Les économistes ont revu à la baisse leurs prévisions de croissance économique pour l'Égypte cette année et l'an prochain, en partie à cause des droits de douane imposés par les États-Unis et des perspectives d'un ralentissement de la croissance mondiale, selon une enquête menée par Reuters mercredi.

La prévision médiane issue du sondage réalisé du 9 au 23 avril auprès de 17 économistes table sur une croissance du produit intérieur brut (PIB) de 3,8 % pour l'exercice en cours, qui se termine le 30 juin, contre 4,0 % anticipés lors d'une enquête similaire en janvier.

Le PIB devrait croître de 4,6 % au cours de l'exercice 2025/26, soit une légère baisse par rapport aux 4,7 % prévus en janvier.

« L'impact de l'escalade des tensions commerciales sur l'Égypte se fait surtout sentir par des canaux indirects, c'est-à-dire via une influence négative sur le climat des affaires et la confiance des investisseurs », explique Sri Virinchi Kadiyala, de la banque ADCB à Abou Dhabi, ajoutant que le poids de la dette extérieure importante pèse également sur le pays.

Ivan Burgara, de l'Institute of International Finance (IIF), estime que l'Égypte reste relativement épargnée par les tarifs américains.

« L'Égypte affiche un excédent commercial avec les États-Unis, et le commerce global entre les deux pays reste limité. Le principal choc proviendrait d'un impact secondaire sur la croissance mondiale, notamment en Europe », analyse-t-il.

L'enquête Reuters prévoit une inflation annuelle globale de 20,48 % en 2024/25 et de 12,2 % en 2025/26.

La croissance de l'Égypte est tombée à 2,4 % en 2023/24 contre 3,8 % un an plus tôt, selon les chiffres de la banque centrale, affectée par une crise monétaire et la guerre dans la bande de Gaza voisine, qui a réduit les recettes du canal de Suez et ralenti le tourisme.

La dynamique s'est toutefois redressée après la signature par l'Égypte d'un programme de réformes financières élargi de 8 milliards de dollars avec le Fonds monétaire international, ainsi que l'obtention de 24 milliards de dollars du fonds souverain des Émirats arabes unis pour des investissements immobiliers sur la côte méditerranéenne.

La banque centrale a indiqué ce mois-ci que les premiers indicateurs suggéraient une poursuite de la reprise économique au premier trimestre 2024, dépassant les 4,3 % enregistrés entre octobre et décembre 2024.

L'inflation globale, qui avait reculé depuis son record historique de 38,0 % en septembre 2023, a toutefois accéléré à 13,6 % en mars, contre 12,8 % en février.

Selon la prévision médiane des analystes, la livre égyptienne devrait s'affaiblir à 51,87 pour un dollar d'ici fin juin 2025, puis à 53,10 d'ici fin juin 2026.

Avant de la laisser chuter dans le cadre du programme du FMI de mars 2024, la banque centrale maintenait la livre à un taux fixe de 30,85 pour un dollar. Elle s'échange aujourd'hui autour de 51,0 pour un dollar.

Le taux de prêt au jour le jour de la banque centrale devrait reculer à 24,25 % d'ici fin juin, contre 26,0 % actuellement, puis à 17,75 % d'ici fin juin 2026, selon les estimations des analystes. Ce mois-ci, la banque a abaissé ses taux pour la première fois depuis près de cinq ans.

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