AMSTERDAM (Reuters) -La chambre préliminaire de la Cour pénale internationale a émis des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant pour des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité qui auraient été commis dans la bande de Gaza, a annoncé la CPI jeudi.

Elle a rejeté les recours déposés par Israël refusant la compétence de la CPI.

La chambre préliminaire a aussi émis un mandat d'arrêt contre le dirigeant du Hamas palestinien Mohammed Deif pour des crimes de guerre et crimes contre l'humanité qui auraient été commis en Israël et dans la bande de Gaza.

Les crimes présumés attribués aux trois hommes auraient été commis lors et à la suite de l'attaque du Hamas dans le sud d'Israël le 7 octobre 2023, suivie dès le lendemain par une intense campagne militaire israélienne dans la bande de Gaza en représailles.

Le Hamas et ses alliés ont tué 1.200 personnes et enlevé plus de 250 otages en Israël le 7 octobre 2023, selon un bilan israélien.

Environ 44.000 Palestiniens sont morts en un peu plus d'un an de guerre menée par l'armée israélienne dans la bande de Gaza, dont la majorité des 2,3 millions d'habitants ont été déplacés, parfois plusieurs fois, par les combats, selon les autorités du territoire.

La chambre préliminaire de la CPI considère qu'il existe des motifs raisonnables de penser que Benjamin Netanyahu et Yoav Gallant, évincé du gouvernement israélien en début de mois, portent tous deux la responsabilité pénale du recours à la famine comme arme de guerre, ce qui constitue un crime de guerre, et de meurtres, persécutions et actes inhumains, tous considérés comme des crimes contre l'humanité.

Les deux hommes sont notamment soupçonnés d'avoir volontairement et en connaissance de cause privé la population civile de Gaza des éléments indispensables à sa survie, nourriture, eau, médicaments, essence et électricité. Ils seraient aussi responsables d'attaques dirigées intentionnellement contre des civils à Gaza.

Concernant Mohammed Deif, la CPI dit poursuivre la procédure engagée à son encontre tant que sa mort n'a pas été confirmée. Elle l'a en revanche interrompue contre Ismail Haniyeh et Yahia Sinouar, tous deux assassinés par Israël cette année.

Mohammed Deif, chef des Brigades al Qassam, la branche armée du Hamas, est notamment accusé de meurtres, extermination, torture, viols et agressions sexuelles, enlèvements ou encore outrages à la dignité humaine.

La CPI, qui compte 123 pays membres, ne dispose pas de sa propre police et compte sur la coopération des Etats pour procéder aux arrestations et à la remise des suspects. Israël et son principal allié, les Etats-Unis, ne sont pas membres de cette juridiction basée à La Haye, pas plus que la Chine et la Russie.

L'émission de ces mandats d'arrêt a été immédiatement critiquée en Israël, dont le président Isaac Herzog l'a qualifiée de "décision absurde". L'ancien Premier ministre Naftali Bennett y a vu le "sceau de la honte" pour la CPI et le chef de l'opposition Yair Lapid a dénoncé une "récompense pour le terrorisme".

(Rédigé par Toby Sterling, Charlotte Van Campenhout, Makini Brice, version française Bertrand Boucey, édité par Sophie Louet)