par Jeff Mason, Matt Spetalnick et Steve Holland
WASHINGTON, 5 février (Reuters) - Donald Trump a proposé mardi de reloger de manière permanente les habitants de la bande de Gaza hors de l'enclave palestinienne, que le président américain a décrite comme un "site de démolition", alors qu'il recevait à Washington le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu pour des discussions considérées comme cruciales pour le Proche-Orient.
Peu avant l'arrivée du dirigeant israélien - le premier dirigeant étranger reçu à la Maison blanche depuis le début du second mandat de Donald Trump le 20 janvier -, le président américain a réitéré sa demande que des pays voisins comme la Jordanie et l'Egypte accueillent les Palestiniens de Gaza.
Donald Trump a toutefois ajouté mardi qu'il était favorable à ce que cette réinstallation soit "permanente", déclarant que les Gazaouis n'avaient pas d'autre alternative que de quitter l'enclave, ravagée par plus de quinze mois d'une offensive menée par Israël en réponse à l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023.
L'avenir du cessez-le-feu fragile dans la bande de Gaza, ainsi que les moyens de contrer l'Iran et d'oeuvrer à la normalisation des liens entre Israël et l'Arabie saoudite, devaient être au coeur de l'entretien entre Donald Trump et Benjamin Netanyahu, lequel entend tourner la page de relations crispées avec l'ancien président américain Joe Biden.
"C'est purement un site de démolition", a déclaré, à propos de la bande de Gaza, le locataire républicain de la Maison blanche avant l'arrivée du Premier ministre israélien.
"Si on pouvait trouver un petit bout parfait de territoire, ou plusieurs petits territoires, et leur bâtir dans la région de jolis endroits avec plein d'argent, (...) ce serait bien mieux que de retourner à Gaza", a-t-il ajouté devant des journalistes.
"Je ne sais pas comment (les Palestiniens) pourraient avoir envie de rester", a répondu Donald Trump à la question de savoir comment les dirigeants palestiniens et arabes réagiraient à sa proposition, alors qu'ils avaient fermement rejeté l'hypothèse de reloger les Gazaouis hors de l'enclave, même temporairement.
"DANS DE BELLES MAISONS OÙ ILS NE SE FERONT PAS TIRER DESSUS"
Quelques instants plus tard, avec Benjamin Netanyahu à ses côtés dans le Bureau ovale, Donald Trump a effectué des commentaires similaires, suggérant qu'il serait préférable pour les Palestiniens de quitter pour de bon la bande de Gaza et être logés "dans de belles maisons où ils pourront être heureux, où ils ne se feront pas tirer dessus, pas tuer".
Le président américain n'a donné aucun détail sur la manière dont il envisageait un tel processus de relocalisation.
Cette idée s'inscrit dans la lignée de la volonté de l'extrême droite israélienne et contredit l'une des promesses de Joe Biden, qui s'était prononcé contre le déplacement massif des Palestiniens.
Des groupes de défense des droits de l'homme ont dénoncé par le passé une volonté de nettoyage ethnique.
Tout déplacement forcé de la population gazaouie constituerait une violation du droit international.
Donald Trump a accueilli Benjamin Netanyahu sur le parvis de la Maison blanche, où les deux dirigeants ont pris la pose, avec le sourire, devant les photographes.
La visite du Premier ministre israélien a pour but de mettre en exergue les relations étroites qu'il entretient avec le président républicain des Etats-Unis, alors que des divergences étaient apparues avec le démocrate Joe Biden à propos de la manière dont Israël menait son offensive dans la bande de Gaza.
Benjamin Netanyahu n'a toutefois pas la garantie d'être épargné complètement de toutes pressions de la part de Donald Trump, au caractère imprévisible et dont les objectifs globaux pour le Proche-Orient pourraient différer des intérêts géopolitiques du Premier ministre israélien.
En appelant de nouveau à reloger les Gazaouis, le président américain a alimenté les préoccupations régionales, de nombreux pays s'interrogeant sur ce que le retour au pouvoir de Donald Trump signifiait pour eux.
Au cours de son premier mandat, il avait offert plusieurs victoires à Benjamin Netanyahu, décidant notamment de déplacer de Tel Aviv à Jérusalem l'ambassade américaine en Israël et chapeautant les accords dit d'Abraham qui ont normalisé les liens entre l'Etat hébreu et plusieurs pays arabes. (Jeff Mason, Matt Spetalnick et Steve Holland, avec Kanishka Singh, Susan Heavey et Katherine Jackson; version française Jean Terzian)