Au moins 50 Palestiniens ont été tués mardi par des frappes aériennes israéliennes à Gaza, selon des sources médicales locales, alors qu'Israël poursuit son bombardement malgré la pression internationale croissante pour mettre fin aux opérations militaires et permettre l'acheminement sans entrave de l'aide humanitaire dans la bande de Gaza.

Les frappes ont touché l'ensemble du territoire, et les médecins sur place indiquent que parmi les sites visés figuraient deux habitations où femmes et enfants comptent parmi les 18 morts, ainsi qu'une école abritant des familles déplacées.

L'armée israélienne, qui avait averti lundi les habitants de la ville de Khan Younis, au sud de Gaza, d'évacuer vers la côte en prévision d'une « attaque sans précédent », n'a pas fait de commentaire immédiat.

À Gaza-ville, des images de Reuters montrent des hommes, des femmes et des enfants fouillant les décombres de l'école du quartier Daraj où ils s'étaient réfugiés, parmi des vêtements calcinés et un ours en peluche rouge éparpillés au milieu des effets personnels.

À l'hôpital Al-Ahli, tout proche, des hommes ont prié devant des corps enveloppés dans des linceuls blancs avant de les porter en terre.

« Quel est notre crime ? Quel est le crime des enfants ? Quel est le crime des femmes que nous avons retrouvées sur les escaliers, les cheveux et les vêtements déchirés et brûlés ? » s'interroge Omar Ahel, qui s'abritait dans l'école. « Par Dieu, c'est une injustice. »

Selon les médecins de Gaza, les frappes israéliennes ont tué plus de 500 personnes au cours des huit derniers jours, alors que la campagne militaire s'intensifie.

La guerre terrestre et aérienne menée par Israël a dévasté le territoire côtier, provoquant le déplacement de la quasi-totalité des 2,3 millions d'habitants et causant la mort de plus de 53 000 personnes, d'après les autorités sanitaires de Gaza.

La campagne militaire a débuté après l'attaque menée par des militants dirigés par le Hamas contre des communautés israéliennes proches de la frontière de Gaza en octobre 2023, qui a fait environ 1 200 morts et 251 otages, selon les chiffres israéliens.

« TOUT EST VIDE »

La guerre a tendu les relations d'Israël avec une grande partie de la communauté internationale, et même avec son plus proche allié, les États-Unis, dont le soutien semble vaciller.

Depuis l'imposition d'un blocus sur la nourriture et d'autres approvisionnements le 2 mars, Gaza fait également face à un risque critique de famine, a averti ce mois-ci un observatoire de la faim soutenu par l'ONU.

Lundi, Israël a autorisé l'entrée de neuf camions dans Gaza, et mardi, les Nations unies ont indiqué avoir reçu l'accord d'Israël pour faire entrer environ 100 camions d'aide.

L'ONU rappelle depuis longtemps que Gaza a besoin d'au moins 500 camions d'aide et de marchandises commerciales chaque jour. Tout au long du conflit, les camions d'aide sont restés bloqués des semaines, voire des mois, à la frontière.

Louise Wateridge, porte-parole de l'agence onusienne pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), a déclaré mardi qu'il ne restait quasiment plus de nourriture.

« Tout est vide. Les entrepôts, les centres de distribution, ils sont vides depuis des semaines », a-t-elle indiqué, depuis un entrepôt en Jordanie qui, selon elle, contient de la nourriture pour 200 000 personnes, pouvant être acheminée à Gaza en quelques heures.

Les dirigeants britannique, français et canadien ont averti lundi qu'ils pourraient prendre des « mesures concrètes » contre Israël si elle ne mettait pas fin à ses opérations militaires à Gaza et ne levait pas les restrictions sur l'aide.

Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a déclaré mardi à la radio française qu'un nombre croissant de pays, dont la France, appelaient à revoir l'accord d'association de longue date avec Israël. L'aide doit être « immédiate, massive et sans entrave », a-t-il martelé.

RELATIONS DÉGRADÉES

Les relations entre Israël et la France se sont dégradées, Paris suggérant même qu'elle pourrait reconnaître un État palestinien. Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, s'oppose farouchement à la création d'un État palestinien.

Netanyahou affirme que son pays mène une « guerre de la civilisation contre la barbarie » et a promis de « continuer à se défendre par des moyens justes jusqu'à la victoire totale ».

Il a déclaré qu'Israël visait à contrôler l'ensemble de la bande de Gaza.

Yair Golan, ancien chef d'état-major adjoint de l'armée israélienne et actuel dirigeant du parti d'opposition de centre-gauche Démocrates, a déclaré à la radio locale Kan qu'Israël risquait de devenir un État paria.

« Un pays sain ne combat pas des civils, ne tue pas des bébés par plaisir, et ne poursuit pas des objectifs d'expulsion de population », a-t-il affirmé.

Ses propos ont suscité une vive réaction du Premier ministre, qui a accusé Golan de « reprendre les accusations antisémites les plus méprisables » contre Israël et son armée.

L'armée a publié sa propre déclaration, affirmant que le chef d'état-major Eyal Zamir condamne toute déclaration remettant en cause les valeurs de l'armée et la moralité de ses soldats.

Les dirigeants israéliens maintiennent qu'ils peuvent libérer les otages et démanteler le Hamas par la force.

Le Hamas a déclaré de son côté qu'il libérerait les otages en échange de la fin de la guerre et de la libération des Palestiniens détenus dans les prisons israéliennes.