Paris (awp/afp) - Les marchés européens profitent de l'absence des investisseurs américains, en raison d'un jour férié, pour rebondir jeudi, la crise politique française restant cependant surveillée comme le lait sur le feu.

"C'est une journée d'introspection" pour les marchés européens, commente Andreas Lipkow, analyste indépendant, en raison du jour férié aux Etats-Unis pour les congés de Thanksgiving.

En Europe, vers 12H15 GMT, la Bourse de Paris avançait de 0,47%, Francfort gagnait 0,64%, Milan 0,42% et Londres était stable (+0,01%).

L'attention du Vieux continent se porte en particulier sur la France, enlisée dans une crise politique, à la veille de la prochaine révision de notation de sa dette par l'agence S&P.

Le Premier ministre français, Michel Barnier, est quasiment condamné à utiliser son premier 49.3 à l'Assemblée nationale lundi.

Or, "lorsque le gouvernement active la procédure du 49.3, l'opposition peut présenter une motion de censure à voter dans les 48 heures", rappelle Bruno Cavalier, chef économiste d'Oddo BHF.

Dans ce contexte, le parti d'extrême droite, le Rassemblement national (RN), continue de faire pression sur le gouvernement en menaçant de se rallier à la gauche pour faire tomber le gouvernement en cas de motion de censure.

Le ministre de l'Economie et des Finances en France, Antoine Armand, s'est dit disposé à faire "des concessions" sur les textes budgétaires, notamment concernant la taxe sur l'électricité, afin d'éviter la "tempête" économique et financière qu'entraînerait, selon lui, la chute du gouvernement, sans que le budget 2024 soit voté.

"Le Premier ministre a parlé de tempête. Ce n'est pas un mot choisi au hasard, c'est un mot qui a une résonance financière, économique et budgétaire, et nous sommes évidemment prêts à des concessions pour éviter cette tempête", a-t-il déclaré sur BFMTV/RMC.

Le CAC 40 souffre particulièrement des événements politiques.

Sur le marché obligataire, où s'échange la dette déjà émise, le taux des emprunts à échéance dix ans de la France ressortait à 2,98%, au même niveau que son équivalent grec.

Pour l'instant, "le casse-tête français actuel reste localisé", note Ipek Ozkardeskaya, analyste de Swissquote Bank.

La situation pourrait cependant "freiner l'euro, tout comme les opinions divergentes des membres de la Banque centrale européenne (BCE) sur la rapidité avec laquelle l'institution monétaire devrait réduire ses taux d'intérêt", a-t-elle poursuivi.

Vers 12H15 GMT, la monnaie unique reculait de 0,14% par rapport à la devise américaine, à 1,0551 dollar pour un euro.

Dr Martens porté par des résultats meilleurs qu'attendu

La marque britannique de chaussures Dr Martens, plombée ces dernières années par des difficultés aux Etats-Unis, grimpe de 11,59% à Londres après avoir annoncé jeudi des résultats semestriels meilleurs qu'attendu - malgré un chiffre d'affaires en baisse et une perte nette.

Assurance: Direct Line rejette une offre

L'assureur britannique Direct Line Insurance a rejeté une offre de reprise à 3,3 milliards de livres (4 milliards d'euros) de son compatriote Aviva, mais le marché attend une surenchère, ce qui fait s'envoler son titre de plus de 42% à Londres.

Le pétrole baisse

Le marché du pétrole était en baisse vers 12H20 GMT: le prix du baril de Brent de la mer du Nord reculait de 0,68% à 73,33 dollars et celui de West Texas Intermediate, ou WTI, abandonnait 0,56% à 69,11 dollars.

Les 22 ministres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et de leurs alliés devaient se réunir en ligne dimanche, mais la réunion ministérielle de l'Opep+ est finalement reportée au 5 décembre, sur fond de possibles divergences.

Le bitcoin lâchait 0,95% à 95'479 dollars.

afp/ol