Hong Kong (awp/afp) - L'hypothèse d'une visite imminente à Taïwan de la présidente de la Chambre des représentants américaine Nancy Pelosi faisait chuter mardi les Bourses en Asie, les investisseurs s'inquiétant des risques d'escalade avec la Chine.

Déjà fébriles après une série d'annonces montrant que les économies commencent à souffrir de la flambée de l'inflation et des hausses de taux d'intérêt des banques centrales, les opérateurs redoutent maintenant une déstabilisation de la région en cas de représailles chinoises à la visite de Mme Pelosi.

La présidente de la Chambre des représentants serait, si sa visite se confirme, la plus haute responsable américaine à visiter Taïwan depuis son prédécesseur Newt Gingrich en 1997.

Pékin, qui considère l'île comme une partie de son territoire et s'est promis de la reprendre un jour, a averti qu'il considérerait une telle visite comme une provocation et a multiplié les déclarations musclées ces derniers jours.

Même si la plupart des observateurs jugent faible la probabilité d'un conflit armé, des responsables américains ont dit se préparer à de possibles démonstrations de force de l'armée chinoise, comme des tirs de missiles dans le détroit de Taïwan ou des incursions aériennes massives autour de l'île.

Les Bourses de Hong Kong et Shanghai accusaient le coup en fin de matinée, perdant environ 3% chacune. Taipei cédait 1,8% et Tokyo plus de 1%. Ailleurs dans la régon, Séoul, Singapour, Jakarta, Sydney et Wellington étaient également en baisse.

Hausse du yen

Sur le marché des changes, le yen, valeur refuge, a atteint son plus haut niveau en deux mois face au dollar américain, tandis que le dollar taïwanais perdait 0,7% face au billet vert.

Mme Pelosi, qui a entamé sa tournée asiatique lundi à Singapour, n'a pas expressément mentionné Taïwan sur son itinéraire. Mais plusieurs médias ont affirmé qu'elle rencontrera mercredi à Taipei la présidente taïwanaise Tsai Ing-wen, avant de se rendre au Japon et en Corée du Sud.

"Les risques augmentent", a commenté Stephen Innes, de SPI Asset Management. "Comme il est presque certain que Pelosi se rendra à Taïwan mardi, il appartient maintenant à la Chine de décider s'il y a une escalade ou non".

"Cela pourrait être à peine plus qu'une tempête dans une théière, mais les investisseurs internationaux et taïwanais sont plutôt inquiets", a-t-il ajouté. "Aucune des parties ne veut une vraie guerre, mais les risques de bavure ou même d'escalade agressive des manoeuvres militaires sont réels, ce qui peut toujours conduire à une erreur tactique".

Cette flambée de tensions intervient moins d'une semaine après un entretien téléphonique tendu entre le président américain Joe Biden et son homologue chinois Xi Jinping, au cours duquel ce dernier a exhorté les Etats-Unis de ne pas "jouer avec le feu" concernant Taïwan.

Cette crise pourrait constituer une nouvelle "perturbation à court terme" pour les investisseurs, mais "c'est toujours préoccupant quand cela arrive", a commenté sur Bloomberg Radio Ayako Yoshioka, analyste chez Wealth Enhancement Group.

afp/ck