Paris (awp/afp) - Les marchés européens étaient en légère baisse vendredi dans les premiers échanges, gagnés par les inquiétudes concernant l'impact à venir de la politique commerciale de Donald Trump et les mesures de rétorsion des autres pays.
La Bourse de Paris reculait de 0,69% vers 09h30, tout comme celles de Francfort (-0,88%), de Londres (-0,56%) et de Milan (-0,61%).
La tendance semble s'inverser pour les places européennes qui profitaient depuis quelques semaines des inquiétudes des investisseurs, en recherche d'opportunités ailleurs qu'aux Etats-Unis.
L'indice CAC 40 a ainsi gagné 11,30% depuis trois mois, l'indice vedette de Londres 7,40%, celui de Francfort 16,00% et celui de Milan 16,15%, quand Wall Street enchaînait les séances en baisse ces dernières semaines.
Mais Paris, Francfort, Londres et Milan évoluent en baisse vendredi et ont terminé dans le rouge jeudi, dans un mouvement de prise de bénéfices des investisseurs, par ailleurs toujours plus incertains sur l'impact de la politique commerciale de Donald Trump après plusieurs déclarations de banque centrales.
Jeudi, trois banques centrales --celles de Suisse, d'Angleterre et de Suède-- ont exprimé l'incertitude que faisait naître la politique commerciale de Donald Trump pour leurs prévisions de croissance et d'inflation, essentielles dans leurs décisions de déterminer les taux directeurs.
Le président de la banque centrale américaine (Fed) Jerome Powell avait pareillement estimé mercredi que "l'incertitude (était) inhabituellement élevée."
Il avait, dans ce contexte, relevé les prévisions d'inflation aux Etats-Unis pour 2025 et abaissé celles concernant la croissance américaine.
La date du 2 avril est dans tous les esprits: c'est à cette échéance que les droits de douane dits "réciproques" voulus par Donald Trump doivent être mis en place.
D'ici là, la position des uns et des autres peut évoluer. La Commission européenne a annoncé jeudi reporter de deux semaines, à mi-avril, l'entrée en vigueur de ses contre-mesures visant des produits américains en réponse aux taxes de 25% décidées par Donald Trump sur l'acier et l'aluminium.
L'Europe profitait également depuis plusieurs semaines des annonces d'investissements massifs sur le continent dans la défense.
L'Union européenne a ainsi donné mercredi le coup d'envoi d'un plan de 800 milliards d'euros visant à réarmer le continent d'ici à 2030, face à la menace russe et au risque de désengagement américain.
L'Allemagne devrait également ouvrir les vannes de la dépense pour financer sa défense et relancer son économie.
Ces annonces d'afflux de capitaux avaient ravi les investisseurs. Mais l'entrain semble ralentir : "de nombreux investisseurs considèrent aujourd'hui que la plupart des dépenses européennes à venir en matière d'infrastructures et de défense ont déjà été prises en compte" dans les prix des actions, qui ne devraient plus augmenter voire pourraient baisser, note Ipek Ozkardeskaya, analyste de Swissquote Bank.
Les marchés asiatiques sont également restés extrêmement nerveux, suspendus à tout nouveau développement sur la politique commerciale américaine.
A la Bourse de Tokyo, l'indice vedette Nikkei a clôturé en repli de 0,19%, et les Bourses chinoises ont piqué du nez: l'indice hongkongais Hang Seng lâchait 2,19% dans les derniers échanges, l'indice composite de Shanghai a clôturé à -1,29% et celui de Shenzhen 1,76%.
BYD redescend sur terre
L'action du champion chinois de la voiture électrique BYD était en pleine forme depuis le début de la semaine après l'annonce d'un nouveau chargeur ultra-rapide, mais elle plongeait de 7,69% à Hong Kong dans les derniers échanges vendredi, après des informations de presse évoquant les étapes préliminaires d'une enquête de la Commission européenne sur les subventions étrangères dont aurait bénéficié une usine du groupe en Hongrie.
Le pétrole progresse, dopé par les sanctions sur l'Iran
Les cours du pétrole restaient dopés vendredi par les nouvelles sanctions du Trésor américain visant à réduire les exportations d'or noir de l'Iran.
Vers 09h30, le baril de WTI américain gagnait 0,42% à 68,36 dollars et celui de Brent de la mer du Nord 0,36% à 72,26 dollars.
"Cependant, les prix du Brent sont restés bien en deçà de leur pic de mi-janvier et pourraient encore baisser face à la conjonction de plusieurs facteurs", dont le feu vert des pays de l'Opep+ à un renforcement de leur production pétrolière, l'impact de la guerre douanière sur la demande mondiale, ou encore un cessez-le-feu en Ukraine qui verrait le retour du brut russe, prévient Lloyd Chan, de la banque MUFG.
Le bitcoin perdait 4,18%, à 83'805 dollars.
afp/rr