Un peu d'histoire

Il n'est pas possible de dater précisément l'apparition des paris, mais des archéologues ont pu découvrir des dés en ivoire remontant à l'Antiquité à Thèbes (Grèce). Les jeux d'argent ont par la suite été prohibés dans de nombreuses civilisations, à commencer par l'Empire Romain. Ce mouvement de répression s'est amplifié avec le développement d'une culture judéo-chrétienne dans les pays occidentaux. En France, il a fallu attendre la Révolution française pour que le jeu commence à être toléré. Et le décret de 1806 pour que les stations balnéaires et thermales puissent accueillir les premiers casinos. Les machines à sous, inventées en 1887 par Charles Frey n'ont, elles, été autorisées en France qu'à partir de 1986.

Quelques années plus tard, l'avènement du World Wide Web permet de donner naissance aux premiers jeux d'argent en ligne. Cryptologic, Microgaming, Intercasino et interlotto sont les pionniers du développement de cette industrie.

Elle n'a néanmoins pas été perçue du même œil partout dans le monde. Alors que les îles Anglo-Normandes, Gibraltar, Antigua-et-Barbuda ou encore l'île de Man, connus pour leur libéralité, y ont vu une opportunité économique, d'autres pays ont eu peur de perdre leur contrôle sur l'addiction et la fiscalité.

Malgré la frilosité de nombreuses nations, les sites de jeux restent accessibles dans la plupart des pays, permettant au marché de dépasser 5 milliards de dollars de revenus annuels au début des années 2000. À cette période, le monde des paris en ligne connaît une croissance à 2 chiffres et PartyGaming entre même au FTSE 100 en 2005. Néanmoins, certains pays renforcent leurs législations avec en point culminant la signature en 2006 du Unlawful Internet Gambling Enforcement Act et l'arrestation du PDG de BetOnSports en vertu du Federal Wire Act aux USA. Cet évènement a marqué un tournant majeur dans le monde du jeu, poussant de nombreuses entreprises à restreindre l'accès à leur site et à se rediriger vers les marchés européens et asiatiques.

Mais au cours des dix dernières années, un mouvement d'assouplissement a vu le jour dans de multiples pays : la France a autorisé les paris sportifs et les jeux de cartes en 2010 (les casinos en ligne demeurent illégaux), l'Espagne a légalisé la majorité des jeux d'argent en 2012… En 2019, sept états des États-Unis et la Suisse ont voté des lois en faveur de la légalisation des jeux d'argent en ligne. La législation n'en reste pas moins très hétérogène d'un pays à l'autre (comme le démontre la carte ci-dessous), ce qui nous amène à penser que le marché potentiel devrait continuer à progresser au cours des prochaines années.

Source : Online Casino Report

Qu'en est-il de la situation actuelle ?

Étant donné qu'il existe une part importante de revenus illégaux dans l'industrie des jeux d'argent en ligne, il est difficile de définir précisément la taille du marché. De nombreux cabinets d'analyse estiment qu'il a progressé en moyenne de 10% par an et que les revenus annuels pour 2019 avoisineraient les 50 milliards de dollars. Selon H2 Gambling Capital, environ la moitié de ces revenus proviendrait de l'Europe. Mais d'autres sources considèrent que le marché se rapproche plus des 80 milliards de dollars et que l'Asie y exerce un rôle bien plus significatif. 

Il peut ensuite être divisé en différentes catégories :

  • Les paris : il s'agit du plus grand groupe (plus de 40% du marché européen). Il comprend les paris sportifs, mais il est également possible de parier sur des évènements d'e-sport.
  • Les loteries (et Bingo) : généralement détenues par l'État, quelques acteurs internationaux ont vu le jour comme Power Ball ou Euro Jackpot. De plus, la FDJ qui s'est introduite en bourse il y a quelques mois opère sur ce segment.
  • Les casinos : machines à sous virtuelles, jeux de table, jeux en live, etc. sont autant de possibilités qu'offre cette catégorie. Par ailleurs, quelques casinos "physiques" ont commencé à s'intéresser à ce secteur.
  • Le poker en ligne : Bien que l'intérêt mondial pour ce segment ait ralenti à partir de 2011 après que les États-Unis aient chassé les principales salles de poker en ligne, le marché reste important et représente près de 250 000 joueurs juste en France.
Source : H2 Gambling Capital

Ces segments sont ensuite partagés entre les différents intervenants qui sont principalement :

  • Les fournisseurs de plateformes qui se spécialisent généralement sur un secteur précis. Ils peuvent proposer des marques blanches, développer des partenariats avec des opérateurs ou agir en tant qu'opérateur.
  • Les opérateurs : il s'agit de l'entreprise en lien avec le client final.
  • Les autres prestataires : sociétés affiliées, prestataires de paiement, médias, etc. sont autant d'intervenants externes qui profitent de la croissance du secteur.

Un regard sur l'avenir

Même si cette industrie est née il y a près de 30 ans, la majorité des analystes continue d’anticiper une croissance forte au cours des prochaines années. La mutation de nos sociétés vers un modèle plus "mobile" avec le désir de tout avoir à portée de main, devrait profiter à l'évolution de ce secteur. Le progrès de la réalité virtuelle, permettra notamment aux développeurs de faire avancer les technologies vers une expérience beaucoup plus immersive.

De plus, le développement des plateformes de streaming a permis à l'industrie du e-sport d'exploser ces dernières années. D’après une étude du cabinet Deloitte, les investissements en la matière ont augmenté de 837% entre 2017 et 2018. Selon Newzoo (étude de 2018), les revenus du marché du e-sport devraient évoluer à une vitesse de 9% par an au cours des prochaines années et atteindre 1,8 milliard de dollars en 2022.

Source : Newzoo

Ce nouveau marché devrait ainsi permettre aux bookmakers de cibler une nouvelle clientèle. D'autre part, malgré l'impact de la pandémie de covid-19 sur le monde du pari, le marché des jeux d'argents en ligne devrait continuer de croître à mesure que les gouvernements laissent ces sites se développer dans leurs pays.

Mais attention, cette évolution risque de rimer avec régulation. La croissance de l'industrie dans certains pays (notamment aux États-Unis et en Europe), risque d'augmenter les exigences du marché en matière de transparence et de sécurité. Il apparaît dès lors que cette évolution devrait mener à la disparition de certains acteurs dont les technologies ne pourront pas progresser assez rapidement. En outre, de gros intervenants pourraient être tentés d'absorber les petites entreprises innovantes ou, bien ancrées sur leur marché. Par ailleurs, la chute des cours boursiers qui s'opère actuellement semble être une opportunité sans précédent pour les sociétés souhaitant se lancer dans des programmes d'acquisition.

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