission parlementaire, de Sam Altman, patron d'OpenAI, créateur de ChatGPT, a, si besoin était, mis encore un peu plus en lumière l'IA et ses possibilités très étendues.

"Il y a toujours beaucoup d'enthousiasme pour tout ce qui touche de près ou de loin à l'intelligence artificielle", a noté Steve Sosnick.

Le fabricant de semi-conducteurs AMD (+4,19%) et le spécialiste des cartes graphiques Nvidia (+0,90%), grands pourvoyeurs d'éléments cruciaux pour développer les capacités de l'IA, ont ainsi eu aussi le vent en poupe.

tu/er