LONDRES (Reuters) - Le Premier ministre britannique, Boris Johnson, a présenté une nouvelle fois ses excuses au Parlement mardi pour avoir enfreint les restrictions sanitaires en vigueur pendant l'épidémie de COVID-19, un sujet sur lequel les députés se prononceront par un vote jeudi.

Le chef du gouvernement s'est vu infliger une amende par la police de Londres la semaine dernière pour avoir participé à une fête d'anniversaire en son honneur en juin 2020 alors que tous les Britanniques étaient soumis à une interdiction stricte de toute réunion en intérieur.

Le Parlement n'était pas en séance la semaine dernière mais l'opposition a réclamé la démission de Boris Johnson en l'accusant d'avoir menti aux députés lorsqu'il a affirmé l'an dernier que Downing Street, qui réunit sa résidence officielle et son lieu de travail, avait respecté toutes les règles en vigueur pendant la pandémie.

Lindsay Hoyle, le président ("speaker") de la Chambre des communes, a accédé mardi à la demande de l'opposition d'un vote sur l'opportunité de porter le dossier devant la commission des privilèges de la Chambre afin qu'elle ouvre une enquête.

Selon les règles qui régissent le fonctionnement des institutions britanniques, tromper sciemment le Parlement est une infraction qui justifie la démission de son auteur.

"Je saisis cette occasion, au premier jour de la session, pour renouveler mes excuses sincères à la Chambre", a dit Boris Johnson.

JOHNSON CONSERVE LE SOUTIEN DES DÉPUTÉS CONSERVATEURS

"Dès que j'ai reçu la notification (de l'amende-ndlr), j'ai admis la souffrance et la colère et j'ai dit que les gens étaient en droit d'attendre mieux de la part de leur Premier ministre", a-t-il ajouté en expliquant une nouvelle fois qu'il n'avait pas réalisé à l'époque des faits qu'il enfreignait les règles.

"Il ne m'est pas apparu alors qu'un rassemblement dans la 'Cabinet Room' juste avant une réunion cruciale sur la stratégie COVID pouvait représenter une violation des règles. Je répète que c'était de ma faute et je présente mes excuses pour cela, sans réserves."

Il est peu probable que la motion de l'opposition soit votée jeudi puisque Boris Johnson conserve le soutien d'une large majorité des députés conservateurs.

Si certains élus "tories" sont allés ces derniers mois jusqu'à suggérer sa démission, le déclenchement de la guerre en Ukraine a en effet resserré les rangs de la majorité autour du Premier ministre.

Selon une étude d'opinion réalisée par JL Partners auprès d'environ 2.000 personnes pour le quotidien The Times, 72% des Britannique ont une opinion défavorable du comportement du Premier ministre et 16% seulement une opinion positive. Le mot le plus souvent employé pour le qualifier est "menteur", précise-t-elle.

Le chef de file du Parti travailliste, Keir Starmer, a accusé Boris Johnson d'utiliser la guerre en Ukraine comme bouclier, une tactique qu'il a jugée "assez offensante".

"Il n'a pas seulement enfreint les règles, il a menti à l'opinion publique et il a menti au Parlement à ce sujet", a-t-il dit.

(Reportage Kylie MacLellan, James Davey et Andrew MacAskill, version française Augustin Turpin et Marc Angrand)

par Kylie MacLellan et Andrew MacAskill