Paris (awp/afp) - Les Bourses européennes ont ouvert en hausse mardi, alors que l'Allemagne s'apprête à voter un plan d'investissements massifs dont tout le Vieux continent pourrait bénéficier, et que les investisseurs cherchent des opportunités ailleurs que sur les marchés américains.
Dans les premiers échanges, Paris gagnait 0,54%, Francfort 1,07%, Londres 0,36% et Milan 0,95%.
Les députés allemands vont se prononcer sur le plan d'investissements géants de Friedrich Merz, un tournant majeur pour le pays qui veut dépenser sans compter pour se réarmer et se moderniser.
Le probable futur chancelier s'apprête à enterrer le dogme de l'orthodoxie budgétaire dont il a toujours été un fervent défenseur.
"Les investisseurs internationaux, qui ont renforcé leurs positions sur les actions allemandes ces derniers mois, espèrent un coup de fouet sur la politique budgétaire", note Jochen Stanzl, chez CMC Markets.
Les actions européennes se sont redressées ces dernières semaines à l'annonce de ce plan, qui présage un relâchement de la pression budgétaire en Europe.
"Avec l'accord conclu vendredi entre la CDU/CSU, le SPD et les Verts, l'essentiel du risque" que le plan ne soit pas voté "a été écarté", soulignent des analystes de Deutsche Bank. "Toutefois, il subsiste des sources mineures d'incertitude, allant de la possibilité de députés qui font dissidence à l'absence d'une majorité de deux-tiers à la chambre haute vendredi".
Vers 08H25 GMT, le taux d'intérêt de l'emprunt à dix ans allemand se portait à 2,84%, contre 2,81% la veille à la clôture.
Dans le même temps, les mesures économiques portées par Donald Trump depuis le début de son mandat, et en premier lieu les hausses de droits de douane, incitent les investisseurs sur les places américaines à se tourner vers d'autres marchés.
Ces menaces font fuir "les investisseurs qui retirent leurs avoirs de la Bourse américaine pour des contrées plus amicales", estime Christopher Dembik, conseiller en stratégie d'investissement chez Pictet AM.
Les principaux indices américains avaient essuyé d'importantes pertes la semaine précédente. Lundi, la Bourse de New York a fini en hausse modérée, bénéficiant d'une deuxième séance consécutive de rebond technique, l'indice élargi S&P 500 gagnant notamment 0,64%.
Pour John Plassard, spécialiste de l'investissement pour Mirabaud, les investisseurs "observent avec une anxiété croissante l'escalade de la guerre tarifaire de Donald Trump et l'augmentation des licenciements dans l'administration fédérale."
Dans la même veine, la publication lundi d'un indicateur sur le niveau de consommation des Américains n'a pas rassuré.
Les ventes au détail aux Etats-Unis en février sont ressorties en dessous des attentes des analystes, ce qui pourrait être un signe d'un ralentissement de la première économie mondiale.
L'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a d'ailleurs revu à la baisse les perspectives de croissance de nombreux pays pour 2025, dont les Etats-Unis.
La banque centrale américaine, la Fed, annoncera mercredi sa décision sur l'actualisation des taux directeurs américains.
Des taux directeurs à un niveau élevé, comme c'est le cas actuellement, permettent de lutter contre l'inflation, mais cela se fait au détriment de la croissance économique.
Les investisseurs s'attendent à ce que la Fed maintienne les taux inchangés, mais les "signes de tension sont évidents", estime John Plassard.
"Les pressions inflationnistes obligeront-elles la Fed à maintenir les taux à un niveau élevé ? Ou bien un ralentissement de la croissance et une hausse du chômage la pousseront-ils à réduire ses taux ?", s'interroge-t-il.
Tout commentaire sur ces questions de la part du président de la Fed, Jerome Powell, sera donc scruté avec attention par les marchés.
En quête d'autres opportunités, les investisseurs, se sont également tournés vers les marchés asiatiques.
A Hong Kong, l'indice Hang Seng a clos en hausse de 2,46%.
Outre des indicateurs chinois jugés encourageants, la place hongkongaise a été dopée par un regain d'enthousiasme pour les valeurs technologiques, dans la foulée de leur forte envolée du début d'année qui s'était récemment essoufflée.
Surtout, le champion chinois des voitures électriques BYD s'est envolé de 6% à l'ouverture et gagnait encore de 3,8% en fin d'échanges, après l'annonce la veille par le groupe d'un système de chargement ultrarapide l'emportant selon lui largement sur celui de l'américain Tesla.
L'indice vedette japonais Nikkei a également progressé en clôture (+1,20%).
Nouveau sommet de l'or, portées par les incertitudes
L'incertitude persistante sur la guerre douanière lancée par le président américain Donald Trump favorise également l'or, valeur refuge par excellence, dont la stabilité rassure les investisseurs.
Vers 08H30 GMT, le métal jaune s'est hissé à un nouveau record historique, à 3.020 dollars l'once.
"La tempête est loin d'être terminée, et avec la prochaine escalade (des droits de douane) qui se profile, le marché oscille entre optimisme et prise de conscience (des dangers à venir)", avertit Stephen Innes, de SPI Asset Management.
Le pétrole tiré par les tensions au Yémen
Le cours du pétrole restait soutenu par les tensions croissantes en mer Rouge, entre frappes des Etats-Unis au Yémen et riposte des rebelles houthis, les opérateurs craignant un élargissement du conflit dans la région et des perturbations des approvisionnements de brut.
Vers 08H30 GMT, le prix du baril de WTI américain gagnait 0,88% à 68,18 dollars et celui de Brent de la mer du Nord 0,90% à 71,71 dollars.
afp/jh