Paris (awp/afp) - L'absence des investisseurs américains pour Thanksgiving laisse jeudi sur le devant de la scène les marchés européens. Ces derniers tentent un rebond pour essuyer une partie des pertes accumulées depuis le début de la semaine, notamment sous le poids de la crise politique française.

"C'est une journée d'introspection" qui attend les marchés européens, commente Andreas Lipkow, analyste indépendant, en raison du jour férié aux Etats-Unis pour les congés de Thanksgiving. En Europe, vers 09h40, la Bourse de Paris avançait de 0,60%, Francfort gagnait 0,62%, Londres 0,20% et Milan 0,48%. La Bourse suisse voyait quant à elle son indice phare SMI s'étoffer de 0,53% vers 10h20.

L'attention du Vieux continent se porte en particulier sur la France, enlisée dans une crise politique. Le Premier ministre français, Michel Barnier, est quasiment condamné à utiliser son premier 49.3 à l'Assemblée nationale lundi et à affronter une motion de censure en réponse dans la semaine.

Le parti d'extrême droite, le Rassemblement national (RN), continue de faire pression sur le gouvernement en menaçant de se rallier à la gauche pour faire tomber le gouvernement. Le ministre de l'Economie et des Finances en France, Antoine Armand, s'est dit disposé à faire "des concessions" sur les textes budgétaires, notamment concernant la taxe sur l'électricité, afin d'éviter la "tempête" économique et financière qu'entraînerait, selon lui, la chute du gouvernement sans budget.

"Le Premier ministre a parlé de tempête. Ce n'est pas un mot choisi au hasard, c'est un mot qui a une résonance financière, économique et budgétaire, et nous sommes évidemment prêts à des concessions pour éviter cette tempête", a-t-il déclaré sur BFMTV/RMC. Le CAC 40 souffre particulièrement des événements politiques. Déjà en juin, après la dissolution surprise de l'Assemblée nationale annoncée par le président Emmanuel Macron, l'indice vedette avait effacé tous les gains accumulés depuis le 1er janvier. En comparaison, son équivalent allemand avance de plus de 15% à ce stade de l'année.

Sur le marché obligataire, où s'échange la dette déjà émise, le taux des emprunts à échéance dix ans de la France ressortait à 2,97%, presque au même niveau que son équivalent grec (2,98%). La veille, le taux français a légèrement dépassé celui de la Grèce plusieurs fois durant la séance, une situation inédite et particulièrement symbolique, après la crise de la dette grecque de 2015.

Pour l'instant, "le casse-tête français actuel reste localisé", note Ipek Ozkardeskaya, analyste de Swissquote Bank. La situation pourrait cependant "freiner l'euro, tout comme les opinions divergentes des membres de la Banque centrale européenne (BCE) sur la rapidité avec laquelle l'institution monétaire devrait réduire ses taux d'intérêt", a-t-elle poursuivi.

Vers 09h40, la monnaie unique reculait de 0,32% face à la devise américaine, à 1,0532 dollar pour un euro. En Asie, la confirmation par des informations de presse que l'équipe du président élu américain, Donald Trump, pourrait préciser ses projets de restrictions sur l'approvisionnement en puces de la Chine dès la semaine prochaine, bien que potentiellement moins sévères qu'initialement annoncé, ont malgré tout fait trébucher les Bourses chinoises.

Hong Kong a perdu 1,20%, Shanghai 0,43% et Shenzhen 1,26%. Tokyo a quant à elle clôturé en hausse de 0,56%.

Les bancaires dans le vert

Le secteur bancaire en France a nettement reculé la veille et tente un timide rebond jeudi. A Paris, Axa avançait de 0,68%, Société Générale de 1,32%, Crédit Agricole de 0,32% et BNP Paribas de 0,54%. A Londres, Barclays gagnait 1,45%, à Milan, Banca Monte dei Paschi 1,53%, à Francfort, le titre de Commerzbank s'octroyait 1,09%. UBS s'appréciait également de 1,05%.

Pétrole en berne

Le marché du pétrole était en baisse vers 09h35: le prix du baril de Brent de la mer du Nord reculait de 0,51% à 72,46 dollars et celui de West Texas Intermediate, ou WTI, abandonnait 0,54% à 68,35 dollars.

Les 22 ministres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et de leurs alliés devaient se réunir en ligne dimanche, mais la réunion ministérielle de l'Opep+ est finalement reportée au 5 décembre. Le bitcoin lâchait 0,84% à 95'589 dollars.

afp/vj