La livre sterling s'est appréciée jeudi après que la Banque d'Angleterre (BoE) a maintenu ses taux inchangés, invoquant un marché de l'emploi plus faible et la hausse des prix de l'énergie. Les investisseurs y ont vu un signal plus clair quant à la trajectoire des taux britanniques, alors que celle d'autres pays demeure plus incertaine.

Lors d'une journée chargée en décisions de banques centrales, la BoE a laissé son taux directeur à 4,25 %, comme attendu. Les procès-verbaux ont révélé que le soutien en faveur d'une baisse des taux se renforçait parmi les décideurs, une première réduction étant désormais envisagée dès le mois d'août, selon les anticipations des marchés.

La livre sterling a progressé jusqu'à 0,2 % avant de se stabiliser à +0,1 % à 1,34325 dollar, et affichait également une hausse de 0,16 % face à l'euro, qui s'échangeait à 85,40 pence.

La décision de la BoE a été bien accueillie par les marchés, la livre surperformant les autres devises à risque et se maintenant face à un dollar renforcé par la demande de valeurs refuges, dans un contexte de craintes d'un conflit élargi au Moyen-Orient.

« Les taux d'intérêt restent sur une trajectoire baissière graduelle », a déclaré Andrew Bailey, gouverneur de la BoE. « Le monde est extrêmement imprévisible. »

Les analystes ont souligné que la division au sein du comité de politique monétaire était révélatrice : six membres ont voté pour le maintien des taux, contre trois en faveur d'une baisse, alors que le consensus anticipait une répartition de 7 contre 2.

« Ce qu'il faut retenir, c'est ce partage des voix à 6 contre 3. C'est plus accommodant que prévu, et les marchés y verront un signal, mais je pense que cela a peu d'impact concret sur la suite des actions de la BoE », estime Nick Rees, responsable de la recherche macroéconomique chez Monex Europe.

« Cela dit, il est agréable d'avoir une banque centrale relativement prévisible après les deux que nous avons eues ce matin. »

La décision de la BoE est intervenue peu après une baisse de taux de la Banque nationale suisse plus tôt dans la journée, conforme aux attentes mais moins marquée qu'espéré par certains acteurs, compte tenu de la vigueur du franc cette année. Elle a été suivie d'une baisse surprise de la Norges Bank norvégienne.

MANQUE DE VISIBILITÉ

Partout, les banques centrales doivent composer avec l'impact des tarifs douaniers du président américain Donald Trump, qui ont dans de nombreux cas -- comme pour le franc et la couronne norvégienne -- renforcé la monnaie locale au détriment des exportations.

L'incertitude liée à la politique commerciale américaine s'est accrue avec le conflit entre l'Iran et Israël la semaine dernière autour du programme nucléaire de Téhéran.

La BoE se trouve elle aussi dans une situation délicate. L'inflation a ralenti le mois dernier, mais la hausse des prix de l'alimentation et de l'énergie pourrait raviver les pressions inflationnistes.

Dans le même temps, la croissance est atone et les finances publiques limitées assombrissent les perspectives économiques.

« Le mois écoulé a été plutôt mauvais pour le Royaume-Uni, avec des surprises négatives, une inflation un peu plus basse qu'attendu, une croissance plus faible... tout cela semble assez prévisible pour la BoE », analyse Francesco Pesole, stratégiste FX chez ING.

« La courbe n'a pas beaucoup bougé car elle valide ce que le marché attend : une réunion avec maintien, une autre avec une baisse », ajoute-t-il, à propos des anticipations de taux sur le marché obligataire.

La BoE a abaissé ses taux d'emprunt le mois dernier, pour la quatrième fois depuis août 2024.

Marcus Jennings, stratégiste obligataire chez Schroders, note que la réunion de juin de la BoE a été l'un des moments les moins volatils pour le marché des gilts.

Les rendements des gilts à deux ans sont tombés à un plus bas de séance de 3,886 % après la décision de la BoE, avant de remonter légèrement à 3,897 %, évoluant dans une fourchette bien plus étroite que lors de la réunion de mai, où ils avaient oscillé entre 3,935 % et 3,791 %.

Le FTSE 100 a peu réagi à la décision jeudi, cédant 0,3 % sur la séance.

La livre sterling s'est appréciée de 7,4 % face au dollar en 2025, soutenue par une fuite des actifs américains liée à l'incertitude accrue sur le commerce.