Paris (awp/afp) - Les marchés européens reculaient mardi à leur retour de Pâques, confrontés à des perspectives de croissance peu reluisantes qui ont fait plier plus tôt les places chinoises et à des tensions géopolitiques dommageables.

Les inquiétudes pour la croissance chinoise ont fortement affecté la Bourse de Hong Kong (-2,28%) et fait plier Shanghai (-0,06%) ainsi que Shenzhen (-0,11%), tandis que la Bourse de Tokyo a conclu en hausse de 0,69%, soutenue notamment par la baisse continue du yen face au dollar.

En Europe, les indices débutaient la semaine dans le rouge à Paris (-0,60%), Francfort (-0,49%), Londres (-0,17%) et Milan (- 1,14%) vers 08H30 GMT. En Suisse, le SMI baissait fortement (-1,81%).

"Les préoccupations liées à l'inflation, les perspectives d'un resserrement monétaire agressif de la Réserve fédérale américaine, l'intensification de la guerre dans l'Est de l'Ukraine et la poussée des prix de l'énergie pèsent sur l'appétit des investisseurs", résume Ipek Ozkardeskaya, analyste de Swissquote.

Dans ce contexte, la Banque mondiale table ainsi désormais sur une croissance de 3,2% cette année contre 4,1% anticipé en janvier. Le Fonds monétaire international (FMI) va pour sa part dévoiler ses projections de croissance dans la journée .

La Chine a annoncé lundi un rebond de sa croissance au premier trimestre de 4,8% sur un an, malgré des "défis importants" pour l'économie au moment où le confinement de Shanghai pénalise lourdement l'activité. Ce chiffre est meilleur qu'attendu mais toutefois en-deça de l'objectif de croissance "d'environ 5,5%" cette année fixé par Pékin.

Les ventes de détail, principal indicateur des dépenses des ménages, ont reculé de 3,5% en mars sur un an, sur fond de dynamique qui s'essouffle.

Sur le front géopolitique, la Russie a annoncé mardi matin avoir mené durant la nuit des dizaines de frappes aériennes et de missiles dans l'est de l'Ukraine.

La semaine sera axée sur l'immobilier aux Etats-Unis, qui pourrait être affecté par la hausse des prix hypothécaires, la confiance des consommateurs en zone euro jeudi et enfin, les indicateurs avancés PMI en zone euro et aux Etats-Unis.

"Les résultats des entreprises de technologie aux Etats-Unis devraient aider à déterminer la direction des actions américaines sur le court terme", estime Mme Ozkardeskaya.

IBM et Netflix publient dans la soirée leurs comptes trimestriels, avant Tesla mercredi et Snap jeudi.

L'or recherché, le bitcoin sous pression

Avec les risques géopolitiques, les valeurs refuges étaient recherchées, comme l'or dont l'once s'approchait des 2.000 dollars.

En revanche, le bitcoin était sous pression en raison de l'inflation qui renforce les perspectives de resserrement monétaire aux Etats-Unis.

Sur le marché des changes, le yen continuait à s'affaiblir face au dollar, un dollar s'échangeant vers 08H10 GMT pour 128,17 yens contre 126,99 yens lundi à 21H00 GMT.

L'euro remontait un peu face au dollar (+0,17%) à 1,08 dollar vers 08H08 GMT.

Les cours du pétrole, après avoir profité lundi de l'annonce de l'arrêt de deux sites de productions majeurs en Libye, sur un marché déjà orienté à la hausse par les discussions autour d'un embargo européen sur les exportations russes, se repliaient mardi matin.

Le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juin cédait 0,90% à 112,14 dollars après avoir gagné 1,30% et clôturé à son plus haut niveau en clôture depuis fin mars la veille.

Quant au baril de West Texas Intermediate (WTI), principale variété américaine, avec échéance en mai, il lâchait 0,86% à 107,28 dollars après avoir frôlé les 110 dollars en séance la veille.

Performances éclatées entre les secteurs

Le secteur technologique restait affecté par les questions liées à l'inflation et la normalisation de la politique monétaire.

A Paris, Dassault Systèmes (-2,43%), Worldline (-0,65%) ou Soitec (-0,81%) traînaient les pieds à l'instar de leurs congénères allemandes dont SAP (-1,62%) ou encore les plateformes de commerce numérique Zalando (-2,32%), Delivery Hero (-2,83%) et Hello Fresh (-2,64%).

Les valeurs aéronautiques étaient elles aussi en berne dont Airbus (-0,42% à Paris), Fraport (-1,52% au MDax), Lufthansa (-1,44%) et MTU Aero Engines (-1,62%).

Les ressources de base continuaient à tirer leur épingle du jeu à l'image d' Eramet (+2,16%), Aperam (+1,21%), Rio Tinto (+0,61%) et Glencore (+1,77%).

afp/al