Samedi, Israël s'est préparé à recevoir six nouveaux otages de Gaza en échange de centaines de prisonniers et de détenus palestiniens, après que des accusations concernant le retour d'un corps mal identifié cette semaine ont menacé de faire dérailler une trêve fragile.

Les six otages, les derniers vivants d'un groupe de 33 devant être libérés dans la première phase de l'accord de cessez-le-feu conclu le mois dernier, devraient être remis vers 8h30 (0630 GMT), selon des responsables du groupe militant Hamas.

Quatre des otages, Eliya Cohen, 27 ans, Tal Shoham, 40 ans, Omer Shem Tov, 22 ans, et Omer Wenkert, 23 ans, ont été capturés par des hommes armés du Hamas lors de leur attaque contre Israël le 7 octobre 2023. Deux autres, Hisham Al-Sayed, 36 ans, et Avera Mengistu, 39 ans, sont détenus par le Hamas depuis qu'ils sont entrés séparément à Gaza dans des circonstances inexpliquées il y a une dizaine d'années.

En contrepartie, Israël devrait libérer 602 prisonniers et détenus palestiniens dans ses prisons, dans le cadre de la dernière étape d'un échange qui a tenu bon malgré une série de problèmes qui ont failli le faire sombrer à plusieurs reprises.

Jeudi en fin de journée, Israël a accusé le Hamas d'avoir violé le cessez-le-feu en remettant un corps non identifié au lieu de la dépouille de l'otage Shiri Bibas qui devait être restituée avec les corps de ses deux jeunes fils.

Le Hamas a déclaré que les restes de Shiri Bibas semblent avoir été mélangés à d'autres restes humains retrouvés dans les décombres après une frappe aérienne israélienne qui, selon lui, a tué Shiri et ses deux fils en novembre 2023. Vendredi, le groupe a remis un autre corps, que les médecins légistes israéliens s'apprêtent à examiner pour en confirmer l'identité.

La famille Bibas, enlevée avec son père lors de l'attaque du 7 octobre, est l'emblème du traumatisme subi par Israël ce jour-là. L'identification erronée des restes de Shiri Bibas, ainsi que la mise en scène de la remise de leurs cercueils par le Hamas, ont indigné les Israéliens.

L'armée israélienne a déclaré que les évaluations des services de renseignement et les analyses médico-légales des corps de Kfir Bibas, âgé de 10 mois, et de son frère Ariel, âgé de 4 ans, ont montré que tous deux avaient été tués délibérément par leurs ravisseurs.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a menacé de faire "payer le prix fort" au Hamas s'il ne restituait pas les corps, mais il s'est abstenu de rompre l'accord de cessez-le-feu, qui est entré en vigueur le 19 janvier.

Le Hamas, qui a lui-même accusé Israël de violer le cessez-le-feu en bloquant l'acheminement de l'aide vitale à Gaza, a néanmoins informé officiellement Israël des noms des otages qui devaient être libérés samedi, signe que le transfert allait avoir lieu.

Le cessez-le-feu a permis une pause dans les combats, mais les perspectives d'une fin définitive de la guerre restent floues. Le Hamas, qui a tué quelque 1 200 personnes et pris 251 otages lors de son attaque contre Israël, s'est efforcé de démontrer qu'il conservait le contrôle de la bande de Gaza malgré les lourdes pertes subies au cours de la guerre.

La campagne israélienne a tué au moins 48 000 personnes, selon les autorités sanitaires palestiniennes, et réduit une grande partie de l'enclave à l'état de ruines, laissant des centaines de milliers de personnes dans des abris de fortune et dépendant des camions d'aide.

Les deux parties ont déclaré qu'elles avaient l'intention d'entamer des pourparlers dans un deuxième temps. Selon les médiateurs, ces pourparlers visent à obtenir le retour d'une soixantaine d'otages restants et le retrait des troupes israéliennes.

Mais les espoirs d'un accord ont été assombris par les désaccords sur l'avenir de Gaza, qui ont été aggravés par le choc provoqué dans toute la région par la proposition du président américain Donald Trump de débarrasser l'enclave des Palestiniens et d'en faire une station balnéaire de type Riviera sous le contrôle des États-Unis.