• Les ETF Lyxor à l’épreuve du réchauffement climatique

Lyxor Asset Management, filiale du groupe Société Générale, a publié une liste de 150 ETF dans une optique de transparence envers les investisseurs en ce qui concerne l’impact écologique de ses fonds négociés en bourse. La société mesure l'alignement de ses ETF actions et obligations d'entreprises sur les objectifs climatiques des accords de Paris. En bref, elle a mis en place une méthodologie qui, grâce à la fourniture de données par Trucost (qui appartient désormais à Standard & Poor’s et s’autoproclame “gold standard” de la fourniture de données pour se prémunir des risques climatiques), lui permet de calculer les émissions passées et anticipées grâce à des modèles complexes. Le but est de classer les fonds en fonction des variations de température engendrées par les émissions de gaz à effet de serre des entreprises qui les composent. 

Parmi les 150 fonds négociés en bourse que Lyxor passe au crible, 21 affichent des trajectoires qui mènent à un réchauffement climatique inférieur à 1.5°C par rapport à l’ère pré-industrielle mais 91 affichent une trajectoire conduisant à un réchauffement climatique supérieur à 3°C. Pour rappel, les Accords de Paris sont juridiquement contraignants et ont pour objectif de limiter le réchauffement climatique à un niveau bien inférieur à 2 degrés Celsius, de préférence à 1.5 degré Celsius, par rapport au niveau préindustriel. De plus, “pour concrétiser cet objectif de température à long terme, les pays visent à atteindre le plus rapidement possible le pic mondial des émissions de gaz à effet de serre afin de parvenir à un monde climatiquement neutre d’ici le milieu du siècle” (CCNUCC). 

Source : Lyxor asset management

  • Les énergies renouvelables  de moins en moins cher

La transition énergétique est dans toutes les têtes, notamment depuis que les différents Etats ont pour objectif zéro carbone d’ici 2050. Les énergies renouvelables, longtemps critiquées pour leur manque de compétitivité, réduisent d’années en années l’écart avec les énergies fossiles. Pour une transition nette vers le renouvelable, il y a trois étapes charnières à remplir selon Gerben Hieminga, économiste chez ING.

Tout d’abord, les énergies renouvelables  bénéficient de coûts marginaux proches de zéro. Une fois les panneaux et les turbines en place, ils constituent la technologie la moins chère pour produire un MWh d'électricité supplémentaire, car le vent et le soleil sont disponibles gratuitement, alors que les centrales à énergie fossile doivent payer pour le gaz ou le charbon.  La seconde étape qui est prise en compte lors de l’investissement est le coût du cycle de vie de l'électricité. En bref, quel est le coût total de la production d'un MWh d'électricité pendant la durée de vie de l'actif. Sur ce point, les énergies renouvelables sont maintenant moins coûteuses que les énergies fossiles et l’écart risque de se creuser dans les prochaines années.

Coût du cycle de vie moyen de l’électricité (source : ING Economics)

En effet, dans le contexte économique actuel, les conditions d’appels d’offre sont très favorables aux panneaux solaires et autres éoliennes. De plus, 35 GW de capacités solaires et éoliennes devraient entrer dans les systèmes électriques européens, ce qui entraînera une baisse des taux d'utilisation des centrales à combustibles fossiles.

Il reste néanmoins des points de friction qui empêchent une transition rapide vers le renouvelable. Premièrement, en prenant en compte le coût des investissements dans le réseau électrique, le point précédent n’est plus aussi clair. En effet, les réseaux électriques montrent de plus en plus leurs limites pour accueillir les énergies renouvelables dans les zones où l'offre d'énergies renouvelables est élevée (par exemple, les grands parcs éoliens et solaires dans les zones rurales) ou dans les zones où la demande d'énergie connaît une forte croissance (par exemple, les nouveaux centres de données dans les zones urbaines). Cet investissement dans les réseaux électriques requiert du temps et un coût non négligeable.

Il ne faut pas oublier également la production variable des énergies solaires et éoliennes, très dépendantes des conditions météorologiques. L’énergie fossile apporte ici une sorte de roue de secours pour permettre une alimentation continue et elle le restera sans une amélioration des capacités de stockage. Enfin, pour une transition énergétique totale, il faut que les coûts de construction de nouveaux projets solaires et éoliens soient inférieurs à ceux de l'exploitation des centrales électriques au charbon ou au gaz existantes, ce qui n’est encore malheureusement pas le cas. Pour conclure, bien que le climat économique actuel soit propice au développement des énergies renouvelables, leurs caractéristiques restent un frein à une transition à 100%.

  • En Bref 
    • La France a annoncé que dans le cadre de sa “stratégie nationale pour les aires protégées”, 30% du territoire devrait bénéficier du statut d’aire protégée d’ici 2030. Le président de la république a fait des déclarations en ce sens lors du One Planet Summit. L’Union Internationale de Conservation de la Nature (UICN) a accueilli positivement la nouvelle, selon Novethics.
    • BlackRock : Larry Fink dans sa désormais bien connue lettre annuelle aux directeurs d’entreprises dont sa société est actionnaire a pressé ces derniers de prendre les mesures nécessaires afin d’atteindre la neutralité carbone en 2050. L’ONG Reclaim Finance s’est empressée de souligner les limites de l’implication affichée de BlackRock dans le réchauffement climatique soulignant que “c’est un pas en avant pour BlackRock de mentionner des sanctions de désinvestissement potentielles pour ses portefeuilles en gestion active, mais celles-ci devraient déjà être automatiques”
    • La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen s’est exprimée au sommet de Davos mardi et a rappelé que le risque climatique était également un risque économique en affirmant que “plus de la moitié du PIB mondial dépend d'une biodiversité et d'écosystèmes qui fonctionnent bien - et cela va de l'alimentation au tourisme, pour ne citer que quelques exemples. Dans le dernier rapport sur les risques mondiaux du Forum économique mondial, les cinq principaux risques mondiaux sont tous liés à l'environnement”.
    • Axel A. Weber, président du conseil d'administration du groupe UBS, a déclaré que l’entreprise a atteint plus tôt que prévu son objectif clé de 5 milliards d'USD pour les investissements liés aux SDG (Sustainable Development Goals) et qu’ils pensaient que le financement durable allait prendre une part importante en cette année 2021.
    • Les acteurs de l'énergie verte sont toujours en pleine bourre en bourse, malgré un relatif coup d'arrêt pour la thématique ESG au 4e trimestre 2020. Barclays a produit le graphique qui suit pour illustrer la valorisation des entreprises de la spécialité.
Source : MSCI, Datastream, Barclays Research
Il s'agit du PE à 12 mois du secteur par rapport au PE Median. Depuis l'été, c'est l'euphorie totale. "Pour l'instant, la surperformance du sous-thème de l'énergie propre/verte semble être entièrement due à la réévaluation du PE plutôt qu'à l'amélioration des perspectives de bénéfices. Le fait que certains investisseurs puissent allouer des fonds à cet espace sans prêter attention aux fondamentaux pourrait être le premier signe d'exubérance, à notre avis", prévient la banque britannique.