Le Premier ministre libyen, Abdulhamid al-Dbeibah, a déclaré samedi que l'élimination des milices constituait un "projet en cours", alors qu'un cessez-le-feu, instauré après de violents affrontements cette semaine, était toujours respecté.
"Nous ne ferons preuve d'aucune indulgence envers ceux qui continuent de s'adonner à la corruption ou à l'extorsion. Notre objectif est de créer une Libye débarrassée des milices et de la corruption", a affirmé Dbeibah lors d'une allocution télévisée.
Dbeibah est le dirigeant reconnu internationalement dans l'ouest du pays, siégeant à Tripoli.
Après que Dbeibah a ordonné mardi le démantèlement des groupes armés, Tripoli a été secouée par les affrontements les plus violents de ces dernières années entre deux factions armées. Selon les Nations unies, ces combats ont fait au moins huit victimes civiles.
Le gouvernement a annoncé un cessez-le-feu mercredi.
Cette décision faisait suite à l'assassinat, lundi, du chef de milice Abdulghani Kikli, plus connu sous le nom de Ghaniwa, et à la défaite soudaine de son groupe, le Stabilisation Support Apparatus (SSA), face à des factions alliées à Dbeibah.
Le SSA relève du Conseil présidentiel, arrivé au pouvoir en 2021 avec le Gouvernement d'unité nationale (GNU) de Dbeibah, dans le cadre d'un processus soutenu par les Nations unies.
Le SSA était basé dans le quartier densément peuplé d'Abu Salim.
Le ministère de l'Intérieur du GNU a indiqué dans un communiqué que neuf corps en décomposition avaient été retrouvés dans une chambre froide de la morgue de l'hôpital Al-Khadra, situé à Abu Salim. Selon le ministère, le SSA n'avait jamais signalé leur présence aux autorités.
Le bureau média du Premier ministre a diffusé une vidéo montrant Dbeibah saluant la force de sécurité chargée de protéger le bâtiment de la Primature. Il a ensuite reçu des délégations de notables afin d'évoquer la situation à Tripoli et ce qu'il a qualifié d'"opération de sécurité réussie à Abu Salim".
"Le Premier ministre a souligné que cette opération s'inscrit dans la vision établie de l'État visant à éliminer les formations armées en dehors des institutions policières et militaires", a précisé le bureau média.
Vendredi, au moins trois ministres ont démissionné en signe de solidarité avec des centaines de manifestants descendus dans la rue pour réclamer le départ de Dbeibah.
Dbeibah n'a pas réagi à ces démissions.
"Les manifestations sont agaçantes, mais j'y fais face. Je sais que certaines sont sincères, mais beaucoup sont rémunérées", a-t-il déclaré.
La Mission d'appui des Nations unies en Libye (MANUL) s'est dite inquiète vendredi de l'escalade de la violence à Tripoli, appelant les parties à protéger les civils et les biens publics.
La Libye connaît une instabilité chronique depuis le soulèvement soutenu par l'OTAN en 2011 qui a renversé le dirigeant de longue date Mouammar Kadhafi. Le pays est divisé depuis 2014 entre des factions rivales de l'est et de l'ouest, même si une trêve instaurée en 2020 a mis un terme aux combats majeurs.
Si l'est de la Libye est dominé depuis une décennie par le commandant Khalifa Haftar et son Armée nationale libyenne, le contrôle de Tripoli et de l'ouest du pays se partage entre de nombreuses factions armées.
Grand exportateur d'énergie, la Libye constitue aussi un point de passage important pour les migrants en route vers l'Europe, tandis que son conflit attire de puissances étrangères telles que la Turquie, la Russie, l'Égypte et les Émirats arabes unis.
La compagnie nationale pétrolière NOC a indiqué vendredi que ses activités dans les installations pétrolières se poursuivaient normalement, avec des exportations de pétrole et de gaz régulières.